Je le craignais depuis longtemps. C’est arrivé.
Pourtant, c’était prévisible parce que ce n’est nouveau que par la gravité des faits, pas par le principe.
A longueur de ce blog, depuis dix ans, je parle de la bombe à clous du pub Admiral Duncan à Londres en 1999, des bombes incendiaires dans un sauna gay de Budapest en 2008, des nombreux bars gays attaqués à Paris, Lille, Bordeaux, Bruxelles, etc.
Aux États Unis comme dans le reste du monde, l’histoire des LGBT se confond avec celle de leur persécution, une seule tuerie dans un bar gay en 1973, donc pas hier, avait déjà fait trente morts…
Sans parler des innombrables agressions individuelles, lâches, gratuites, de braves gens accusés d’être ce qu’ils sont.
La perspective de l’attaque de grande envergure d’un établissement gay était inéluctable. La seule chose encore incertaine était l’heure et le lieu.
Et l’incertitude demeure : ce n’est pas parce que c’est arrivé que cela n’arrivera plus. Au contraire : voilà un nouvel objectif maintenant bien dessiné dans le collimateur des fous furieux.
Ce qui frappe à Orlando, c’est le principe de l’exécution de masse. Cinquante morts d’un coup.
Mais combien de gays morts pendus en Iran, lynchés par les foules africaines, décapités au Moyen Orient, jetés du haut des immeubles en Afghanistan? Orlando n’est que le dernier avatar de cette litanie.
On peut parler aussi du million de morts estimé en Europe pendant plus de mille ans, brûlés « pour la purification de leur âme » par une église chrétienne qui déplore aujourd’hui la violence, mais sans exclure à ce jour de ses enseignements les principes discriminatoires anti-homosexuels qui contribuent à légitimer l’homophobie « culturelle ».
Devons-nous être rassurés de voir, dans tous les pays civilisés, des foules entières se rassembler en hommage à des victimes tuées à cause de leur homosexualité ?
Certes, ces hommages étaient impensables il y a encore quelques décennies. En progressant sur la voie de la reconnaissance, nous excitons la bête féroce de l’intolérance, mais c’est le prix à payer. Pour nous mener vers un monde meilleur, l’humanisme marche sur un champ de bataille jonché de cadavres.
Pour bien analyser le phénomène, il ne faut pas faire, comme les télévisions buzzophages, le gros plans sur les survivants éplorés et les familles des victimes. Bien sûr, ils existent, mais ils ne sont que la partie émergée de l’iceberg.
Il convient de replacer l’événement au sein de la longue histoire LGBT, qui est avant toute chose, celle d’une sorte d’éradication permanente, de solution finale appliquée sans fin d’année en année, de siècle en siècle.
On peut parler des déclarations du rabbin Sitruk, ex grand-machin de France, paroles moyenâgeuses prononcées il y a moins de quinze jours.
Avis également aux gays que j’entends dire :
« Il y aura pour les gays un avant et un après Orlando ».Petits prétentieux, va ! Il n’y a pas eu d’avant et d’après le nazisme, les bombes dans les bars, les agressions à répétition dans les lieux gay ?
Des sites se sont spécialisés dans le florilège des déclarations homophobes :
http://www.very-friendly.fr/Top-100-des-declarations-homophobes-le-florilege-des-politiques-francais-_a974.html
http://www.liberation.fr/societe/2012/11/29/petit-observatoire-des-declarations-homophobes_863967
http://therealscandy.free.fr/humeur/proposhomofob.htm
qui ne rassemblent qu’une fine couche de mousse à côté des homophobes américains qui, à la différence de la vieille Europe et en vertu d’un principe de liberté de parole perverti en liberté de haïr, constituent le gros des imprécations des malbaisants.
A ce sujet, tout étant plus grand en Amérique, et pas seulement les massacres, un site est spécialisé dans la dénonciations des personnalités politiques ou officielles qui se sont fait surprendre avec la main dans la culotte d’un autre après avoir bâti leur carrière avec des déclarations homophobes :
Et n’oublions pas la mère fondatrice de la haine, celle sans qui rien ne serait arrivé , la bible qui, dans le lévitique, chapitre 18, verset 22 dit pour la première fois:
« Tu ne coucheras pas avec un homme comme on couche avec une femme : ce serait une abomination ».(Christine Boutin, tu as copié!!)
La bible encore mentionnée par tous les homophobes africains et russes pour justifier leur haine et leur sadisme.
