Pour des raisons tant auditives que de parti-pris, le troisième et dernier volet de cette édition du TINALS 2016 ne paraît pas nous être le plus destiné sur le papier. Même si ici ou là, quelques noms ont été déjà été cochés.
Commencée sous une cagne conséquente, bien loin des précipitations tant redoutées, direction la Flamingo pour le set des très attendus des marseillais de Quetzal Snakes.
On en apprend tous les jours ; il y a de bons groupes français - ça on n'en a jamais douté - mais certains viennent de la décriée cité Phocéenne, où on en était resté à la très bonne soul jazzy des Troublemakers, autant dire il y a une éternité. Eh bien, on a maintenant la pop très remontée et musclée de Quetzal Snakes. Sur une Flamingo en fusion et sans temps mort, les titres tous plus excitants les uns que les autres défilent. Le groupe porte beau, joue bien, est en place, le son est clair. Et ces serpents là sont largement meilleurs que quantité d'âneries indie usinées Outre-Manche qu'on veut nous faire prendre pour des lanternes. Examen de passage largement réussi.
Après avoir retrouvé en conférence de presse notre très estimé confrère Julien "Bouddhanight" qui nous livre quelques impressions intéressantes sur l'envers du festival, nous rejoignons la grande salle pour expérimenter une petite bouffée rétro.
Le fantôme des Black Sessions
Et l'on se replonge quelque 25 années en arrière du temps des Black Sessions sur Inter, où Grant Mc Lennan et Robert Forster, les deux leaders de feus The Go-Betweens étaient souvent à l'honneur. Pop, folk-rock carrillonante, teintée de R.E.M, de Velvet et d'esprit des antipodes ; puisque ces oiseaux-là étaient australiens.
En mode electro-acoustique, l'un des deux chanteurs compositeurs du groupe défunt, vient présenter son nouvel album solo, tout juste débarqué de la Primavera et recrue tardive du TINALS qu'il a eu beaucoup de difficultés à rallier ce jour. La petite soixantaine élégante et un port très aristo, svelte et distingué dans une chemise rose cintrée ainsi que le cheveu argenté qui le fait ressembler à un vieux professeur de maths bien sympa, le vétéran de l'édition 2016, revient prêcher la bonne parole pop.
Avec un phrasé très reedien, l'homme envoie ses nouvelles chansons à un public ravi qui n'attend que ça, et n'oublie pas d'interpréter quelques hymnes du groupe qui fit sa gloire, culminant avec des titres du désormais classique 16 Lovers Lane. Souvenirs...
Pendez les hauts et Courts...
Très attendus, les new-yorkais de Parquet Courts ne déçoivent pas. Les branleurs pop-punk lo-fi ont récemment raflé la mise avec leur meilleur album, l'excellent Human Performance. Aujourd'hui, ils viennent présenter leur opus, en n'oubliant pas de rappeler à notre bon souvenir les irrésistibles petits hits qui nous les avait fait connaître et apprécier. Le concert s'ouvre d'ailleurs sur ces "Master of My Craft" et autres "Borrowed Time" tellement réminiscents de l'esprit post punk de Wire et autres Gang of Four qu'ils en sont rafraîchissants.
A tour de rôle, Austin Brown (le pâle maigrichon), Andrew Savage (à l'étrange coupe au bol) et Sean Yeaton (troublante ressemblance avec le jeune demis Roussos d'Aphrodite's Child) prennent le relais au chant dans un étrange mix de foutraque et de sérieux en même temps.
Quel dommage alors que nos hommes qui ne comptent déjà pas parmi les plus grands vocalistes (ce n'est pas ce qu'on leur demande) soient à ce point desservis pas une balance qui rend leurs voix inaudibles. C'est le seul point noir et récurrent du son au taquet sur la Flamingo !
C'est dans les vieilles soupes..
Direction la grande salle pour (re)voir à l'oeuvre les fondateurs de cette scène post-rock tant décriée au mitan des 90's. Sur la foi d'un dernier album assez calamiteux et au visuel très laid, Tortoise qu'on avait plus que perdu de vue, s'avère l'une des bonnes surprises de cette cuvée TINALS.
Avec leurs batteurs se faisant face, l'on retrouve John Mc Entire qui dirige l'affaire derrière ses claviers de main de maître. Jamais bavards ni prétentieux, ce set là rappelle toute proportions gardées la grande claque assénée par les BadBadNotGood de l'an passé. Des giclées de vibraphone bienvenues viennent rappeler à point nommé l'obédience jazzy de la bande chicagoane. Fédérateur.
Piche Oust !
On pourra toujours se poser la question du bien-fondé de la programmation d'une musique originellement fabriquée à deux et à vocation intimiste, sur cette grande scène extérieure, où tout le monde se croit obligé de jouer très fort. Où tout le monde sauf les gringalets de Foals ont pâti d'un son dégueulasse qui sur les voix, qui sur les synthés etc...
Résumons : planquons un éléphant dans un magasin de porcelaine et l'on obtiendra aisément le rendu du concert de Beach House au TINALS. Cette musique que l'on peut aisément qualifier sans se tromper de dreamy pop aux envolées mélodiques charmantes, constitua un désastre ce dimanche soir.
L'on trouvera bien un fan extatique pour nous expliquer que "c'est comme ça que Beach House doit être écouté" ; on n'en sortira pas plus convaincu : light show fumeux où l'on ne distingue rien, mais où l'on perçoit que Victoria Legrand ne joue pas souvent de son instrument, Vu que son guitariste et son bassiste sont occupés ailleurs, Etrange.
Batterie assourdissante, là où on attendait une chétive boîte à rythme, basse saturée, capuches de pénitents à la con, show dans l'ombre ; rien ne va. Une partie du public qui n'a sûrement jamais rien vu de tel, rugit de plaisir quand le fond de la scène se remplit de points blancs...
Beach House, nos Cocteau Twins contemporains, peuvent être magnifiques sur disque ; ce soir c'est juste d'une laideur confondante...
Ainsi s'achève quasi la 4ème édition du TINALS qui dans l'ensemble, a été un succès. Entre confirmations, découvertes, paris, ce ne sont pas les quelques déceptions ici ou là qui altèreront notre satisfaction d'avoir participé une nouvelle fois à l'aventure.
D'autant qu'avec 15.000 entrées enregistrées avant même le chiffre de clôture de la journée de dimanche rendu public, ce nouveau This Is Not A Love Song a été un succès : stands toujours plus et mieux adaptés à un environnement ouvert et familial, l'incontestable succès de la nouvelle scène extérieure, théâtre de bien de performances de haute tenue, une gestion de la sécurité et de l'évacuation de la phase gratuite confondante.
Tout juste peut-on suggérer d'essayer d'améliorer l'engorgement des files d'attente du premier jour, étape clé. Il est en effet inattendu que les titulaires du pass trois jours, et parmi eux ceux qui se sont produit les premiers le précieux sésame soient aussi longs à pénétrer dans l'enceinte. Quand les "simples" journaliers, le font en un clin d'oeil.
Nous serons encore là l'année prochaine, et jusqu'à temps que P.I.L qui a donné son nom au festival vienne entonner la fameuse ritournelle. Et ayant bien retenu les propos du boss des lieux Fred Jumel, on croisera les doigts pour que la conjoncture, la baisse toujours plus drastique des subventions n'obère pas de la pérennité de ce festival si cher au peuple gardois à présent. Et au-delà, à un vaste panel de festivaliers venus de toutes horizons.