Le château du Haut-Kœnigsbourg est un ancien château fort du XIIe siècle, profondément remanié au XVe siècle et qui fut sous Guillaume II un symbole impérial allemand. Il se dresse sur la commune d'Orschwiller. Le nom actuel du château, Haut-Kœnigsbourg, est le résultat de l'adaptation du nom allemand Hochkönigsburg qui se traduit par « haut-château du roi ». Le château est situé à une altitude de 757 m.
En 1079, Frédéric Ier de Souabe (Frédéric l'Ancien) est nommé duc de Souabe par l'Empereur du Saint-Empire romain germanique Henri IV. Il fait construire un château sur le mont Hohenstaufen, d'où le nom de la famille.
Afin de renforcer le pouvoir des Hohenstaufen en Alsace, Frédéric le Borgne crée une ligne de défense et fait construire de nombreux châteaux et certains d'entre eux sur des terres qui ne lui appartiennent pas. C'est a priori le cas du Haut-Kœnigsbourg, érigé sur les terres confiées autrefois par Charlemagne aux moines de l'abbaye de Lièpvre.
En 1147, Eudes de Deuil, moine de Saint-Denis presse Louis VII d'intervenir auprès du roi Conrad III de Hohenstaufen afin de réparer cette injustice. C'est la première mention du château dans un document écrit. À cette date, le site comporte déjà deux tours permettant de surveiller la route d'Alsace du nord au sud. Le nom de Königsburg (château du roi) apparaît dès 1157.
Dans la première moitié du XIIIe siècle, profitant de l'affaiblissement des Hohenstaufen, les ducs de Lorraine auraient pris possession du château. Celui-ci est ensuite confié aux sires de Rathsamhausen puis aux Hohenstein qui y règnent jusqu'au XVe siècle.
Devenu un repaire de chevaliers brigands, le château est conquis et incendié en 1462 par une coalition regroupant les villes de Colmar, Strasbourg et Bâle.
Les restes du Haut-Kœnigsbourg sont alors confiés à la famille Thierstein. Ils font bâtir, sur le côté ouest, un bastion formé de deux tours d'artillerie et d'un mur-bouclier, dotés de murs puissants. La basse cour est protégée par deux tours en fer à cheval et des courtines avec des murs épais. Le château est entouré d'un premier mur de protection afin de gêner la mise en batterie de l'artillerie ennemie.
En 1517, le dernier des Thierstein, croulant sous les dettes, s'éteint. La famille n'ayant pas de descendance, Maximilien Ier rachète le château. Ni l'empereur ni les propriétaires successifs ne feront face aux coûts d'entretien.
En 1633, la guerre de Trente Ans ravage l'Alsace. Le Haut-Kœnigsbourg, qui n'est plus qu'une forteresse délabrée, est ensuite détruit par un incendie et laissé à l'abandon.
Classé monument historique en 1862, le site et ses ruines sont rachetés trois ans plus tard à divers propriétaires par la commune de Sélestat.
En 1871, l'Alsace est redevenue allemande. Le 4 mai 1899, le château et les terres sont offerts par la ville de Sélestat à l'empereur allemand Guillaume II de Hohenzollern qui souhaite y créer un musée promouvant la germanité de l'Alsace et, plus généralement, le monde germanique.
Entrée
La direction de la restauration est confiée en 1900 à Bodo Ebhardt, architecte et archéologue berlinois. Les travaux s'étalent de 1901 à 1908. L'objectif de Bodo Ebhardt est de lui rendre l'apparence qu'il avait aux alentours de l'an 1500. Guillaume II vient régulièrement visiter le chantier. Le nouvel édifice du Haut-Kœnigsbourg est inauguré le 13 mai 1908, mais les finitions et achats de collections se poursuivent jusqu'en 1918. Pour le Kaiser, ce château marque la limite occidentale de l'Empire allemand.
À l'issue de la Première Guerre mondiale, en 1919, le château, assimilé à une propriété de l'Empire allemand, devient possession de l'Etat français lors de la restitution de l'Alsace-Lorraine, en application du traité de Versailles.
Cependant, le blason de Guillaume II est toujours visible au sein du château. Il reste ainsi un des symboles en Alsace de la présence allemande entre 1871 et 1918.
La propriété du château est transférée par l'État au Conseil général du Bas-Rhin en 2007. Ce monument bénéficie aujourd'hui d'une très forte fréquentation touristique.
La controverse sur la restauration
Si la reconstitution de Bodo Ebhardt est admise comme plausible, la rénovation du château est néanmoins sujet à polémique et ceci dès le début des travaux. Les détracteurs notent que certains éléments ont été imaginés par l'architecte, car ils étaient complètement détruits. De nombreux ensembles sont alors considérés comme fantaisistes :
- Le donjon carré. En effet dans une gravure ancienne, il est présenté comme rond mais les fondations prouvent pourtant que la vision de l'architecte est exacte.
- La salle du Kaiser et ses dimensions. L'architecture en pierre et la présence du poêle et de la cheminée montrent qu'à l'origine cette pièce était composée de deux étages et plusieurs pièces. L'état actuel est une exigence de Guillaume II pour montrer la force et l'importance de l'État allemand.
- L'escalier d'honneur hexagonal avec ses sculptures, considéré comme trop décoré pour un élément du Moyen Âge.
- La porte d'honneur, entrée du château, et ses bas-reliefs sont controversés.
- La présence du moulin à vent sur une tour d'artillerie et de la forge dans la cour basse également.
Cependant, aujourd'hui, on considère que Bodo Ebhardt, au travers de cette restauration « est en tout cas resté dans les limites de la vraisemblance, ayant toujours eu le souci de s'inspirer des nombreux édifices qu'il avait étudiés avant d'élaborer son projet ».
D'après Wikipédia