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L'Arlay-sien existe : nous l'avons rencontré !

Par Eric Bernardin

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L'histoire démarre l'année dernière : des amis m'amènent à une dégustation des vins du Château d'Arlay qui est  organisée chaque année à ... 10 km de chez moi. Je suis aussi enthousiasmé par les vins que par le vigneron. Et j'en fais un compte-rendu que j'envoie à Alain de Laguiche, tout en lui proposant d'organiser l'année prochaine une soirée commune. J'ai rapidement un retour : il serait enchanté d'y participer.

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Une année passe. Le samedi matin, nous passons à la dégustation où nous découvrons les nouveaux millésimes (dont un superbe vin jaune 2008 et un délicieux Chardonnay à la Reine 2013). Et nous nous donnons rendez-vous pour le soir chez l'ami Olivier.

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Fidèle à nos habitudes nous démarrons sur des gougères made by Patrick et du jambon fumé alsacien amené par Stéphane. Pour les accompagner, un Crémant du Jura BBF de Stéphane Tissot : la robe est bien dorée, parsemée de très fines bulles nerveuses. Le nez est d'abord réduit, puis s'ouvre sur des notes de brioche, de pomme chaude et de noisette grillée. La bouche est dense, puissante, impétueuse, avec des bulles vives apportant de la tonicité. Il se conclut sur une mâche crayeuse, bien sèche, qui ravira les amateurs de "Brut nature", probablement moins l'amateur lambda.

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L'entrée est préparée à quatre mains par Olivier et Stéphane : elle est composée d'asperges vertes, de ris d'agneau, d'amande et de parmesan. Nous buvons avec celle-ci un  vin amené par Alain de Laguiche : un Côtes du Jura Tradition 1999 du château d'Arlay. Sa robe est d'un or prononcé. Le nez est fin mais expressif, sur les fruits à coque, les épices et la croûte de comté.  La bouche est ample,  aérienne, avec une matière au toucher délicat mais à l'aromatique intense. L'ensemble est bien tendu par une fine et discrète acidité. La finale réussit à être d'une grande intensité sans jamais donner dans la puissance démonstrative. Une main de fer dans un gant de soie. Il est déjà très bon aujourd'hui, mais sera encore meilleur dans une dizaine d'années, je pense. L'accord avec plat est impeccable.

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Puis nous poursuivons avec un vol au vent contenant : du blanc de poulet, du ris de veau, des champignons de paris, des panais et des morilles (et de la crème, évidemment). J'ai préparé le contenu mais pas le contenant. Mon boulanger le fait tellement mieux. J'ai apporté le vin qui se mariait avec : un Meursault Les Chevalières 1981 "Cuvée du grand Paquebot" de Jaboulet-Verchères. Sa robe est orange intense, aux reflets cuivrés. Le nez est très marqué par le pralin, souligné par des notes de mousseron et de miel. Si la bouche est aussi ample et fine que le vin précédent, l'acidité est ici plus marquée - sans qu'elle soit agressive - servant de colonne vertébrale au vin. La finale assez persistante est dominée par les fruits secs, se prolongeant sur des notes épicées. Comme le dit Alain, il est temps de le boire.

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Puis Alain amène un bouteille sans étiquette ni capsule : la robe est d'un pourpre assez intense. Le nez est frais, pimpant, sur des notes de cerise bigarreau, de noyau et d'épices. La bouche est ronde, veloutée, avec un côté juteux/pulpeux très sympa, très marqué par la cerise. La finale est finement mâchue, toujours fruitée/épicée, d'une gourmandise assez irrésistible. Je pars sur un Pinot, Patrick sur un Trousseau. C'est en fait  un assemblage 75% Trousseau 25 % Pinot noir de 2014 (issu des jeunes vignes) qui devrait être prochainement commercialisé.

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Puis arrive un Trousseau 2005 : la robe est plus claire, légèrement évoluée. Le nez est fin, sur les petits fruits rouges compotés, avec une touche de cuir et d'épices. La bouche est fine, élancée, avec une belle tension et une matière qui réussit à être fluide et intense tout à la fois, comme savent le faire si bien les grands rouges bourguignons. La finale persiste longuement sans jamais se durcir. J'aimerais le regoûter dans 15-20 ans.

