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Quand Babelio rencontre la collection New Way

Par Samy20002000fr

Le Young Adult, vous connaissez ? Afin de comprendre un peu mieux cette littérature très en vogue depuis quelques années maintenant, nous avons décidé de rencontrer la directrice d’une collection qui lui est dédiée : New Way. C’est dans les jolis locaux de la maison Hugo et Compagnie (et plus précisément juste à côté du babyfoot), que nous avons rencontré Dorothy Aubert, directrice de la collection New Way, spécialisée dans le Young Adult

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Pourriez-vous vous présenter rapidement ?

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J’ai clôturé mes études de lettres par un stage chez l’éditeur Michel Lafon, qui m’a ensuite proposé de rester. J’y ai passé cinq ans. A cette époque, le Young Adult commençait à percer, sans pour autant qu’il soit encore bien défini. J’ai à cette époque travaillé à son intégration au sein du catalogue de Michel Lafon. Je dois dire que j’ai toujours lu ce type de littérature, depuis mon adolescence. Je me souviens avoir adoré les Melvin Burgess, les Harry Potter et la saga de l’Epouvanteur. J’apprécie beaucoup le catalogue de Bayard. Il était par conséquent très naturel pour moi de m’intéresser à ce genre au quotidien, puisqu’il m’était assez familier.

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J’ai ensuite effectué un très long voyage à l’étranger, à l’issue duquel j’ai rencontré Hugues de Saint Vincent, le directeur d’Hugo et Compagnie qui souhaitait faire rentrer le Young Adult dans son catalogue. La maison d’édition ne publiait alors aucun ouvrage de ce genre littéraire. Plus précisément, la collection Romance de chez Hugo venait de connaître un succès très important, notamment grâce au roman Beautiful Bastard, et il souhaitait profiter de cette tendance positive. En effet, cette série a littéralement fait d’Hugo et Cie l’éditeur de référence de New Romance en France. C’est suite à ce constat que l’idée d’une collection dédiée au Young Adult est née et que nous avons décidé de la mettre en place ensemble.

Comment s’inscrit la collection New Way dans le catalogue d’Hugo et Compagnie ?

Hugo et Compagnie est une maison de littérature contemporaine qui possède plusieurs collections thématiques. Elle fait notamment beaucoup de pratique, des coffrets, des beaux livres, des documents et de l’humour.

Il existe un label au sein de cette maison, Hugo roman, qui publie de la  littérature au sens large, dont le pôle le plus important est Hugo Romance, spécialisé comme son nom l’indique dans la romance contemporaine. Il y a un an et demi, nous avons lancé Hugo New Way, la collection dédiée au Young Adult, qui manquait au catalogue de l’éditeur.

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Pouvez-vous nous présenter la collection ?

Cette collection a été lancée en mai 2015, il  y a tout juste un an. Il n’y avait pas de Young Adult au catalogue d’Hugo avant sa création, et il nous a semblé judicieux de lui créer une collection dédiée. Voilà comment le projet est né. Pour ce qui est du nom de la collection, il résulte de deux constats. Le premier d’entre eux concerne le lectorat ciblé par les publications : en réalité, je pense que ce genre littéraire ne possède pas de cible bien déterminée et est capable de toucher un public très large. Je trouvais donc cela dommage de reprendre l’idée du “Young Adult” dans le nom de la collection, ce qui aurait eu pour conséquence de limiter son public aux jeunes adultes.

En revanche, nous avons voulu utiliser le “New” afin de souligner la qualité de notre maison pour ce qui est du challenge et de la nouveauté. Il s’agit de l’une de nos plus grandes forces aujourd’hui à mes yeux.  Ensuite, nous avons opté pour le “Way” car il illustre à merveille la politique éditoriale de la collection, à savoir, des histoires d’adolescents qui choisissent un chemin différent. La plupart de nos publications mettent en scène le passage à l’âge adulte d’adolescents au destin hors du commun. Attention, si ces filles et garçons expérimentent des choses différentes, nous veillons bien entendu à faire malgré tout écho aux préoccupations des adolescents d’aujourd’hui. C’est dans cet esprit qu’est né New Way !

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Quelle est sa ligne éditoriale exactement ?

Nous avons publié cette année 9 titres et ce rythme de publication nous convient très bien.

Pour ce qui est des parutions, nous publions uniquement des livres mettant en scène les problématiques des adolescents d’aujourd’hui sous un angle réaliste. En résumé, nos livres proposent des histoires fortes qui évoquent le passage à l’âge adulte et des héros contemporains auxquels le jeune public peut facilement s’identifier. Les problématiques soulevées par nos titres sont effectivement parfois un peu sombres, on trouve par exemple le harcèlement à l’école ou encore le suicide, parce qu’il s’agit pour nos héros de grandir, et par conséquent d’être donc confronté à des épreuves. C’est l’angle que nous avons

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choisi pour New Way mais  il n’est évidemment pas la seule manière de voir le Young Adult, c’est simplement cette direction là que nous avons choisi d’emprunter.
A mes yeux, la première parution New Way est une excellente illustration de ce positionnement. Il s’agit du Vide de nos cœurs de Jasmine Warga ; l’un des plus durs de nos titres. En deux mots, ce roman livre l’histoire d’une jeune fille dépressive, qui décide d’en finir. Persuadée qu’elle ne trouvera pas le courage de passer à l’acte seule, elle cherche sur le net quelqu’un pour l’accompagner. Je n’en dirai pas plus !

