Au début des années 90, au moment même où je commencais vraiment à me forger ma culture cinématographique, en allant au cinéma au moins 4 fois par semaine, est apparu dans le paysage cinématographique espagnol et mondial Julio Medem, d'abord avec Vacas en 1992, puis ensuite avec L’Ecureuil Rouge, Les Amants du Cercle Polaire sans oublier évidemment le sublime LUCIA ET LE SEXE que j'avais vu en avant première parisienne en sa présence, et je me souviens encore de l'émotion que j'avais pu ressentir lors de la projection.
Batissant un univers lyrique et foisonnant, finalement pas très éloigné de celui du maitre Almodovar, on peut dire que Julio Medem fait partie des réalisateurs/auteurs espagnols encore en activité parmi les plus passionnants qui soient...
S'il s’est, reconnaissons le, légèrement perdu ces dernières années ( son dernier long métrage, ROOM IN ROME en 2010 était très décevant), il faut attendre cette année 2016, en France du moins pour le retrouver en grande forme avec le très beau film Ma Ma que j'ai vu en avant première, grâce au distributeur, KMBO films, et qui sort en salles mercredi prochain, le 8 juin .
Dans le rôle principal, on retrouve la grande Penélope Cruz- égérie d'Almodovar- cqfd- qui retrouve les plateaux de tournages espagnols après des années d’absence dans le rôle une mère de famille courageuse devant faire face à l’apparition d’un cancer du sein alors même qu'elle perd son boulot et se voit quittée par son mari..
Sur le papier, on peut se dire que la barque est un peu chargée mais à l'écran, cela passe parfaitement, car Medem ne force jamais sur la pathos, le misérabilisme et le glauque et privilégie un parti pris esthétique subtilement maitrisé, en alternant scènes de consultations médicales assez crues- comme dans "Haut les coeurs de la regrétée Solveig Anspach", avec des moments de poésie et de grâce, et si parfois, on est sur le fil du rasoir avec certaines scènes un peu trop too much, la plupart du temps, le film est une belle réussite et signe le grand retour de Julio Medem à un cinéma flamboyant avec ce concentré d’émotions tourbillonnant poétique et solaire .
Surtout on aime le regard que Julio Medem porte à son héroine, qui a un coté vierge marie, et qui symbolise la femme de toutes les femmes, qui donne la vie tout en s'appretant à la perdre., et surtout une femme qui cherche à se battre becs et ongles pour ne pas accepter la fatalité et à jamais se laisser prendre au piège d’un quotidien anxiogène et mortifére.
Femme amoureuse, mère aimante, combattante exceptionnelle, Magda est de tous ces combats. Bref, un vrai rôle en or pour la Pénélope, et on est ravi de la retrouver après plusieurs années de vaches maigres pour défendre un aussi beau personnage, ce qu'elle fait avec une abnégation et un courage qu'on ne lui connaissait plus depuis longtemps. Et la caméra de Julio Medem illumine la destinée tragique de Magda et magnifie une Penélope Cruz plus belle que jamais.
Poignant, osé, audacieux, Ma Ma est donc un très beau film qu'on espère voir pas mal distribué mercredi prochain pour que le plus grand nombre puisse être autant ému que j'ai pu l'être..
Ma Ma - Trailer [VO]