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Suivi d'un Pinot noir 2003 : la robe est encore bien rouge sombre, peu évoluée. Le nez est riche, sur la cerise noire et la compote de questsche. La bouche est puissante pour un Pinot noir, avec des tannins marqués pas totalement fondus. L'alcool a tendance à pointer son nez. La finale est assez astringente, sans charme. Bref, l'effet millésime solaire est marqué.

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Un dernier "rouge" : une Réserve 1987 (assemblage de 1982,1983 et 1985 des différents cépages rouges) : la robe est tuilée/cuivrée. Le nez est d'abord réduit avant de dévoiler une palette aromatique complexe : framboise confite, cerise à l'eau de vie, tabac gris, sous-bois, musc... Un vrai parfum ! La bouche se révèle fraîche, droite et harmonieuse, avec une matière veloutée, étonnamment dense, laissant une impression de belle maturité. La finale très aromatique est d'une grande gourmandise. On ne s'en lasse pas. Cette bouteille a tout du vin "idéalement à point" , délivrant un message complexe et assez jubilatoire, alors que sa couleur pouvait faire croire qu'il était hors-course.

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Le Comté a été amené par Alain. Ce n'est pas"hors d'âge", car on n'en trouve pas si facilement que ça dans le Jura. Les locaux l'apprécient plutôt jeune.  Evidemment, pour l'accompagner, un vin jaune !

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Vin jaune 1986, Château d'Arlay : la robe est d'un jaune des plus intenses.  Le nez est puissant et délicat à la fois, sur des classiques notes de curry, de morille, de comté et d'amande grillée. La bouche est à l'inverse de nombreux vins jaunes : ronde, douce, harmonieuse, avec un toucher délicat, tout en ayant une grande puissance aromatique. Celle-si ce prolonge sans à-coup très longuement en finale. Un rêve éveillé.

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Nous terminons le repas avec une tarte tatin aux pommes, yuzu, kumquat confit et coing, accompagnée d'une glace à la fève Tonka et mandarine et d'un crumble sarrasin/noisette (tout fait maisin par votre serviteur... sauf la pâte feuilletée). Pour l'accompagner un liquoreux amené par Stéphane : un Montlouis Cuvée du Loup 2003 de Jacky Blot. Sa robe est dorée, avec des larmes assez épaisses sur les rebords du verre. Le nez est assez intense sur des notes d'agrumes confits, de miel et de coing. La bouche est fraîche, tendue par une acidité traçante, avec une matière riche, séveuse, mais manquant de complexité aromatique et de profondeur (c'est vrai que l'on est sur du raisin passerillé et non du botrytisé) Au bout de 13 ans, on peut se demander si elle viendra un jour.

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Pour conclure, deux vins de méditation : d'abord un Vin de Paille 1991 : la robe est entre l'or rose et le cuivre. Le nez est frais et foisonnant, sur le raisin de corinthe, la rafle, avec des notes balsamiques et résineuses. La bouche est d'une fraîcheur époustouflante, avec  une acidité très mosellane, tranchante comme un sabre laser qui étire longuement le vin au-delà même de la finale. La matière est riche, mais très digeste, alliant gourmandise et complexité. Un pur bonheur !

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Et puis un Macvin de Pinot noir (d'une dizaine d'années, de mémoire) : la robe fait Bourgogne rouge évolué. Le nez est marqué par les notes de marc et  les herbes médicinales (Chartreuse), avec une touche de noyau kisrché. La bouche est fraîche, cristalline, d'une grande buvabilité. L'alcool est à peine perceptible. Par contre, le Pinot noir est aux abonnés absent, alors qu'il était bien marqué dans le jeune Macvin bu le matin-même. 

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Les échanges ont été riches et passionnants : on a évidemment parlé beaucoup de vin, mais pas que. On a même osé parler politique qui est le sujet casse-g... par excellence, et ça s'est très bien passé. Par contre, et c'est bien reposant en ce moment, on a très peu évoqué le foot ;-)

L'année prochaine, c'est promis : nous fournirons l'essentiel des vins, autour du thème du Chenin (on est bien équipé en la matière). Nous avons hâte !....

Merci à Alain pour cette soirée hors du commun !



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