Cette étendue d’eau qui m’apaise, là m’angoisse, sans doute parce qu’elle anormalement haute. C’est quoi ce bazar quand on ne distingue plus la berge, de la rivière, on a l’impression que l’eau est un vaste miroir, une patinoire sur laquelle on va glisser.
En rentrant l’autre soir, près du pont de l’Alma, la tour Eiffel semblait avoir les pieds dans l’eau et sur les quais des rats se faufilaient l’horreur. Et ce ciel bas lourd, comme un couvercle comme le dit Baudelaire, ça donne vraiment une athmosphère de fin de siècle.
Retour à la maison et encore cette eau, qui sort des bouches d’égouts et fait de jolies mares sur la route où la lumière des réverbères ou des voitures se reflètent. Eau boueuse qui passe paresseusement sous la fenêtre et qui submerge arbres, jardins en un rien de temps. Eau contre laquelle on ne peut rien à part prendre ses jambes à son cou, ou prendre un peu de hauteur.
Se rappeler alors qu’on est qu’un élément infime face à la grandeur de la nature, que les souvenirs, les papiers, les choses auxquels on tient peuvent s’effacer soudainement. Flippant, de sentir la peur s’insinuer dans chaque repli de sa peau, jusqu’à déborder comme la Seine par les yeux.
Avoir une peur enfantine, qui submerge puis qui lentement reflue comme la crue.