Chaque jour passant, on constate combien le capitalisme galopant conquis le cœur des personnes les plus candides. Ce que 99 Homes rappelle sur le fil de son rasoir, c'est qu'il fait également de ses victimes ses soldats les plus valeureux, perpétuant un système malade de sa propre gourmandise. A ce stade-là, le film de Ramin Bahrani ne tient plus du thriller malin et tendu, mais de la piqûre de rappel à la pointe bien acérée.
En pleine maitrise d'une narration parfois un peu manichéenne, Bahrani nous explique en quoi un monsieur tout le monde, expulsé de son chez soi familial, devient le pantin d'un ponte de la saisie immobilière. Le dilemme moral qui nait de cette situation plus banale qu'on ne le croit est au cœur d'un film au constat amer. Son humanité crie son désarroi sous le poids du réel, présenté ici dans son injustice la plus totale.
La grandeur d'âme du long-métrage est de donner un supplément d'âme à chaque personnage, même celui de Michael Shannon, à la fois vulnérable et cupide. C'est pourtant l'hallucinante composition d'Andrew Garfield qui fait battre le cœur de ce récit giflant son époque d'une main pleine d'humanité. L'impuissance qu'il déclenche grave dans notre mémoire la soumission à notre monde capitaliste et à son absence de logique.
99 Homes est disponible en Blu-Ray, DVD & VOD. Et puisque le conformisme est le plus dangereux des poisons, cliquez sur la critique de notre cher Nicolas pour vous donner un avis nettement moins emporté.