À mi-chemin entre les agences d'Umpqua Bank accueillant les entrepreneurs locaux et celles de Barclays utilisées comme points de retrait Amazon, le Crédit Agricole de Toulouse ouvre désormais son « Espace W31 » aux livraisons du « Drive Fermier Toulousain », une association de producteurs de fruits et légumes du département.
En choisissant son agence phare – à la pointe des technologies – pour héberger cette initiative, la banque veut démontrer que son engagement en faveur de la modernisation de ses métiers peut parfaitement s'accorder avec son ancrage local historique. Elle enfonce même le clou puisque, en installant le premier relais de l'association dans le centre ville, elle peut se vanter d'être un acteur du rapprochement entre les citadins et les agriculteurs du cru, devenant ainsi un catalyseur de la proximité régionale…
En pratique, le service proposé est tout à fait classique dans son genre. Les internautes qui passent commande sur le site web du « Drive Fermier » peuvent simplement sélectionner (parmi d'autres lieux, dont une agence Groupama) l'agence du Crédit Agricole – dans laquelle un espace de stockage a été aménagé à cette fin – pour y retirer leurs achats. Chaque semaine, le vendredi après-midi, l'agriculteur en charge de la tournée des livraisons vient déposer les courses, que les clients vont ensuite pouvoir venir chercher à leur convenance, jusqu'à 18:30.
Contrairement à ce qu'on peut imaginer au premier abord, le mariage entre agence bancaire ultra-moderne et produits du terroir s'inscrit dans une logique implacable : les jeunes adultes séduits par la technologie de la première sont souvent aussi amateurs de l'authenticité des seconds. En outre, le personnel de l'établissement pousse le sens du service jusqu'à aider des clientes plus âgées à passer leur première commande et à leur permettre d'utiliser l'équipement informatique des lieux pour les suivantes.
Avec cette initiative, le Crédit Agricole s'enracine donc clairement dans un modèle d'intégration profonde de la banque au cœur de la vie locale. À l'ère de la désaffection massive des consommateurs dans les agences (et alors que la France est pointée du doigt pour être le pays européen où les fermetures sont les moins nombreuses), il est légitime de rechercher de nouvelles opportunités susceptibles de justifier le maintien d'un réseau particulièrement dense. Cependant, comme toujours, se pose la question de la viabilité économique à long terme d'une telle stratégie…