Il pleut… depuis plus d’un mois en cette fin de saison d’hiver qui n’en finit pas de se prolonger. Les conditions en ski de rando sont excellentes, évidemment. Pour la grimpe, en revanche, les résurgences tenaces nous condamnent à user nos chaussons neufs sur la résine des murs artificiels de la région. Moi qui rêvait depuis des mois de pouvoir enfin tâter du caillou, du vrai, du chaud, du bon, tirer des longueurs en tee-shirt, me dorer les avants bras au soleil… Là, c’est raté !
Aris Theodoropoulos, dans son topo sur la Grèce (sorti en 2014), nous vantait les mérites de l’escalade hivernale dans la région du Péloponèse. Alors, puisqu’ici c’est l’hiver, compagnons, allons voir si ces falaises, qui ces dernières années ont éclos de leur rocher pourpre au soleil, n’ont point perdu leur renommée… Un billet pour Athènes, et 3h plus tard, nous voilà sur la planète chaleur, 30°C, grand beau et pas un nuage pour atténuer la transition !
Direction Léonidio, à 3h d’Athènes, un gros village paisible, en retrait d’un ou deux kilomètres de la côte, et donc du flux touristique balnéaire. La falaise principale est une immense barrière calcaire pourpre de 200m de haut sur quelques kilomètres de large. Autant dire que le potentiel est ENORME ! Sans compter les quelques falaises secondaires disséminées alentour. Le caillou ? Excellent, varié, tout neuf, ce qui lui donne une adhérence comme il y a bien longtemps que je n’en ai pas vu chez nous…
A ce jour, plus de 200 voies ont été équipées et l’effectif ne cesse d’augmenter au fil des mois vu l’enthousiasme des grimpeurs grecs, mais aussi grâce à l’appétit vorace des frères Rémy. On trouve d’ailleurs l’actualisation des nouveaux secteurs sur : www.climbinleonidio.com.
L’exposition générale Sud de la falaise est en effet un réel spot d’hiver. Nous avons eu la chance de bénéficier les premiers jours d’un ciel voilé pour grimper nos premières voies sur Léonidio en jouant avec les horaires et les petites variations d’exposition des secteurs. Pour les grandes voies, nous avons opté pour un départ à l’aube afin d’échapper au matraquage en règle du soleil à cette époque, avant l’arrivée au sommet. Pour le moment, seule une petite dizaine de grandes voies parcourent la grande falaise mais je parie à coup sûr que les Remy et compagnie n’ont pas fini d’enrichir le site tant le rocher s’y prête.
Parmi les futures classiques incontournables :
– Mira, 190m, 6b+max, 6a+ obl
– Aramis, 170m, 6c max, 6b obl
– Ura Ka, 185m, 6c+ max, 6b obl
– Ramisi, 180m, 7a max, 6b ob.
Côté hébergement, il n’y a pour le moment pas pléthore de propositions pour les goûts et budgets des grimpeurs. Cependant, Giannis Metaxotos (giannismetaxotos@hotmail.com), très investi dans le développement de l’escalade à Leonidio, propose un dortoir et un studio sur les hauteurs du village.
[See image gallery at www.escalade.pro]
Les jours passent et il fait de plus en plus chaud. Même si le rocher est toujours aussi attrayant, les habitants toujours aussi accueillants, le poisson grillé aussi excellent et la bière aussi fraîche, s’attarder ici à cette époque de l’année risque de nous transformer en mollusques séchés irrémédiablement. Nous décidons alors de visiter quelques autres sites et trouver quelques secteurs à l’ombre. Ce sera d’abord Kyparissi, à quelques kilomètres au sud de Léonidio. Un petit paradis au bord de l’eau et des falaises démentes sur les hauteurs qui n’attendent que la venue des grimpeurs et équipeurs. Puis Lagada gorge, à l’Ouest de Sparta, dans les terres, qui offrent des secteurs toujours à l’ombre selon leur orientation. De plus, l’équipement des dévers est en pleine expansion et verra certainement la visite de l’élite mondiale dans les années à venir.
Le Péloponèse n’a pas failli à sa réputation. Du rocher de rêve, du soleil garanti, un potentiel de fou. Serait-ce le futur Kalymnos? A Leonidio, c’est sûr, on y retournera… dès que l’hiver reviendra !