Des cheveux de sirène, un joli sourire, un violon, une pédale loop et un petit filet de voix cassée : voilà ce que nous propose la Canadienne Hannah Epperson, qui ouvre le bal, ce vendredi 3 juin, pieds nus dans un Pop-Up du Label attentif et emballé. Venue de Londres le jour-même Hannah est bavarde et fantasque, elle nous parle de la crue de la Seine, de Vancouver où elle a habité, de #JeSuisCharlie ou du fait qu'elle a tendance à beaucoup trop parler pendant ses sets, puis brusquement se remet à jouer pour que " tout le monde ce soir dispose du même temps ". La jeune femme a très sûrement étudié les Suites pour violon de Bach, bien que l'on retrouve également des airs plus contemporains à la Yann Tiersen dans ses mélodies, comme des touches d'Agnès Obel, Feist, ou d'Andrew Bird par endroit. Chacune de ses compositions est bâtie sur un socle rythmique (souvent de pizz pour le côté percussif) composé de loops au violon qui se mêlent à des vagues plus contemplatives à l'archet et quelques basses, rares. Puis, elle pose sa voix... un timbre qu'on avait à tort jugé frêle, mais qui sait se faire imposant et solide, tout en nuances. Hannah joue plus qu'elle ne chante, mais elle parvient très vite à nous embarquer tout près d'elle avec " Story " ou " Farthest Distance ", on ferme les paupières, et on se laisse totalement submerger par une vague de bien-être et de paix intérieure. Hannah Céleste.
C'est Charlie Cunningam qui prend la suite. Paris et lui, c'est une histoire de rendez-vous manqués. Finalement, ce soir il est bel et bien là, pour son premier concert parisien, et le public est connaisseur. Assis sur sa chaise au beau milieu d'une scène remplie à ras-bord d'instruments en tous genres, l'Anglais qui promet de ne pas renverser sa bière sur l'ampli d'Aidan Knight, forme un cocon protecteur autour de sa guitare. Ils ne sont qu'un et même corps, ils se comprennent et s'écoutent. Une guitare folk aux tonalités hispanisantes dont il maîtrise toutes les techniques. Et quelle technique ! Impossible de ne pas être admiratifs de cette main droite qui semble si flexible, agile et ferme à la fois quand elle rebondit avec une précision diabolique sur la caisse de résonance de la guitare, puis s'élance avec minutie dans la suite des sinuosités de l'accompagnement. Assis à même le sol, le public est conquis par l'aérienne " Blindfold ", l'andalouse " Breather ", la mélancolique " While You Are Young "... chaque chanson est unique et précieuse, élégante même. Le temps file, nos esprits (comblés) sont déjà ailleurs, à 20000 lieues de là... entièrement amnesiés par un sentiment de bonheur absolu. Les dernières notes de " Lights Off " résonnent encore dans nos pensées, que l'Anglais souriant remballe sa guitare et rejoint le public, promettant de revenir dès que possible. Oui, demain serait parfait.
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Après un pow-woh pré-show dans le fond de la salle Aidan Knight et son band viennent s'encastrer à leur tour sur la petit scène du Pop-Up. On avait déjà vu la formation canadienne alors qu'ils tournaient avec Half Moon Run en début d'année. On admet ne pas accrocher plus que ça à la proposition rock-folk du groupe. Une histoire de feeling je suppose, car de jolies choses attirent nos oreilles dès que l'accompagnement est plus épuré (guitare-cuivres par exemple), moins chargé mélodiquement, et que l'on peut alors enfin distinguer le timbre de voix vaporeux et nébuleux du frontman. En fait, on pense qu'on aime Aidan Knight en projet solo. Too bad.
Texte : Emma Shindo / Photos : Sabine Bouchoul