Né dans le Kentucky en 1942, Cassius Clay décide, sous les conseils avisés d’un policier, de se mettre à la boxe, dans un premier temps pour infliger une correction à celui qui a eu le tort de lui voler son vélo. La boxe qui ne le lâche plus. En 1960, il s’envole pour les Jeux Olympiques de Rome et remporte la médaille d’or dans la catégorie mi-lourds, avant de passer professionnel. Il affronte ensuite l’invincible Sonny Liston, le Champion du Monde des poids lourds, et gagne. C’est alors qu’il s’engage auprès du mouvement Nation of Islam, notamment après avoir rencontré Malcolm X. C’est là aussi qu’il adopte le nom de Mohamed Ali, puis qu’il n’hésite pas à critiquer ouvertement l’implication américaine au Vietnam. Il refusera d’ailleurs son incorporation. Une décision qui lui coûtera son titre et qui le tiendra éloigné des rings pendant de longs mois. Une retraite forcée dont profite Joe Frazier, une étoile montante, qui infligera d’ailleurs à Ali sa première défaite quand ce dernier effectuera son grand retour.
En quête de vengeance, Ali terrasse Frazier en janvier 1974, mais ce dernier n’est plus le champion. Le titre, c’est George Foreman qui le détient. Un mastodonte qu’Ali combattra lors du match le boxe le plus légendaire de tous les temps : le Rumble in the Jungle ! Un Rumble in the Jungle qui a lieu au Zaïre le 30 octobre 1974 et qui voit Mohamed Ali retrouvera toute sa superbe…
Cette histoire est depuis belle lurette gravée dans la pierre. Boxeur ayant su marquer les esprits et largement dépasser les simples frontières de son sport pour devenir une véritable icone, Ali fut aussi une force politique, une grande gueule aux punchlines cinglantes, un héros du pacifisme, un contestataire et un monstre de charisme.
En toute logique, une telle personnalité ne pouvait qu’inspirer le cinéma. Sylvester Stallone par exemple, qui, après avoir vu l’outsider Chuck Wepner, qu’Ali pensait allonger en moins de 3 rounds, tenir finalement 15 rounds et envoyer, à un moment clé, Ali au tapis, écrivit le scénario de Rocky. Sly qui créa Apollo Creed, le champion à la gouaille unique incarné par Carl Weather, en s’inspirant très largement d’Ali.
Michael Mann bien sûr, avec le biopic Ali, illustra la vie du maître de la plus belle des manières, soutenu par un Will Smith investi comme jamais. Un film notamment articulé autour du Rumble in the Jungle qui est resté à juste titre dans les mémoires.
Ali fut aussi au centre d’un documentaire culte, à savoir When We Where Kings, lui aussi focalisé sur le combat contre Foreman au Zaïre. On peut aussi citer le plus récent Muhammad Ali’s Greatest Fight, de Stephen Frears.
Preuve que son nom est aussi associé au monde du cinéma : Ali possède son étoile sur Hollywood Boulevard. Une étoile qui, contrairement aux autres, ne figure pas sur le trottoir, mais sur un mur, car Ali ne voulait pas, en raison de son attachement aux préceptes de l’Islam, que les gens marchent sur le nom du Prophète. Le comité chargé de l’attribution des étoiles ayant accédé à sa demande.
C’est en 1984 que l’on diagnostique à Ali la maladie de Parkinson. C’est là que débute son plus long et difficile combat, contre un adversaire perfide, qui n’hésite pas à utiliser des coups bas pour mettre à mal la résistance de l’athlète. Mais même le mal dont il souffre n’arrive pas à le mettre au tapis, Ali puisant sans cesse dans des réserves alimentées par une volonté hors-norme.
Mohamed Ali fait sa dernière apparition publique lors d’un gala de charité en avril 2016. Il raccrochera définitivement les gants quelques semaines plus tard, le 3 juin. Il avait 74 ans et toute sa vie, il n’a cessé de « voler comme un papillon et piquer comme une abeille ».
@ Gilles Rolland