Vicky // De Denis Imbert. Avec Victoria Bedos, Chantal Lauby et François Berléand.
Vicky partait d’une bonne volonté. Tant dans l’idée que dans la forme. C’était parfois un peu enchanteur et puis à d’autres moments assez tendre et gentillet comme il faut, sauf que toute cette bienveillance laisse Vicky plonger dans un marasme ennuyeux, souffrant du syndrome téléfilm au cinéma. Denis Imbert signe ici son premier film après avoir réalisé des épisodes de Platane. Il signe aussi son premier scénario après avoir été assistant réalisateur sur des films discutables comme Il reste du jambon ? ou Seuls Two. Il y a de la folie dans ce film sauf qu’elle se retrouve assommée par tout un tas de moments douteux où le film surnage en quête d’une conclusion qui ne veut jamais venir. Ca traine alors en longueur, ça tourne en rond et cela fini donc par décevoir le spectateur complètement. Au milieu de ce film dispensable, Victoria Bedos (Cinéman) pas plus inspirée que ça non plus et qui, sans être totalement mauvaise, n’inspire pas grand chose. Celle qui avait co-signé le scénario de La Famille Bélier, aurait très bien pu donner du coeur à Vicky, quelque de chose de touchant mais rien ne l’est vraiment, Vicky ne transperçant jamais le coeur du spectateur. Et c’est une immense erreur, car je suis persuadé qu’il y avait largement de quoi faire avec un sujet comme celui-ci, notamment car Victoria Bedos pouvait presque parler de sa relation avec son père.
A presque 30 ans, Victoire la petite dernière de la célèbre famille Bonhomme, l'éternelle enfant sage de la tribu, décide enfin de s'émanciper en découvrant l'alcool, le sexe, et... sa voix. Grâce à Banjo, un chanteur de bar et d'Elvis, elle va réussir à prendre son envol en chantant l'amour avec pudeur et le sexe sans tabou, et entraîne sa mère avec elle au grand dam de son père et de son frère.
On sent alors passer certains moments de ce cinéma français qui se regarde un peu dans le miroir sans jamais se poser trop de questions. C’est dommage car le casting secondaire était réussi, que cela soit Chantal Lauby qui s’est transformée au fil des années et qui est passée d’une femme à sketch à une mère tendre. François Berléand de son côté est succulent en père accro à sa famille qui ne veut pas la laisser partir. Les deux parviennent à apporter un peu de lumière dans un film particulièrement terne dont l’histoire pourrait très bien être celle d’un épisode de Joséphine Ange Gardien. Du coup, on se retrouve avec une comédie familiale assez superficielle dans son ensemble, qui ne creuse jamais les relations. La relation entre Victoire et ses parents par exemple manque cruellement d’ampleur. On a l’impression que ses parents sont là sans vraiment être important alors qu’au contraire, je pense que ce sont des personnages essentiels dans cette fable pour l’émancipation de ses propres parents, de la génération Tanguy etc. Mais les personnages sont fades, comme l’héroïne. Elle a des rêves de jeune fille qui s’expriment par des séquences parfois un peu dispensables qui s’empilent les unes que les autres.
Denis Imbert n’a pas l’étoffe d’un grand réalisateur. Il a encore des tas de choses à apprendre et il ne s’inspire pas forcément de ce qui se fait de mieux en termes de fiction en France. Durant de longs moments il se contente de filmer ce qu’il a sous la main, sans chercher à apporter une quelconque lumière ici et là. C’est donc un film assez fade, souvent ternis de sales idées. Malgré quelques grains de folies (notamment la scène de l’orgasme qui est à la fois drôle et métaphorique - si elle a réellement été construite dans ce sens là bien entendu -), Vicky ne surprend jamais son spectateur, tombant plus ou moins dans la comédie familiale et musicale formatée. Même l’apparition de Benjamin Biolay, coup de grâce du film, démontre à quel point rien ne fonctionne dans ce fourbi qui, sans être monstrueux, manque cruellement d’intérêt.
Note : 2/10. En bref, une comédie familiale et musicale dispensable qui s’acharne à tenter des choses sans jamais donner un sens à son ensemble. Dommage.