Histoire de transmission de génération et de road-trip dans la grande lignée du cinéma américain, Mississipi Grind est un film puissant, traitant de l’addiction au jeu, de ses plus grandes joies à ses plus grandes descentes.
Présenté l’an passé au festival de Sundance et au festival de Toronto, il a très vite convaincu la critique, et en premier lieu grâce à son duo d’acteurs Ryan Reynolds et Ben Mendelsohn. A l’image de Robert Redford et Brad Pitt dans Spy Game, il forme un duo d’un ancien apprenant les ficelles du métier au jeunot qui apporte l’insouciance et l’amour du jeu perdus par l’aîné. Ryan Reynolds a aujourd’hui une reconnaissance internationale suite au succès de Deadpool, mais ce fut d’abord dans l’excellent huis-clos Buried, et le beaucoup moins excellent Green Lantern qu’il s’était d’abord fait remarquer. Ben Mendelsohn est beaucoup moins connu en Europe que son partenaire, il n’en reste pas moins un acteur incroyablement doué. L’australien est actuellement une des têtes d’affiche de la série Bloodline ( voir notre récente chronique ici) sur Netflix, et sera à l’affiche du prochain Star Wars.
L’histoire commence en Iowa, où les deux hommes se rencontrent autour d’une partie de poker, et alors que Gerry, l’ancien joué par Mendelsohn, a tout perdu ou presque, Curtis, le personnage incarné par Reynolds, lui offre un verre en compensation. C’est le début d’une belle amitié qui ne sera pas sans coups bas et trahisons. Les deux hommes, tombés au fond du trou, finissent par prendre le « Machu Picchu time », expression inventée par Curtis pour signifier qu’il est temps de changer de ville, son grand rêve étant de voir un jour la merveilleuse cité inca.
Ils se lanceront alors dans un grand trip en destination de la Nouvelle-Orléans, où ils souhaitent participer à un tournoi de poker à 25 000 dollars l’entrée. En chemin, ils tenteront leurs chances sur les courses de chevaux, le blackjack ou encore le billard. Et bien sûr, leur route sera semée d’aventures amoureuses, d’ancienne femme et de fille à se faire pardonner. Les excès, les bagarres et les prostituées seront au programme et nous rappelleront fortement l’adaptation cinématographique de Sur La Route de Jack Kerouac. Les rôles secondaires sont également de bonne facture avec Sienna Miller, Analeigh Tipton et l’oscarisée Alfre Woodard qui nous offrent une palette de personnages hauts en couleur.
La force principale du film réside, selon moi, dans le fait qu’on ne sait jamais qui est vraiment l’apprenti de l’autre, tant Gerry trouve en Curtis l’ami qu’il lui fallait pour retrouver la chance, mais aussi simplement le goût de la vie. C’est aussi un superbe film sur l’amitié, et sur toutes les épreuves que peuvent traverser deux personnes et, malgré tous les évènements contraires, rester unis. C’est enfin un film sur la recherche du pardon de sa famille pour Gerry, et de la poursuite de son rêve pour Curtis. Les deux acteurs sont excellents, et on sent qu’ils ont passé du temps dans les casinos de la ville pour en apprendre plus sur les habitudes des joueurs de poker. Ryan Reynolds, qui ne connaissait rien du Texas Hold’em, a ainsi passé plusieurs semaines à la salle de poker Harrah, en compagnie d’un consultant poker engagé par la production, pour en apprendre les règles, les mouvements, les stratégies et les bonnes attitudes à afficher.
Le point faible pour moi est la fin du film que, bien sûr, je ne vous révélerai pas, mais qui m’a un peu laissé sur ma faim. Je vous laisse juger quand vous aurez la chance de voir ce film, écrit et réalisé par le duo Anna Boden/Ryan Fleck, si vous avez la chance de le voir. Car bien que le film soit sorti en fin d’année dernière sur les écrans américains, les possibilités de le voir un jour dans nos salles obscures paraissent tristement faibles.
Le DVD ou VOD devrait être votre solution.
Bilan positif donc pour Mississipi Grind, un road-movie orienté casino, grâce à un casting réussi et à une plongée réaliste dans le monde du jeu américain.