Court roman qui s’inspire d’un fait réel, des kanaks exhibés comme des animaux lors de l’exposition universelle de Paris en 1931. L’auteur alterne ce récit avec l’évocation d’actions menées par les kanaks en 1998 pour la reconnaissance de leurs droits. 2 jeunes hommes sont à un barrage qui empêche le vieux Gocéné de rentrer chez lui avec son ami Caroz.
Le vieux Gocéné ; kanak leur raconte son histoire ainsi que celle de son ami Badimoin, de Minoé sa fiancée. Il raconte à ces jeunes, une histoire qu’ils ne connaissent pas et que le lecteur découvre avec eux. L’utilisation de certains colonisés présentés comme des animaux sur des stands incarnant la grandeur de la puissance coloniale française de l’époque.
Arrachés à leurs terres, les voilà transformés en bêtes de foire, en sauvages dans la représentation fictive d’un village, obligés à pousser des cris de bêtes. La bêtise, le racisme primaire dont font preuve, les gardiens, incarnés par Grimault font froid dans le dos et rappelle malheureusement certaines réactions toujours d’actualité aujourd’hui. Gocéné le personnage principal et ses compatriotes sont « logés » dans de fausses huttes entre la fosse aux lions et le marigot des crocodiles, tout un symbole sur la place qu’ont leur accorde à l’époque dans la société française.
On s’attache aux personnages secondaires comme Fofana le sénégalais de la gare de l’Est ancien tirailleur, Badimoin et son courage pour aider son ami. Les critiques du colonialisme, du racisme et des préjugés sont très présentes dans le récit. La réflexion sur l’exploitation des colonies, le non respect des colonisés assimilés à des êtres inférieurs, sauvages sont évoqués notamment à travers les chansons, les paroles rapportées du personnel de l’exposition. Mais il y a aussi des français qui sont contre cette exposition comme la jeune femme qui manifeste ou Caroz. Les allusions à la 1ere guerre et à l’exclusion des anciens combattants coloniaux qui n’ont pas de reconnaissance sont mentionnés en filigrane.
L’alternance entre passé 1931 et époque plus récente 1998, cette mise en parallèle qui montrent que l’identité Kanak n’est pas forcément respectée par la France contemporaine est intéressante. Ce parallèle installe une tension à la fois pour savoir comment Gocéné et ses amis sont s’en sortis et aussi savoir ce qui va arriver aux 2 jeunes Kanaks qui tiennent le barrage face aux gendarmes. Cela attise la curiosité du lecteur. Les dialogues vifs, les précisions historiques (chants, description de l’expo, lieux, évènements) donnent une véracité et une force au récit. C’est un vibrant réquisitoire contre la colonisation, un appel à la mémoire et à la tolérance et à la fraternité qui est salutaire.
Un livre pour découvrir cette page peu glorieuse de notre histoire mais aussi une belle histoire d’amitié, de tolérance. Donc partez à la découverte de cette histoire vous en sortirez grandit.