Biographie de l'auteur
Reinhold Messner, né le 17 septembre 1944 à Bressanone dans le Tyrol du Sud, est un alpiniste italien, considéré par beaucoup comme l'un des meilleurs du XXe siècle. Grand défenseur du style alpin et pourfendeur du style expédition, il est notamment connu pour avoir réalisé la première ascension de l'Everest sans apport d'oxygène avec Peter Habeler, en mai 1978, puis en solitaire à nouveau sans oxygène, en août 1980. Il est en outre le premier à avoir gravi les quatorze sommets de plus de 8 000 mètres, en octobre 1986, et le deuxième à avoir atteint les points culminants des sept continents, en décembre de la même année.Résumé :
Voici à peine un siècle, on trouvait encore indécent de voir une femme en tenue de ski. En 1974, une expédition féminine atteint pour la première fois un sommet de plus de 8 000 mètres. Trente-cinq ans plus tard, parmi les vingt-deux alpinistes parvenus au sommet des quatorze plus de 8 000, se trouvent deux femmes. Comme dans de nombreux domaines, le XXe siècle a donc été déterminant pour ouvrir au deuxième sexe les portes de l’alpinisme. Quelles ont été les pionnières en la matière ? Et à quel prix ? Reinhold Messner brosse le portrait de ces femmes d’exception : Hettie Dyhrenfurth, qui conserva longtemps le record d’altitude pour une femme, Junko Tabei, surnommée « Madame Everest », ou, plus récemment, l’Espagnole Edurne Pasaban, l’Italienne Nives Meroi, l’Allemande Gerlinde Kaltenbrunner, sans oublier bien sûr la Française Catherine Destivelle…Mon avis :
Reinhold Messner n'est pas un jeune homme, aussi, puis-je non pas excuser mais expliquer sa vision quelque peu archaïque de la femme et du féminisme. Cette lecture n'a vraiment pas été une partie de plaisir, tout d'abord, car je pensais que comme la plupart des ouvrages sur l'alpinisme, il raconterait comment ses femmes ont atteints le sommet, les épreuves qu'elles ont traversées, les moyens techniques mis en œuvres pour y arriver. Ce n'est qu'un banal catalogue de la "course au 8000" (NDE : les 14 sommets de plus de 8000 mètres d'altitude) plein de redondances... Mais j'ai tout de même pu en tirer quelque chose!Ce que je n'ai pas aimé :
- pour commencer le style : est-ce Messner qui est particulièrement mauvais dans cet exercice, ou la traduction qui ne lui rend pas honneur? Un peu des deux mon capitaine. Je savais que Messner est né en Italie, mais rien qu'en lisant le bouquin, je peux affirmer devant les phrases à la syntaxe bien étranges que ce livre a été traduit depuis l'allemand. Quant au contenu, tout est éparpillé, l'auteur se répète d'un chapitre à l'autre, ne suit aucune progression logique et se contredit régulièrement. On saute d'une alpiniste à l'autre, on revient à la première, en rajoutant un passage sur une autre, bref... ce n'est pas facile ni intéressant à suivre. On dirait un regroupement de divers articles de presse réunis en un livre sans plus de réécriture.- la vision de la femme de Messner : je ne sais pas si ce monsieur se considère comme un défenseur de l'égalité homme-femme, mais personnellement, je trouve souvent ses remarques hors de propos. A propos de Gerlinde Kaltenbrunner : "Une perle de la nature : puissante, élégante et jolie, l'icône de l'alpinisme de haute altitude serait même un support publicitaire idéal, si elle savait mieux gérer les médias". On se passerait volontiers des commentaires sur le physique de ces dames, parce qu'honnêtement on s'en tamponne qu'elles soient jolies ou non...Vraiment, ce n'est pas ça qui va les aider à atteindre le sommet jusqu'à preuve du contraire. Pour Messner, la femme alpiniste parfaite sait être effacée, doit être féminine et élégante, être évidemment puissante et talentueuse, rivaliser avec les hommes tout en leur étant quand même un peu soumise, mais en restant indépendante. Et sans se revendiquer féministe ou d'un mouvement d'émancipation. Facile non? Mais Reinhold Messner fustige (à raison hein, je ne dis pas!) ses collègues masculins qui eux sont vraiment mesquins et sexistes. Je n'imagine pas l'ambiance au camp de base si on range Messner dans le camp des égalitaristes, ça doit être super sympa.
- la thématique : finalement, Messner s'intéresse beaucoup plus au traitement médiatique des exploits féminins qu'aux dits exploits... et moi ça ne m'intéresse pas du tout de savoir que Gerlinde a bavé dans le dos Eun-Sun en compagnie Edurne dans les médias. Vraiment pas du tout, parce que quand je lis un récit sur l'alpinisme, je m'attends à ce qu'on parle d'alpinisme et pas à lire un résumé des guégerres de Gala et Paris-Match.
Le positif :
- J'ai découvert de grandes sportives dont je n'avais jamais entendu parlé. Je vous mets quelques photos et quelques liens.Oh Eun-sun : https://fr.wikipedia.org/wiki/Oh_Eun-sun
Angelika Rainer http://angelika-rainer.com/home.php?lg=en
Gerlinde Kaltenbrunner, https://fr.wikipedia.org/wiki/Gerlinde_Kaltenbrunner.
- Malgré le côté "c'était mieux avant" (syndrome apparaissant dès 25 ans, soyons justes), Reinhold Messner a un recul intéressant sur le tourisme de masse sur l'Everest et les conséquences sur l'évolution du sport et les conditions d'accession au sommet.
- Même si Messner est un fervent défenseur du style alpin*, il ne démonte pas sans vergogne le style expédition, arguant avec justesse que tout dépend quel objectif le sportif sert. J'ai trouvé ça intéressant, car c'est un alpiniste qui ne mâche pas ses mots et malgré ses critiques sur le style expédition, il ne ramène pas tout à cela et rappel que l'exploit sportif n'est pas qu'une question de style mais une question d'état d'esprit.
- Enfin, j'apprécie vraiment beaucoup chez Reinhold Messner l'importance qu'il accorde à la responsabilité personnelle. Je trouve que dans notre société, même quand on ne fait rien de dangereux, on veut toujours reporter la responsabilité de nos actes sur l'état, l'administration, le vendeur, le magasin, bref, quelqu'un qui assurerait notre sécurité et notre bien être sans que l'on ait à réfléchir à nos prises de risques, à nos modes de vie, sans que l'on ait finalement à y prendre part. J'aime beaucoup que ce grand alpiniste rappelle qu'on ne devrait pas compter sur le jugement de quelqu'un d'autre, sur le travail de quelqu'un d'autre, pour prendre en main notre chemin. Suivre une trace est a priori plus facile, mais pas moins dangereuse : à marcher aveuglément dans les pas de quelqu'un d'autres on prend le risque de se perdre, et de ne pas prendre garde au précipice qui nous guette.
*Le style expédition est un style d'alpinisme qui implique l'utilisation de porteurs ou de Sherpas, de camp pré-installé et de corde fixe. Il est souvent opposé au style alpin qui est un style où les alpinistes transportent la totalité de leurs vivres, leur bivouac. C'est la méthode historique et la plus utilisée pour les ascensions dans l'Everest. (wikipédia)