25 février 1985.
Je suis dans les meilleurs moments de mon adolescence. John Hughes saisit bien l'adolescence de l'époque. Il l'a comprend. Il a alors 35 ans. Il écrit les grandes lignes de ce qui serait son prochain film. Il tentera de le vendre dès le lendemain à Ned Tanen, chef de Paramount Pictures.
Hughes a alors scénarisé 11 films en 6 ans. Trois des 5 derniers, il les as aussi réalisés (Sixteen Candles, The Breakfast Club, Weird Science). Le tout dernier, Pretty In Pink, réalisé par Howard Deutch, se tourne en parallèle et générera plus de 31 millions de profits sur ses coûts originaux. Le pitch de Hughes à Tanen l'intrigue. Il lui donne le feu vert, mais une menace de grève des scénaristes les place dans une position inconfortable.
Pas pour John Hughes. Il a cette capacité de concentration qui peut le faire travailler sans arrêt pendant des heures. Il complète son scénario en moins d'une semaine. Il procède toujours de la même manière. Il a l'idée du début et celle de la fin. Mais entre les deux: rien. Il s'en moque. Il trouvera. Il veut d'abord et avant tout créer des personnages aussi vrais que nature. Et tant qu'il les as en mémoire, il saura les faire parler et les placer dans des situation cocasses ou intéressantes. Il place l'action toute la même journée afin de donner plus de latitude à son monteur et fera briser le quatrième mur à son personnage principal afin de le faire contrôler à peu près tout.
Hughes écrit Ferris Bueller en ayant Matthew Broderick en tête. Il l'a vu dans la pièce de théâtre Biloxi Blues et il trouve qu'il a le charme d'un James Stewart de 15 ans. Broderick en a 23 en réalité, mais il parait extrêmement jeune. Les producteurs du studio préfèreraient Tom Cruise ou Micheal J.Fox. On pense même à un inconnu Jim Carrey et à John Cusak avec lequel Hughes a tourné dans son premier film comme réalisateur. Mais Hughes tient à son homme et pour se faire, il sera lui aussi producteur de son film. Se gardant alors le dernier mot.
Mia Sara a 18 ans et est d'un charme fou. Elle est choisie en audition après que Hughes eût trouvé que le rôle était trop petit pour Molly Ringwald avec laquelle il vient d'obtenir un grand succès. Alan Ruck avait auditionné pour le rôle qui a échu à Judd Nelson dans Breakfast Club, et a aussi joué aux côtés de Broderick dans Biloxi Blues sur scène, ce qui a créé une chimie naturelle puisque déjà existante entre les deux comédiens. Ruck est inquiet car il doit jouer 17 ans et il en a 29. Emilio Estevez refuse le rôle et c'est là que Hughes fait appel à Ruck. Sans audition. Jeffrey Jones est engagé après que Hughes l'ai aperçu dans Amadeus. Le personnage de Jones est l'un des deux qui ne mord pas aux pièges de Ferris (L'autre étant sa soeur). Il est en constante opposition face au jeune homme et plusieurs des scènes avec sa secrétaire ont été improvisées sur la plateau.
C'est Jennifer Grey elle-même (alors avec son vrai nez) qui propose son ami Charlie Sheen pour l'une des scènes de la fin. Une chimie parfaite.
Lyman Ward et Cindy Pickett, incarnant respectivement le père et la mère de Ferris, tombent l'un pour l'autre et deviendront mari et femmes dans la vraie vie.
Ben Stein n'est pas comédien. Mais il est républicain. Comme John Hughes. Richard Nixon lui-même présente Stein à un chroniqueur culturel du New York Times qui lui, présente Stein à un directeur de casting de la Warner Brothers. Ce dernier parle politique avec Hughes et Stein et les deux derniers se découvrent fervent républicains tous les deux. Hughes est charmé par la voix morne, et naturelle, de Stein et l'engage sur le champs pour le rôle du professeur. Son texte a été tout simplement improvisé. On demande a Stein de parler de quelque chose qu'il connait bien, hors caméra, afin de pratiquer la scène, Mais les élèves rient tant au ton de sa voix que Hughes lui demande de refaire la scène comme telle à l'image. Les artisans sur le plateau applaudissent à la fin de la scène, tordus de rire. Stein croyait qu'ils applaudissaient parce qu'ils avaient appris quelque chose sur l'économie de l'offre, discours qu'il tenait sur son ton monocorde, mais ils applaudissaient plutôt parce qu'ils le trouvaient affreusement ennuyant. C'était le plus beau jour de sa vie.
Hughes filme Chicago car il prétend que la ville, c'est lui, autant que New York est à Woody Allen. Il veut signer une lettre d'amour à la ville de son coeur. Il filme dans le centre-ville de Chicago et à Winnetka. Il filmera aussi à Northbrook, au Glenbrook North High School, à Highland Park, Glencoe, Lake Forest et Long Beach en Californie. The Art Institute était un endroit de refuge pour Hughes, adolescent. Il inclut une très jolie scène sur un air de The Smiths joué par The Dream Academy, et où Mia Sara y est tout simplement délicieuse. Je suis alors très amoureux.
La Ferrari 1961 est aussi un élément important de l'histoire. Trois copies en seront faites pour le tournage. Gordie Howe accepte d'envoyer un de ses gilets quand Hughes le convainc qu'il est un fan fini du joueur.
La scène de la parade a été tournée sur deux samedis différents. L'un de ses deux samedis passait une vraie parade et l'équipe de Hughes s'est tout simplement introduite dedans et autour en imposteur. Deux chorégraphies avaient été soigneusement pratiquées avec Kenny Ortega (bientôt un star avec ses chorégraphies pour Dirty Dancing) mais pour la chanson des Beatles, Hughes exigent que les gens dansent comme ils le souhaitent, pour que ce soit tout simplement la fête libre à l'image.
La scène du Wrigley Field est tournée le 5 juin dans un match entre les Cubs et les Braves, puis le 24 septembre suivant, dans un match entre les Cubs et les Expos de Montréal qui ont sensiblement les mêmes couleurs que les Braves. Hughes voulait à l'origine filmer les White Sox au Comiskey Park, mais des contraintes de temps et de budget le font changer de lieu.
Le 1er octobre 2011, le Wrigley Field projette en plein air le film sur écran géant pour souligner les 25ème anniversaire du film.
Une scène coupée laisse des traces dans le film. Alors que Ferris résume la journée à son déprimé camarade, il mentionne qu'ils ont mangé du pancréas, ce qui n'est jamais montré à l'image. Une scène d'une minute dix montrant le serveur leur décrivant le plat qu'ils viennent de manger (du pancréas), ce qui suscite leur dégoût a été laissée dans la voute des scènes non retenues.
Le film fera 12 fois son budget en profit et sera un film culte pour ma génération.
Je passerai une partie de mon adolescence à tenter de trouver Mia Sara et la trouverai dans le visage d'une splendide Claudia quelques instants magiques de 1988.
Le film fête ses 30 ans, aujourd'hui.