Ma modeste expérience militaire – si, si, j’en ai une, pas glorieuse, mais une quand même - ne m’a évidemment pas permis de répondre à cette question.
J’en ai déduit que l’armée suisse avait pour seul but d’assouvir les fantasmes des nostalgiques du réduit national qui croient encore pouvoir maintenir militairement l’indépendance de la Suisse et je me suis résigné – avec joie – à signer les initiatives du Groupe pour une Suisse sans armée (GSsA).
Mais aujourd’hui, j’avoue que les mélancoliques de la «mob» et de la sacro-sainte armée de milice ne me font plus rire du tout. Les zigotos qui croient que l’armée est un jeu me répugnent. Cela ne date pas d’aujourd’hui, mais cela prend actuellement des proportions insoutenables.
Certes le capitaine Machin, qui a cru intelligent de «renforcer l’esprit d’équipe de ses subordonnés» par des exercices dangereux, est un imbécile. Certes il a tué par négligence, par bêtise ou par fanatisme cinq de ses hommes, certes il a plongé dans l’horreur du deuil plusieurs dizaines, voire centaines, de personnes.
Mais ce qui m’énerve le plus, c’est que le chef de l’armée Roland Nef se contente de déclarer qu’il va interdire les «exercices sans lien direct avec la mission». Ce que Le Matin traduit très finement par ce titre édifiant : «Le chef de l’armée va interdire les exercices militaires inutiles».
Tout cela signifie que la grande muette s’adonne à des exercices qui ne servent à rien, sauf à blesser ou tuer quelques astreints au service pas forcément consentants. Cela signifie que les allumés du Swiss Army Group – dont le site Internet est actuellement en rade - , un groupe privé «sportivo-militaire» affilié à l’association zurichoise des sous-officiers, jouent aux Rambo avec la bénédiction de la hiérarchie militaire qui lui donne l’autorisation de faire mumuse en uniforme et avec le matériel de l’armée.
Bref, dans l’armée suisse qui n’a jamais eu pour seul ennemi qu’elle même, il s’en trouve quelques-uns qui s’amusent à se faire peur et d’autres qui les y encouragent. Et lorsque la fiction rejoint la réalité et que la peur débouche sur l’horreur, le chef de l’armée le promet, la main sur le coeur : «Le risque doit être limité à un minimum absolu».
Allez commandant de corps Nef, encore un petit effort : limitez les risques à un minimum absolu, interdisez tous les exercices de l’armée et, comme moi, signez les initiatives du GSsA. C’est ainsi que vous «supprimerez l’inutile» et que l’on pourra commencer à dormir tranquille.