Lire, modifier ou supprimer le contenu de votre téléphone? Voilà le genre de droits d’accès demandés par la nouvelle application du ministère de l’Intérieur de France qui n’ont rien à voir avec sa vocation.
Si plusieurs Français voyaient déjà d’un bien mauvais œil l’idée d’installer une application offerte par leur gouvernement (potentiellement perçue comme un outil de surveillance de masse), celui-ci n’a rien fait pour aider à apaiser leurs soupçons.
En effet, comme le souligne le blogue Next INpact, SAIP sur Android et iOS exige divers droits d’accès au matériel de l’utilisateur, dont notamment la possibilité de «lire le contenu de la mémoire de stockage USB» et d’en «modifier ou supprimer le contenu», et ce, tant pour n’importe quel type de fichier s’y trouvant.
Rappelons que la vocation de l’application est de transmettre des alertes selon les préférences de l’utilisateur (par géolocalisation ou par lieux d’intérêts), et qu’en aucun cas il n’a été question de faire une quelconque gestion de fichiers. Si SAIP avait permis aux citoyens de transmettre des photos ou des vidéos venant appuyer leurs propres soupçons qu’un événement exceptionnel était sur le point de se produire, ces demandes d’accès auraient été partiellement justifiées (sauf pour la modification ou la suppression de contenu), mais ce n’est tout simplement pas le cas.
«Ces autorisations ne sont pas nécessaires et la mise à jour sur les stores d’une version corrigeant notamment cette anomalie est faite pour Android et en cours pour iOS.»
Interrogé sur le sujet, le ministère de l’Intérieur a reconnu qu’il s’agissait d’une anomalie : «Ces autorisations ne sont pas nécessaires et la mise à jour sur les stores d’une version corrigeant notamment cette anomalie est faite pour Android et en cours pour iOS.»
Accident de parcours ou réelle intention démasquée? Difficile d’imaginer que le gouvernement français ait pu croire pendant une seconde que de telles demandes de droits d’accès auraient simplement été ignorées par leurs détracteurs.
Quoi qu’il en soit, les services de renseignement français ont déjà toute la marge de manœuvre nécessaire pour cueillir et analyser les données qui transigent sur Internet, depuis la mise en place de «boîtes noires» auprès de l’ensemble des FAI de son territoire, mesure de la controversée loi relative au renseignement qui a été promulguée le 24 juillet 2015.