Présenté lors du festival de Cannes 2015, dans la catégorie Un certain regard , " Je suis un soldat", le premier film de Laurent Larivière, est sorti en DVD le 26 mai dernier.
Sur un point de départ qui rappelle "Bienvenue chez ma mère", la comédie d'Eric Lavaine actuellement en salles, "Je suis un soldat" s'en écarte totalement pour plonger dans le drame social hyperréaliste, pas très éloigné du cinéma des frères Dardenne.
Je suis un soldat raconte aborde le sujet rarement abordé de la honte sociale et de ce sentiment d’échec qui pousse quelqu’un à revenir dans le giron familial après avoir tenté, sans succès, de se construire un avenir meilleur ailleurs.
Suivant le destin de Sandrine, une jeune trentenaire au chomage obligée de revenir dans son Nord natal pour travailler auprès de son oncle, propriétaire d'un chenil, et qui va découvrir le monde des trafics d'animaux, activité dangereuse dans laquelle elle prendra de plus en plus d'assurance, allant jusqu'à monter ses propres combines.
Le film montre de manière assez implacable l'’engrenage de la crise qui entraine des gens ordinaires dans de petits trafics simplement pour survivre, repoussant forcés et contraints les frontières entre le bien et le mal.tandis que les autres, , qui tentent de survivre dans la légalité, voient brimades quotidiennes et réalité se heurter à leurs rêves
Laurent Larivière aborde la question des trafics d'animaux qui font le bonheur de certaines animaleries, un trafic qui aux yeux du cinéaste peut être vu "comme une sorte d'allégorie de la cruauté contemporaine"..
Pour la première fois un rôle est directement écrit pour Louise Bourgoin et celle ci s’y révèle comme on l'avait encore jamais vu ainsi, tout à tour à la fois lumineuse et pleine de rage rentrée, dans un monde de crasse, de vices et d'arnaques en tous genres. A ces cotés, Jean-Hugues Anglade, parfait d'ambiguité, à la fois protecteur et malfaisant, étonne après plusieurs prestations télévisuelles alimentaires.
Bel hommage à ces soldats ordinaires que sont les prolétaires chargés de vivre sans jamais se rébeller contre ce système castrateur et source d'injustices sociales criantes, ce film de Laurent Larrivière, passé hélas inaperçu en salles, mérite assurément une seconde chance.