On attendait Mélenchon au tournant de son discours clôturant la journée de La France insoumise. Ce n’est pas que son discours manquât de vaillance et d’énergie. Les formules choc furent bien frappées. Mais la petite phrase qui retient l’attention sans que son émetteur eût vraisemblablement l’intention de la faire circuler vient de Michel Sapin. Ce dernier est un ministre proche parmi les proches du président.
Le 5 juin, invité du Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI, le ministre des Finances a défendu avec l’énergie de la fidélité l’action de l’exécutif. Michel Sapin est confiant ! Il y a des grèves, ça grogne pas mal, ça cogne plus que de raison mais le ministre fait part discrètement de ses pronostics. Tout va très bien madame la marquise ! « On a encore du temps devant nous. Et, en partant de bas, on peut parfois arriver très haut ». Le ministre qui cherche, sans doute à transporter son auditoire, se plaît à rêver au succès du président en ajoutant que François Hollande «a pu le démontrer par le passé ». Si on relit lentement la sentence à mi-voix, il est possible d’apercevoir le niveau de réflexion des politiques s’affaisser en même temps que la Seine gonfle, comme le désavoeu populaire du gouvernement. Le désavoeu des citoyens fait signe au désarroi du pouvoir. Il ne serait pas en train d’annoncer que François Hollande va casser la baraque en 2017 ?
En fait, Michel Sapin, endosse le costume sobre des équipes en fin de règne. Ce costume est celui de Monsieur Prudhomme personnage conformiste et sans relief qui a inspiré à la fois Sacha Guitry, Verlaine et Balzac. Pour ce dernier, Monsieur Prudhomme s’impose comme le prototype du personnage sentencieux et peu ouvert aux autres. Monsieur Prudhomme met Bouvard et Pécuchet du côté de la bêtise joyeuse.