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Max | Con toujours

Publié le 10 juin 2016 par Aragon

ps.jpg88.jpgJ'ai fait tantôt un post sur Ali et je me demandais si j'allais mettre au grand jour un papier que j'ai sur le feu de ma cervelle depuis le début de l'ouverture de mon blogue.

Un papier se rapportant à la classe hors catégorie des cons. J'ai hésité quand je découvre, très naïvement, il y a peu, que des crimes peuvent être prescrits au bout de trente ans même pour les plus odieux, en raison d'un "droit à l'oubli" pour les auteurs de ces crimes s'ils n'ont pas été arrêtés ou poursuivis "avant".

Mais ça me fait du bien de la raconter, je vais le faire. Mon histoire n'est pas criminelle, c'est la simple histoire d'un con, d'un gros con, d'un vrai con, d'un con de haute lignée. Il ne peut pas être poursuivi puisqu'il y a prescription, même pour les cons, il n'a tué personne (pas à ma connaissance), mais il a pourri la vie de dizaines et dizaines d'enfants. De nos jours, il aurait eu des ennuis énormes avec la justice et le rectorat s'il avait procédé comme il le fît, de sacrés ennuis.

Mais à "notre" époque la société était accommodante avec les cons, avec les détenteurs d'autorité, avec les cons détenteurs d'autorité qui pouvaient faire ou presque ce que bon leur semblait dans l'exercice de leurs fonctions.

Ce con-là était pion au lycée d'Orthez. Pion avant 68 ça pouvait être un métier, tu pouvais passer une vie de pion, une vie de con. Ce con-là à la différence d'autres pions, peu nombreux certes, mais il y en avait qui étaient "bien", ce mec-là, ce con-là donc, était aussi un con brutal. Le roi de la beigne, de la castagne et de la torgnole. Regard impitoyable du 1er janvier au 31 décembre, pas un zeste d'humanité sous ses cheveux. Rien, le degré absolu et glacial de la connerie méchante. Il traversait la cour de récré inlassablement à la recherche de la victime qui pourrait tomber sous sa grosse patte pour un oui, pour un non, surtout si t'étais "fils de rien" et si t'étais petit, sixième, cinquième de préférence. Un prédateur sans humanité, spécialisé dans la distribution de beignes et de baffes, d'arrachage des petits cheveux hyper sensibles des "rouflaquettes", de décollage d'oreilles. Impunément, il sévissait. Pour une bille échappée malencontreusement d'une poche en salle d'étude, pour une odeur de tabac détectée quand il te faisait "souffler" après t'avoir sauté dessus, bondissant de son affût, planqué, près de la porte des WC. Pour tout, pour rien. Il laissait rien passer. Il aurait fait un sacré flic ou para dans ces années soixante.

Cinquante ans après "les faits" j'ai discuté avec d'anciens élèves, anciennes victimes comme moi, sans jamais les diriger ou les influencer, quand le sujet était abordé, la rage et la haine étaient intactes chez eux aussi. Je n'ai pas rêvé les volées par lui reçues. Je n'ai pas rêvé le regard effrayant que ce con-là pouvait porter sur les élèves. Ses souffres-douleurs. Tout cela a été bien réel. Vécu. En écrivant ces lignes il me donne envie de recommencer à fumer tant il est encore générateur de stress pour moi. Il me coûte une fortune en psychanalyse.

Un jour il n'a plus été pion, il a fait un riche mariage, il a été un riche président de club sportif, il a "gagné" avec son équipe des titres, plein de titres, des paquets de titres de champion, il a une grande et belle page sur Wiki. Je le regardais de temps à autre, au JT, dans l'actu, je le voyais même passer dans sa grosse Mercedes, il a eu la Légion d'honneur et sa suite, il vit, il vit toujours, honoré, respecté. Une salle de sport porte son nom à Orthez, chaque fois que je passe devant, je pense à mon psy, je m'accroche .

J'ai soixante-cinq ans. Il vit toujours dans ma mémoire. Con toujours. Pute borgne, comme dirait l'ami DEB, t'es con Max, passe à autre chose. J'espère que je ne penserai pas à son regard méchant, cruel, sans humanité, perfide, à mon jour dernier.

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