A force de modifications, on ne sait plus très bien à quoi ressemble le Brussels Film Festival. Les festivals de cinéma comme Anima, le BIFFF ou encore le Brussels Short Film Festival ont pris une telle ampleur nationale et internationale que l'on est en droit de se demander à quoi sert encore un Brussels Film Festival.
Et pourtant, il est peut-être le seul qui marque la particularité de la Capitale belge, celle d'être aussi la Capitale européenne. En mettant le cinéma européen en avant, ce festival encre encore un peu plus Bruxelles dans l'Europe. Et c'est une très bonne chose !
Mais faudrait-il être un minimum curieux pour avoir envie de se rendre fin juin à Flagey car qui a envie de voir un film roumain ou polonais ? Une leçon de cinéma de Volker Schlöndorff ? Pas le grand public. Au premier regard, la programmation n'a rien de sexy. Elle serait plutôt radicale et aucune star digne d'un tapis rouge cannois à l'horizon. Ce n'est pas le parrain de cette édition, Guy Bedos, qui va le rendre plus glamour.
A y regarder de plus prês, je pourrais néanmoins vous conseiller quelques séances à ne pas rater.
> THE STUDENT : Présenté à la section Un Certain Regard du dernier Festival de Cannes, ce long métrage russe a fait beaucoup parlé de lui sur la Croisette. En effet, la thématique du film, l'intégrisme religieux, est au cœur de ce film à la fois drôle, glaçant et d'une terrible actualité.
Veniamin, un adolescent pas comme les autres, vit en Russie baltique. Il plonge dans une lecture frénétique de la Bible et rejette l'enseignement qu'on lui prodigue, s'insurge contre les jeunes filles portant un bikini au lieu d'un maillot une pièce, met en cause la théorie de l'évolution en biologie... Il ne tendera pas non plus l'autre joue mais plutôt le poing et la colère. Kirill Serebrennikov nous livre une œuvre dérangeante à l'humour décapant. Sa mise en scène splendide, faite d'audaces visuelles et de plans séquence chorégraphiés donnent de l'urgence à ce terrible récit, son travail sur les couleurs lui insufle de la vie, et ses acteurs tous parfaits rendent très convaincante cette plongée infernale dans l'obscurantisme.
> TONI ERDMANN : Ce film allemand était également à Cannes, en compétition. Il a énormément plu aux journalistes présents. Il est d'ailleurs une des raisons pour laquelle le palmarès a été tant décrit par la presse qui ne comprend pas comment Toni Erdmann n'a pas reçu un seul prix. En coulisses, ils se murmurent que le président George Miller avait mis son véto à tout prix sur ce long métrage.
Winfried et sa fille ont des relations passablement difficiles. Il essaie de se rapprocher d'elle à la mort de son chien et part lui rendre visite à Bucharest. Mais si tout était si simple entre ces deux là, ça se saurait. Drôle, voire très drôle par moment, original, sensible et très personelle, Toni Erdmann a de quoi séduire plus d'un cinéphile. Maren Ade a été très remarquée à Sundance en 2005 et triplement primée à Berlin en 2009 avec Everyone Else. Souvent rattachée à l'école de Berlin ou autrement dit ce qui se fait de plus intéressant en Allemagne ces dernières années, elle nous livre ici un film qui traite avec brio des relations entre un père et sa fille.
> L'EFFET AQUATIQUE : Encore un film cannois. Il a remporté le Prix SACD de la Quinzaine des Réalisateurs en mai dernier. C'est la troisième fois que la réalisatrice Solveig Anspach présentait un film à Cannes. Nous l'avions découverte avec Haut les cœurs, à la Quinzaine des Réalisateurs, dans lequel Karin Viard interprétait le rôle principal d'une femme atteinte du cancer avec une justesse inoubliable. Elle était revenue en 2003 au Certain Regard avec Stormy Weather. Presque 20 ans plus tard, la cinéaste d'origine islandaise est rattrappée par la maladie et nous quitte en laissant un oeuvre posthume légère, pleine de vie, d'humour et d'amour.
Le film raconte avec beaucoup de bonheur la rencontre entre Samir, la quarantaine dégingandée, grutier à Montreuil, qui tombe raide dingue d'Agathe. Comme elle est maître-nageuse à la piscine Maurice Thorez, il décide, pour s'en approcher, de prendre des leçons de natation avec elle, alors qu'il sait parfaitement nager. Mais son mensonge ne tient pas trois jours - et Agathe déteste les menteurs! Il va alors tout faire pour reconquérir sa belle.
> STRIKE A POSE : De 1990 à 1992, sept jeunes danseurs gay accompagnent Madonna lors de sa fameuse tournée mondiale. Elle en utilise l'impact médiatique pour défendre les droits des homosexuels. A l'époque, un documentaire retrace cette aventure musicale et humaine jusque dans l'intimité des danseurs qui deviennent de véritables icônes du mouvement gay. 25 ans plus tard, les réalisateurs se mettent à la recherche des six survivants dont certains étaient atteints du SIDA. Ils ravivent leurs souvenirs, les difficultés de se reconstruire après la tournée et le procès que certains ont intenté contre Madonna pour exploitation abusive de leur image. Présenté à la dernière Berlinale et à Tribeca, Strike a Pose touche par son propos et sa sensibilité à aborder des thèmes comme le mouvement gay, le SIDA, l'amitié et la chute après la starisation.
> CINEMA BELGE : Le Brussels Film Festival présente une large sélection de films belges, tous diffusés en plein air... et donc gratuitement ! Vous y retrouverez JE SUIS MORT MAIS J'AI DES AMIS, LE TOUT NOUVEAU TESTAMENT, PARASOL, LES PREMIERS, LES DERNIERS, LES COWBOYS, TOUS LES CHATS SONT GRIS ou encore BADEN BADEN.
Plus d'infos :
Dates : 17 > 24 juin 2016
Programmation complète : brusselsfilmfestival.be