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Imaginaire et sexualité de la femme

Publié le 11 juin 2016 par Podcastjournal @Podcast_Journal
Rédacteurs et stagiaires: cliquez sur cette barre pour vous connecter en back-office de la rédaction! Du point de vue physiologique, femmes et hommes ne sont pas très différents. Les organes génitaux ne sont certes pas les mêmes, mais les comportements sexuels sont très voisins à bien des égards, sous la dépendance d’un circuit complexe commun mettant en jeu le système nerveux (cerveau, moelle épinière et nerfs), des artères, des veines et différents tissus.
Le cerveau a une place prépondérante dans la vie sexuelle: il en est un peu "l'interrupteur central". Il est le siège des connaissances, des pensées, des croyances et des émotions, qui sont toutes en interaction permanente et influencent les comportements.

Malgré l’évolution de notre société qui met à la portée de tous un grand nombre de savoirs, la sexualité est toujours un parent pauvre: très peu d’éducation à la sexualité dans le cursus scolaire et même universitaire, et pas de dialogue en famille ou avec les pairs, ceci contrastant avec une déferlante d’images sexuelles. Cela amène à des croyances souvent erronées.
C’est vrai pour les hommes mais particulièrement pour les femmes qui, ne savent pas ce qui est "normal" de ressentir ou de vivre. Cela a des répercussions importantes: s’efforcer de faire des choses considérées comme "normes" alors qu’elles n’en n’ont pas envie, confondre désir sexuel et excitation, ne pas avoir un orgasme vaginal et s’en trouver dévalorisée, chercher à être "un meilleur coup"...
La jeune fille n’a pas d’autre choix que de partir à la découverte, par elle-même, de ses zones érogènes et des caresses qui l’amèneront au plaisir paroxystique, d’acquérir et d’exercer les habiletés qui, plus tard, lui permettront de s’épanouir dans sa vie sexuelle. Si, par manque de curiosité ou par blocage liés aux interdits éducatifs, ces expérimentations ne peuvent avoir lieu, c’est toute sa sexualité future qui risque d’en être compromise.

A côté de cette absence de connaissance, il y a souvent, chez la femme, le poids des croyances. Ainsi, il existe une association étroite entre sexe et péché et les "pensées impures" n’ont pas manqué, à une époque pas si lointaine, de susciter crainte et méfiance. Les croyances religieuses brident le comportement sexuel.
Les sentiments sont sensés conduire, à eux seuls, à l’épanouissement sexuel, le désir devrait être déclenché à la moindre caresse, il devrait venir tout seul en miroir du désir de l’autre.
Pour certains, le sexe étant naturel, on ne change jamais, on évolue jamais. Alors que, de nos jours, les représentations érotiques s’affichent ouvertement et parfois même agressivement dans tous les supports médiatiques, et que les thèmes en rapport avec les problèmes sexuels sont débattus librement et abondamment sur la place publique, il n'y a, paradoxalement, jamais eu autant de doutes et d’angoisses concernant le fonctionnement sexuel. Tout ceci aboutit à des comportements sexuels stéréotypés et figés dans le temps, peu propices à l’épanouissement.
A l’origine de nombreuses difficultés sexuelles, chez la femme, il y a ses pensées: faire l’amour en pensant à autre chose, ne penser qu’au partenaire et pas à son propre plaisir, s’efforcer de ne "penser à rien"...

Alors que l’homme déploie toute son énergie dans la séduction, et tire sa fierté d’une activité sexuelle riche qui valorise sa virilité, la femme, malgré son désir manifeste d’affranchissement, adopte une attitude plus retenue et continue de se méfier du sexe. Ceci est très ancien, la sexualité de la femme ayant toujours été beaucoup plus taboue et honteuse que celle de l’homme. Par ailleurs, dans la société contemporaine, tout ce qui a trait au "sexy" est fait à destination des hommes et stimule leur imaginaire, alors qu'il y a très peu de choses pour les femmes qui, souvent, ne cherchent pas à trouver une stimulation en dehors de leur partenaire.

L’imaginaire joue un rôle central, et c’est sans doute là, que les deux sexes sont très différents. Les hommes ont souvent beaucoup plus de fantasmes que les femmes qui ont du mal à les évoquer dans leur vie sexuelle alors que leur influence positive est majeure. Elles utilisent beaucoup moins leurs pensées pour ressentir une excitation sexuelle et finalement semblent moins "cérébrales" que les hommes!
Le propos d’un fantasme est de faire surmonter toutes les barrières qui font obstacle à la satisfaction sexuelle. Les mentalisations érotiques contribuent à rompre avec le quotidien, à partir à l’aventure pour faire de nouvelles découvertes. Elles peuvent servir à introduire de la variété dans les mises en scène sexuelles ou à compenser, le cas échéant, les inhibitions personnelles, de même que les manques ou les silences d’un partenaire insuffisant.
Sans tomber dans le travers qui consisterait à affirmer que la présence de fantasmes est le gage d’un bon équilibre général, force est de constater qu’une vie épanouie est le plus souvent assortie d’une activité sexuelle et d’un imaginaire riches. D'ailleurs, de l’acceptation et de l’attitude positive à l’égard de l’activité fantasmatique dépendent, en cas de troubles du désir, le succès du traitement.
Chez la femme, le plaisir sexuel n’est pas un acquis. Il s’apprend et se construit progressivement. L’excitation sexuelle est moins bien perçue que chez l’homme, même si les repères physiologiques existent. Le désir est plus diffus, parfois mal identifié parce que souvent confondu avec le sentiment amoureux. Généralement plus sensible aux conventions, aux marques de tendresse et aux contextes romantiques dans l’expression de son érotisme, la femme requiert davantage de conditions favorables pour son épanouissement sexuel.
"Sans désir, il n’y a pas de vie"... Par ignorance, par gêne, par résignation ou tout simplement par facilité, la femme renonce encore trop souvent à communiquer ses propres désirs. Le désarroi qu'entraînent des frustrations répétées, perturbe non seulement l’équilibre personnel, mais complique également la vie relationnelle.

Une sexualité épanouie n’est pas seulement pourvoyeuse de plaisir sensuel, elle est aussi le moyen de se rassurer, d’affirmer son identité, de favoriser une bonne intégration sociale et de goûter aux joies d’une intimité totale avec l’être aimé.
Le désir sexuel est le résultat d’une intégration progressive et réussie de différents facteurs, biologiques, psychologiques, cognitifs, culturels, relationnels... Fragile et labile, il est sujet à variation au cours de la vie, et son absence ou son déclin peuvent représenter une souffrance à laquelle le sexologue se doit de proposer une réponse adaptée.

Dr Carol Burte
Sexologue
Cannes
* wim.mc
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