Disons tout de suite que j’ai lu ce livre en pensant à l’étrange mimique de la personne qui me l’a prêté, me sachant friande de polars. Maintenant que je viens d’en tourner la dernière page, je comprends pourquoi.
En fait, il s’agit du premier opus d’une série, mais n’est pas Pierre Lemaître – avec les enquêtes de Camille Verhoeven – qui veut. Et comme la fin de ce premier opus ne me convient pas, je n’irai pas plus loin.
C’est cependant ce que l’on appelle un « page turner » tout à fait lisible, assez bien écrit par ses deux auteurs, mais c’est long, long, même avec de multiples rebondissements. L’histoire absolument invraisemblable d’une série d’enlèvements et de séquestrations, suivis de manipulations psychologiques dignes des pires systèmes totalitaires. Une variation sur la bestialité humaine, les méthodes de déshumanisation, d’avilissement, la cruauté à très grande échelle, le chantage affectif et l’emprise sur des hommes jeunes et amoureux.
Une histoire pleine de clichés aussi : celui du flic solitaire – Rufus Beaudenuit, 51 ans, 1,90m, cheveux poivre et sel - atteint d’un récent chagrin d’amour, en bisbille avec sa hiérarchie, légèrement borderline. Et celui de son amoureuse – 40 ans – qui ne supporte plus ses horaires de flic… Il est assisté d’une jeune coéquipière, bien entendu ... Mais le véritable héros, c’est l’une des victimes : Andréas Darblay. Il a été enlevé en même temps que sa fille Clara, dix ans. Chacun va vivre sa captivité de façon autonome, et faire preuve d’un degré de résilience fantastique.
L’idée est de savoir combien de temps met un homme sous emprise psychologique pour échapper à son tortionnaire et abandonner à son sort la personne qu’il aime et a été enlevée en même temps que lui … Pervers et cruel : Kurtz, l’adversaire cinglé de l’inspecteur Beaudenuit est particulièrement coriace.
Cependant, je trouve le scénario peu crédible. Trop alambiqué, très éloigné des réalités criminelles, même de celles qui ont défrayé la chronique ces dernières années comme les abominations de Marc Dutroux ou Pierre Bodein. Un bon point toutefois : la première scène de sexe ne survient qu’à la page 225 !
Ainsi, je ne connaitrai jamais la fin des aventures du flic mal embouché … et je rendrai le polar à sa propriétaire.
Prédation, les voies de l’ombre, thriller de Jérôme Camut et Nathalie Hug, au Livre de poche, 553 p., 7,90€