Magazine

Saudade de Fortu, chronique d'une BD douce amère

Publié le 07 juin 2016 par 7bd @7BD
couverture de Saudade de Fortu chez Delcourt Titre : Saudade Auteur : Fortu (scénario et dessin) Editeur : Delcourt Collection :Shampooing Année : 2016 Page : 160 Résumé : Un homme arrive à l'âge de la retraite, une rencontre amoureuse s'amorce dans une librairie, une maîtresse d'école regarde ses élèves, un homme à la fenêtre observe une mère et son fils dans la rue, un père et sa fille lancent des cailloux dans l'eau, une femme travaille derrière le comptoir d'un bar, un couple discute assis à une terrasse de café et d'autres histoires courtes. Leur point commun, la Saudade, ce sentiment mélangeant nostalgie, mélancolie et tristesse. Mon avis : Pour moi, Saudade, cela évoque immédiatement un souvenir musical, d'où découle ce sentiment indéfinissable. Et effectivement, à la lecture de ce récit, c'est ce sentiment étrange et difficilement définissable qui m'a envahi. Il y a une part de tristesse, pouvant aller jusqu'à l'abandon et le désespoir, il y a aussi une part de tristesse qui peut se transcender de l'échec jusqu'à une victoire personnelle. Parfois cette nostalgie d'un temps à venir, d'un temps passé, ou d'une jonction entre les deux qui n'a pas lieu, parfois ce regret amoureux de la phrase qu'on aurait dû dire, parfois ce constat de solitude profonde malgré la plénitude apparente. Je pourrais entrer ainsi dans chaque histoire mais vous en parler serait déjà trop vous en dire. J'ai passé un curieux moment et aujourd'hui, à côté du souvenir musical évoqué plus haut, il y aura le souvenir visuel de cette BD.
Ces histoires sont simples, ne comportent aucun dialogue, juste les pensées intérieures du protagoniste de la nouvelle, écrites en peu de phrases sous la case, case consistant juste en un dessin dépourvu de cadres. Nous sommes ainsi amenés dans le monde intérieur du narrateur, ses pensées qui prennent vie et parfois un second sens grâce au dessin. Le chaos, le calme, la tension, le stress, la douceur, l'envie, tout surgit au détour d'une phrase. Paradoxalement, ce sont ces phrases qui donnent les émotions, plus surement que les traits des visages. Page extraite de Saudade de Fortu chez Delcourt En effet, Fortu a opté pour un parti pris graphique fort, un trait sobre et épuré. Les dessins en traits noirs évoquent juste des esquisses. Une volonté réaliste est présente mais le style même adopté coupe de tout réalisme. Les personnages aux poses travaillées mais totalement stylisées, les décors parfois présent parfois absent, eux aussi simplement tracés au trait, l'absence de couleur, la composition similaire à raison de deux dessins par page, chaque histoire finissant sur un dessin en haut de page, créant ainsi une sensation de vide, d'absence, tout cela apporte une neutralité graphique qui, paradoxalement, laisse exploser encore plus ce sentiment unique qui donne son titre au recueil. Je pourrais dire que Saudade est un petit bijou, mais parce que j'ai eu la chance de rentrer rapidement dans cet univers, d'y être happé. Peut-être que dans votre cas, vous serez rebuté par le graphisme trop simple à vos yeux, ou peut-être qu'il vous fascinera et sera la cause de votre plongée dans ces histoires. Les choix graphiques sont totalement adaptés au découpage en nouvelles courtes. Parfois, des personnages reviennent dans d'autres histoires, à vous de garder les yeux ouverts, car le repère survient l'espace d'un dessin. Dans tous les cas, je vous recommande d'aller chez votre libraire et de lire la première histoire, vous en aurez pour quelques minutes. A vous de voir ce que vous ressentez et en fonction de cela, de repartir avec la BD sous le bras, ou pas... Moi, je vais la garder précieusement. Zéda et la Saudade... Saudade de Fortu, chronique d'une BD douce amère David
Inscrivez vous à notre newsletter :

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


7bd 7128 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte