A peine deux mois après un neuvième volet qui se déroulait entièrement dans un parc d’attraction qui permettait aux visiteurs de revivre les grands moments de l’Histoire des États-Unis en compagnie de figurants assez spéciaux, ce dixième tome revient à la formule de base de cette saga en proposant trois nouvelles histoires courtes d’une trentaine de pages chacune, qui rendent hommage au cinéma Grindhouse des années 60-70.
À l’inverse du tome précédent, qui s’articulait autour d’un parc peuplé de zombies, celui-ci part à nouveau dans tous les sens. Au menu de ce dixième volume de Doggybags : une chasse à la malchance, une quête vengeresse au sein de la mafia russe et des orphelins obligés de manger des chats dans un futur post-apocalyptique. Le lecteur a donc droit à trois histoires bien trashs: des scénarios sans concession qui mêlent violence, humour, testostérone et une bonne dose d’hémoglobine.
Le premier récit, intitulé « Unlucky », est l’œuvre du polonais Bartosz Sztybor (scénario) et du russe Ivan Shavrin (dessin). Pour leur première contribution au neuvième art franco-belge, les deux nouveaux-venus propulsent le lecteur dans un monde futuriste où une unité d’élite est chargée d’éliminer les potentiels facteurs de malchance pouvant mettre en danger les citoyens. Si je ne suis pas fan du dessin trop brouillon d’Ivan Shavrin, je n’ai pas non plus accroché à ce scénario un peu faiblard qui repose quasi entièrement sur une chute finalement assez prévisible…
Si le deuxième récit (« Phalanga »), signé Mojo et Simon « Hutt » T., se déroule à New York, on demeure tout de même dans l’ambiance des pays de l’Est car il invite à suivre la quête vengeresse d’un dénommé Phalanga au sein de la maffia russe. C’est une histoire de vengeance assez classique, délicieusement violente et pourvue de dialogues aussi percutants que le personnage principal. Si ce héros aux capacités surprenantes, qui porte des stigmates à chaque main, fait mouche, on saluera également la prestation de Hutt lors des flash-backs qui reviennent sur l’origine de la haine de cet enfant russe. Classique et efficace !
La dernière histoire (« Motor City »), signée Valérie Mangin et Thomas Routière, invite à suivre une bande d’orphelins dans une ville de Detroit totalement désertée suite à une seconde faillite. Cette histoire de vengeance, de survie et d’exploitation des plus faibles est également assez bonne, avec une belle prestation de Thomas Rouzière, qui distille une ambiance post-apocalyptique particulièrement efficace.
Pour le reste, l’ambiance est à nouveau soignée jusque dans les moindres détails, de la maquette du livre au style rétro et usé de l’ensemble, en passant par les fausses publicités, un poster détachable en fin d’ouvrage, les mini-coupons à découper ou ce vrai-faux courrier des lecteurs, qui sont insérés avec minutie dans l’album, rappelant le bon souvenir des vieux comics underground.
Un tome un peu moins bon que les précédents et un planning des sorties en fin d’album qui nous rappelle que cette excellente saga se terminera malheureusement après treize numéros…