La bible dont le sens fut détourné par tous les dictateurs, de Staline à Hitler, qui adoptèrent sans reconnaître le copyright la théorie productiviste de nos « racines chrétiennes » qui voulait que la fornication étant de l’énergie détournée du travail, il convienne d’en interdire toutes les formes qui ne remboursaient pas ce gaspillage à la société sous la forme d’un petit travailleur ou d’un petit soldat. Voilà le fond de la petitesse des homophobes.
Il y a aussi les grands hypocrites, qui ont repris le principe de l’abomination quand cela pouvait contribuer à leur célébrité, et qui pour des raisons tout aussi mercantiles, viennent aujourd’hui verser leur larme de crocodile :
La manif pour tous qui ne nous promettait que le bûcher sur ses pancartes, mais pas la mitrailleuse.
A moins que ce ne soit que parce que la bible ne la connaissait pas, la mitrailleuse ?…
Les attentats de Paris ont visé la liberté d’expression, la liberté de la culture (sorties en terrasses, musique), et le monde juif. Celui d’Orlando, s’il ne vise pas les Juifs, (- qui, je le crains, ne perdent rien pour attendre -), vise essentiellement la liberté d’être, de choisir sa vie, de refuser les dogmes et le mysticisme, la liberté d’aimer l’être choisi et de profiter des plaisirs de ce bas-monde.
Pour retrouver les Juifs et les homosexuels associés dans un massacre organisé, il faut remonter au nazisme. Daesh a, de ce fait, achevé son retour aux sources de la barbarie, bouclé le cercle de l’innommable, ce qui devrait mettre ses adeptes face à leurs responsabilités s’ils n’étaient pas à ce point aveuglés.
Hélas, ils le sont toujours. L’homme accomplit toujours plus de mal au nom des mythes que de bien au nom des réalités.
Le miroitement médiatique est également partie prenante de cette escalade de l’horreur. Les pauvres gens sont à ce point réduits à des riens dans notre monde des cinq cents familles qu’ils en arrivent à préférer briller par l’horreur et l’abomination que de rester poussières dans le tapis du néant.
Ce qui est prétentieux de leur part, mais la prétention n’est-elle pas l’apanage des petits esprits ?
Il n’y a plus beaucoup d’endroits où l’on peut entrer sans subir une fouille. La liberté du plus grand nombre est entravée par l’imbécillité d’une infime minorité.
Nous n’avons pas fini d’entendre les cons sévir sur les médias, donner des leçons, interpréter des textes dénués de sens, faire des parallèles, des amalgames, étirer leur connerie dans les grandes largeurs comme un pizzaiolo étale sa pâte. Et même la faire virevolter en prenant la réprobation des gens raisonnables comme des applaudissements mal compris.
Tous ceux qui vont se joindre aux lamentations, parce qu’ils n’avaient pas envisagé la mitraillette pour manifester leur intolérance ou leur homophobie.
Tous ceux qui font profession d’homophobie, la promeuvent comme un enjeu électoral, un outil de conquête du pouvoir, et ne veulent pas se laisser déposséder d’un argument si porteur.
Tous ceux qui se sentent proches des homophobes parce qu’ils baisent mal et qu’ils voient bien que les homosexuels s’en donnent à cœur joie et profitent de leur mieux d’une vie pourtant pleine d’embûches.
Certes, le monde ne sera plus tout à fait comme avant, mais bien plus largement que les marchands de gros titres ne veulent nous le vendre.
Je pense à tous ces enfants que des parents incultes ont traîné à la manif pour tous en leur faisant porter des panneaux vouant les homos au bûcher, qui se disent aujourd’hui, pour les plus volontaires d’entre eux, qu’ils ont peut-être joué les « malgré nous » et qu’il serait temps pour eux de vivre leur vie, mais qui constatent en regardant la télé que l’avenir pour lequel ils s’apprêtent à se libérer les expose aux mitraillettes des fous de dieu ?
Cela pose aussi collatéralement le problème des armes à feu aux États Unis. Leur gros blond avait prétendu que si tous les spectateurs du Bataclan avaient été armés, il y aurait eu moins de morts. La tuerie d’Orlando a démontré la sottise de pareille affirmation. Seule l’arrivée de la police a permis de maîtriser le forcené.
Et même une législation sur les armes économisera plus de morts en général que de vies d’homosexuels en particulier. Le jour même de l’attentat, on a arrêté en Californie un autre fou furieux armé jusqu’aux dents d’explosifs et d’armes de guerre qui se rendait à la gay pride de West Hollywood… qui s’est déroulée, comme dans certains pays de l’est, sous l’œil froid d’un service d’ordre armé...
L’histoire est un éternel recommencement, à l’image de la bêtise humaine.