Quelle place comptez-vous laisser à l’imaginaire dans votre catalogue ?

Comme dit précédemment, le réalisme domine notre catalogue pour le moment et ce, pour une raison majeure. Beaucoup d’éditeurs sont déjà positionnés sur ce créneau du Young Adult fantastique et fantasy, et je pense que nous n’avons pas besoin d’aller les y rejoindre puisqu’ils font ça déjà très bien. C’est également une question de goûts.

En revanche, la rentrée prochaine signe l’arrivée de l’imaginaire dans notre catalogue puisque le titre phare de 2017 est une dystopie appelée The Ones, en deux tomes. En quelques mots : 1% de la population a été génétiquement modifiée pour être “améliorée”. La première génération d’humains modifiés a tout juste 20 ans lorsque s’ouvre le livre et c’est le moment où le peuple commence à remettre leur existence en question. Débute alors une révolte de ceux qui défendent les Ones, qui s’intensifie de page en page. Le livre propose une vraie réflexion sur l’identité, c’est éminemment actuel dans la manière de traiter l’autorité et le combat pour les droits de l’homme. Finalement, le livre pose la question de savoir si ces modifiés sont définis justement par cette modification ou bien par autre chose. C’est très moderne et c’est un véritable coup de cœur pour toute l’équipe. Ce sujet est vraiment percutant, très fort et complètement dans l’ère du temps pour les adolescents comme pour les adultes. Lorsque j’ai découvert ce manuscrit, je l’ai littéralement dévoré, il m’était impossible de le lâcher. J’espère qu’il en sera de même pour les lecteurs.

Il semble difficile de définir précisément le young adult. Quelle est votre définition de ce genre ?

C’est une très bonne question ! Une chose est sûre, ce genre ne se définit selon moi pas par son lectorat. Il n’y a pas que les 15-18 ans qui se retrouvent dans les aventures de nos héros, elles peuvent aussi bien plaire à des 25-35 ans,  voire des lecteurs plus âgés ! Il est vrai que les publications de New Way pourraient correspondre à la tranche que nous pourrions appeler la plus “adulte” du Young Adult en comparaison à certaines autres collections. Je pense que nos livres peuvent être lus par tout le monde. Moi même lorsque j’en lis un, je réfléchis tout autant qu’un adolescent, peut-être pas de la même manière, mais je me pose malgré tout des questions. C’est exactement ce que l’on cherche ! Je pense que la meilleure définition du Young Adult est qu’il s’agit d’une littérature dont le héros est un adolescent. En dehors de cela, beaucoup de choses sont possibles. Bien sûr, il est vrai que l’on retrouve systématiquement une petite romance dans ce genre littéraire, mais cela ne veut pas dire qu’elle doit être au cœur de tout roman Young Adult. Ce n’est d’ailleurs pas le cas chez nous. Le Happy End n’est pas non plus un élément essentiel de ces histoires.

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Beaucoup de choses sont possibles en termes de Young Adult, je pense notamment au thriller : notre publication, Risk, est à la limite de ce genre. Ce roman d’une auteur australienne, Fleur Ferris, raconte l’histoire de deux amies d’enfance qui discutent sur le net jusqu’au jour où l’une d’entre elles décide de rencontrer un jeune homme et ne rentre jamais de son rendez-vous. Cette histoire flirte avec de nombreux genres et aborde différentes thématiques assez variées. De plus, l’auteur est un ancien policier et son récit est à mes yeux très pertinent, tout simplement car elle sait ce qu’elle dit. Cela se sent dans une lecture. N’importe quel adolescent qui lit une telle histoire ne peut que réagir. C’est ça aussi le Young Adult : se poser des questions sur la vie.

Quel est votre rôle exactement sur le catalogue et ses auteurs ?

Mon métier consiste à regarder ce qu’il se passe dans le monde du Young Adult et donc surtout aux États-Unis ; quelquefois en Grande Bretagne. Je dois me tenir au courant des tendances et de ce qui fonctionne dans ces pays dont provient la quasi-totalité des auteurs de ce genre. Nous travaillons en effet beaucoup sur des traductions. Lorsqu’un titre se démarque, je contacte l’agent littéraire en charge de l’auteur ou directement son éditeur, et je demande à lire le manuscrit. Je les lis en version originale lorsque ces derniers sont en anglais. Pour nous aider à faire ce travail nous pouvons faire appel à des “scout”, c’est à dire des personnes sur place qui suivent les marchés de près. Ce sont eux qui nous préviennent lorsqu’il se passe quelque chose d’important autour d’un titre ou d’un auteur.

