Nous revenons régulièrement dans nos lignes sur la carrière de Roger Corman, producteur prolifique de série Z, qui a marqué tout une époque de cinéphile adepte de vidéoclub et qui a permis à un grand nombre de petites mains du cinéma fantastique de se faire un nom en lançant leur carrière. C’est le cas de James Cameron, qui sur le tournage de La galaxie de la terreur de Bruce D. Clark, sorti directement en vidéo, le 20 mars 2016, soit trente-cinq après sa sortie en salle, à l’initiative de Mad Movies et de Bach Films, a rencontré Bill Paxton qui deviendra l’un de ses collaborateurs les plus proches. Cinq ans plus tard, en 1986, il signera Alien, le retour.
Sur la planète Morganthus, un vaisseau spatial de la flotte du Maître s’écrase. Ce chef incontesté décide d’envoyer une équipe de sauvetage. Les membres de l’unité du commandant Kore (Ray Walston) ne se doutent pas de ce qui les attend. Parmi eux se trouvent Cabren (Edward Albert), un scientifique, Baelon (Zalman King), un sous-officier caractériel et va-t-en-guerre, Dameia (Taaffe O’Connell), une officière douée de pouvoir psychique, le capitaine Tantor (Grace Zabriskie), as du pilotage et le sous-fifre souffre douleur, Ranger (Robert Englund, connu pour avoir interpréter Freddy Krueger).
Ranger (Robert Englund)
La galaxie de la terreur possède ce charme désuet des productions de science-fiction fauchées des années 80, qui manque de moyen aidant, redoublaient d’ingéniosité. Ce qui fait, qu’avec trente ans de recul, le choc est moins terrible qu’on pourrait le croire. Certes les effets spéciaux ont pris un sacré coup dans l’aile. Étant déjà ringards à l’époque, quand on voit ce que pouvait obtenir, la même année, l’équipe de SFX de New York 1997, dont faisait également parti James Cameron, ceux-ci sont astucieusement rattrapés par des décors de meilleurs qualités, également géré par le futur réalisateur de Terminator, alors chef décorateur. Dans ces décors, on ne sera pas surpris de constater à quel point l’imaginaire issu de l’œuvre de H. R. Giger est prégnant, La galaxie de la terreur tentant d’exploiter le succès d’Alien, le huitième passager, reprenant à leur compte la même base scénaristique, seulement deux ans après la sortie de l’original. Corman et sa firme New World Pictures, en parallèle aux activités similaires de la Cannon Group (dont l’excellent documentaire Electric Boogaloo retrace l’histoire) et bien avant les aventuriers-détrousseurs de Troma Entertainment, avait su faire du plagiat plus ou moins assumé une activité bien lucrative.
Kore (Ray Walston)
Bien sur, dans cette perspective, on ne vous dira pas qu’il faut voir La galaxie de la terreur pour son originalité mais l’on pourra, comme avec bien des nanars fort agréables, se gausser des savoureux dialogues abscons et surjoués par des comédiens à la dérive comme autant de George Clooney dans l’espace intergalactique. Les joutes verbales entre personnages que tout oppose sauf le ridicule, seront forcément le prétexte de fou-rire entre amis. Et c’est sans compter sur les yeux exorbités, les mimiques cosmiques et les cris surréalistes des acteurs et actrices. Rajoutons à ce cocktail détonnant, des costumes si cheap que l’on ne peut s’empêcher d’esquisser un sourire. Imager donc une équipe d’exploration débarquer en chemise et équipé d’un sac à dos à lampes-torches de camping intégrées. Mélangeant donc comme son illustre modèle, science-fiction et horreur, c’est sur ce point précis que La galaxie de la terreur fait preuve d’un tant soi peu d’originalité en déployant un bestiaire varié composé de vers géants, de tentacules, de doubles démoniaques et même de shurikens en verre possédés.
Du filon du cinéma d’exploitation sortent quelques pépites comiques dont l’œuvre de Clark est un représentant typique. Sans aucunes explications sur les enjeux de l’univers où ils évoluent, les personnages de La galaxie de la terreur sont posés là pour satisfaire aux faibles exigences d’un scénario inexistant, juste apte à donner aux amateurs leur lot de créatures fantastiques et de frissons mais qui, avec le temps, s’affinent comme le bon vin, à conserver au fond de la cave des nanars sympathiques.
Boeringer Rémy
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