Je ne veux pas être cette blonde

Par Joliane Duranceau-Cloutier 

Durant les dernières semaines, j’ai appris la rupture de quelques couples. Pas nécessairement des couples proches de moi. Mais comme un peu tout le monde dans la vie, quand j’apprends une séparation (après m’être sentie triste et désolée), je demande pourquoi. Pourquoi ils se sont laissés. Pas que je veuille les détails croustillants pis toute, vraiment pas, mais je pense qu’on est tous un peu curieux pis qu’au fond, la question va de soi quand on est dans le sujet. De mon côté, quand c’est le gars qui laisse la fille, je suis encore plus attentive à la réponse et j’essaie d’analyser si les raisons pour lesquelles le dit gars a laissé la dite fille pourraient s’appliquer à mon couple à moi… Non, mais, vaut mieux prévenir, non?

Et dans le cas des quelques couples en question qui se sont dits adios, eh bien, ça tombait que c’était le gars qui avait quitté la fille. Alors, je me suis évidemment empressée de demander le fameux pourquoi.

Dans tous les cas, une phrase est revenue : il disait qu’il voulait être plus libre.

De quoi «plus libre»? Dans le genre : je te quitte pour m’acheter un Westfalia, partir en roadtrip aux États-Unis, vivre l’aventure de ma vie et sentir ce que c’est la vraie liberté?

Non. Plus dans le genre : je te quitte parce que tu m’empêches de vivre.

Ah OK, ouin. Ça m’a amené à réfléchir sur ma relation. Il faut dire que ça fait plus de 6 ans que je suis en couple, alors il y en a eu des questionnements, des re-questionnements et ainsi de suite, pour s’assurer qu’on va toujours dans la même direction pis qu’on se gosse pas trop (je le disais justement ici). Mais ça, c’était la première fois que je me le demandais… Est-ce que moi, j’empêchais parfois mon amoureux de vivre au point où il pourrait un jour préférer continuer sans moi?

C’est dur et plate à dire, mais la réponse est oui. Et je pense que c’est probablement cette réponse que la majorité des filles obtiendrait si elles se posaient sincèrement la question.

Au fond, nous les filles, on le sait qu’on est pas correctes quand on dit à notre chum «Ouin, tu sors souvent ces temps-ci…», «Messemble que tu prends souvent de l’alcool…», «Pourquoi t’as tant besoin de faire telle chose…», «Tu vas là? Y va sûrement avoir des belles filles…» ou le classique «Fais donc ce que tu veux…». De toujours poser trop de questions inutiles A.K.A. improviser un interrogatoire, de toujours vouloir compliquer les choses pour rien et surtout, de faire sentir mal notre chum, de le faire feeler cheap, volontairement, semi-volontairement ou involontairement. Au fond, on est toutes contrôlante, étouffante, gossante, chialeuse, jalouse, à un certain degré. Honnêtement, je ne sais pas pourquoi on a cette désagréable tendance. Il me semble qu’on est pas supposées passer la moitié de notre temps à piquer faire chier celui qu’on a choisi de faire entrer en formule V.I.P. dans notre vie, non? C’est quoi cette histoire-là? L’écrire me fait réaliser encore plus le non-sens de la chose. Au fond, je les comprends ces gars d’avoir laissé leur blonde pour cette raison…

Au final, je me rassure (et mon gentil conjoint de fait aussi) en me disant que ce n’est qu’à l’occasion que je suis plate de même. Mais j’ai parfois vraiment peur de le devenir, que cette attitude marde (disons-le) fasse partie de moi, que de poser ces questions suspicieuses pleine de reproches non-justifiées et de non-confiance deviennent une habitude.

Non, je ne veux pas être cette blonde. Cette blonde qui empêche son chum de vivre et d’être juste libre. Et ne le soyez pas non plus, car vous ne ferez qu’empoisonner votre relation, votre quotidien et celui de la personne qui est supposée porter le titre de partenaire, d’équipier, bref qui est supposé être la personne la plus importante dans votre vie.