Si un manuscrit me plaît, je le propose au comité éditorial de notre maison et dans le cas où il est accepté, nous achetons les droits et il est envoyé en traduction. Ensuite il y a tout le travail de fabrication et de relecture, jusqu’à l’impression. En tant que directrice de collection je dois donc être présente du début à la fin du chemin du livre.

Vous dites travailler principalement sur des textes d’auteurs anglo-saxons. Comment expliquer cette domination américaine ?

Je ne suis pas du tout fermée aux parutions françaises, mais disons que le métier est complètement différent ! Pour lancer un auteur français, il faut penser dédicaces, rencontres en librairies… C’est une autre logique de construction d’image. Je pense que pour me lancer dans la littérature française j’attends de tomber sur un véritable coup de cœur.

Quel regard avez-vous sur les premiers romans ?

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Ils représentent l’écrasante majorité de la ligne. Je préfère les  premiers romans pour une raison simple. Les rayons de Young Adult sont très petits en librairie  et si un auteur a déjà été identifié comme auteur de romance par exemple, il aura du mal à se détacher de cette étiquette. C’est beaucoup moins compliqué de proposer des auteurs nouveaux pour ce genre encore difficile à imposer en librairie. Le seul roman qui n’est pas un premier roman dans le catalogue est Blacklistée de Cole Gibsen, un roman qui aborde la question difficile du harcèlement à l’école. Un roman fort qui fait énormément réfléchir.

En ce mois de juin, comment préparez-vous la rentrée littéraire ?

Hugo ne participe pas véritablement à la rentrée de septembre. La rentrée qui compte le plus pour nous est celle des fêtes de fin d’année et nous avons pour habitude de nous concentrer sur un gros lancement, au contraire de certaines autres maisons. Nous avons par exemple prévu un très beau titre pour cette année : Comment j’ai appris à voler, qui raconte l’histoire d’une ballerine très complexée par son corps qui grandit et se transforme. Pour remédier à ce mal-être, elle est envoyée dans un camp d’entraînement avec d’autres élèves pour continuer son travail et surtout apprendre à s’accepter. C’est un très beau roman sur l’acceptation de soi. Plus globalement, avant chaque rentrée littéraire, il convient pour l’équipe de préparer le lancement de ce titre en concevant tout le matériel destiné aux libraires et des éléments de communication. En résumé, ce que nous appelons un plan marketing dédié à un titre.

Vous êtes partenaire de Babelio et d’autres réseaux de lecteurs. Que représentent pour vous ces communautés en ligne ?

La présence sur le web pour les maisons d’édition est aujourd’hui un élément primordial. Le premier argument en faveur de cette action sur internet est que les réseaux sociaux nous permettent de lire des critiques de lecteurs, qu’elles soient bonnes ou mauvaises. Il est intéressant de savoir ce que les lecteurs n’aiment pas tout autant que de savoir ce qui leur plaît. Pour savoir ce que les lecteurs pensent, rien de mieux qu’internet ! C’est également là que se trouvent les adolescents, notre lectorat principal. La jeune génération est hyperconnectée, il est donc essentiel pour nous, compte-tenu de ce que nous publions, d’être présents sur les réseaux. D’ailleurs, dans la plupart de nos romans, internet est presque un personnage à part entière, pour la simple raison qu’il est en un essentiel dans la vie des adolescents aujourd’hui.

Quel est votre regard sur les ebooks ?

Tous les romans Hugo sortent systématiquement en ebook et pour chacun d’entre eux, nous mettons à disposition des lecteurs un important extrait gratuit en ligne, d’une cinquantaine de pages environ, pour leur permettre de s’imprégner de l’atmosphère du roman. La lecture numérique est encore frémissante en France pour le moment, ça n’est pas du tout la même chose qu’aux Etats-Unis. Je comprends très bien l’attachement au papier des lecteurs : quand les livres sont beaux, en grand format avec une superbe couverture, il est normal d’avoir envie de les toucher ! En revanche, tous les gros lecteurs seront d’accord pour vous dire que le livre papier nécessite beaucoup d’espace. J’ai acheté un Kindle et ce, principalement parce que je ne peux pas pousser les murs de chez moi. Je pense que les deux types de lecture peuvent cohabiter sans problème. C’est ce qu’il se passe dans les pays où l’ebook est un peu plus démocratisé qu’ici. Dans  tous les cas, le livre papier ne disparaîtra pas, j’en suis persuadée.

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Les ventes numériques dépendent aussi beaucoup du lectorat. A titre d’exemple, sachez que chez Hugo,  la romance se vend énormément en numérique, alors que c’est un marché quelque peu plus balbutiant en ce qui concerne le Young Adult.

Quelle est votre lecture du moment ?
Je lis Topaz d’Hakan Gundaï, j’avais adoré son précédent, Encore. C’est très drôle, très frais, j’adore !

 
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