Duel au soleil

Par Mrvladdy @mrvladdycrane

Duel au soleil (Duel in the sun). 2 heures 18. États-Unis. Western. Sortie en France le 1er janvier 1949. Réalisé par King Vidor avec Jennifer Jones, Gregory Peck, Joseph Cotten, Lionel Barrymore, Lillian Gish, Walter Huston, Herbert Marshall, Charles Bickford, Harry Carey, Joan Tetzel, Tilly Losch, Butterfly McQueen…

Scott Chavez est condamné à la pendaison pour avoir assassiné sa femme, Indienne, qui multipliait les aventures extra-conjugales. Avant de mourir, il confie sa fille, Pearl, à une ancienne amie, Laura Belle McCanles, installée dans un ranch texan avec son mari, Jackson, sénateur infirme, et ses deux fils, Jesse et Lewt. Pearl est fort mal accueillie par le père, mais plaît immédiatement aux deux frères.
Jesse, un gentleman, garde ses sentiments pour lui alors que son cadet Lewt, un voyou sans scrupules, cherche aussitôt à séduire la jeune fille. Pearl, qui a promis à son père de devenir une jeune fille honorable, résistera autant qu’elle peut avant de céder à Lewt…

Lorsque j’ai fait ma liste de films à voir dans le cadre de mon cycle consacré aux westerns, ce « Duel au soleil » n’en faisait pas parti. Je n’en avais pas vraiment entendu parler aussi pour être honnête. Puis, comme on me l’a conseillé et qu’il se trouvait que dans mon cycle, je n’avais pas beaucoup de films des années 40, j’ai voulu lui laisser sa chance.

Je suis peut-être passé à côté mais j’ai vraiment eu du mal avec ce scénario écrit par David O. Selznick, Ben Hecht et Oliver H.P. Garrett d’après l’œuvre de Niven Busch. J’ai eu avec cette histoire le syndrome « Autant en emporte le vent » (produit aussi par David O. Selznick d’ailleurs) à savoir que de base, je trouve l’histoire intéressante mais très vite, le personnage principal féminin et son comportement m’agace au point de prendre le dessus sur le récit.

Que je n’ai pas d’empathie pour Lewt, ça se comprends un peu mais le fait de n’avoir aucune sympathie pour Pearl dont presque chaque apparition m’a paru stupide a beaucoup aidé à ce que le film ne fonctionne pas sur moi. Du coup, si certains points auraient pu être davantage creusés comme le racisme de l’époque ou la passion de Jesse (qui semble trop légère pour marquer nos esprits et le récit), j’ai juste trouvé qu’il s’agissait ici d’une simple « romance » bien lourde et bien mal traité.

Il m’a semblé comprendre que cette production chaotique ait pris des libertés par rapport au livre d’origine (des scènes de viols furent changées en scènes d’amour, édulcorant fortement la nouvelle de Niven Busch). Si le scénario aurait été plus fidèle, peut-être que l’histoire m’aurait paru plus crédible (j’en sais rien je n’ai pas lu le livre) mais en l’état, j’ai juste trouvé ça poussif et lourd à l’image de la scène finale.

Si je ne suis pas fan du personnage principal féminin, c’est surtout à cause de son écriture car à côté de ça, Jennifer Jones (Pearl Chevez) fait le boulot. Elle est agréable à voir, elle est dans la surenchère comme c’est souvent le cas à l’époque et je n’ai pas trouvé son jeu totalement honteux. C’est vraiment avec son personnage et non l’actrice que j’ai eu du mal.

Pour le duel, Gregory Peck (Lewt McCanles) ne m’a pas convaincu. Je l’ai trouvé bien meilleur ailleurs. J’aurais bien aimé voir davantage Joseph Cotten (Jesse McCanles) qui s’en sort mieux. Le reste de la distribution est un peu plus en retrait même si l’on aurait pu aussi creuser un peu plus le personnage de Lionel Barrymore (Sénateur McCanles) plutôt que de rester dans la caricature ainsi que celui de Lillian Gish (Laura Belle McCanles).

Les autres rôles secondaires sont un peu plus anecdotiques. Niveau caricature, on est bien servi aussi avec Walter Huston (Le prêcheur) tandis que j’ai quand même eu un peu d’affection et une envie d’en voir davantage avec Charles Bickford (Sam Pierce). En revanche, Butterfly McQueen (Vasht) m’irrite vraiment dans son stéréotype. Heureusement qu’on la voit peu car ce qui peut sembler amusant au début devient vite gavant.

Réalisant la plupart des scènes et au regard des difficultés liés à ce tournage (valse de réalisateurs, plusieurs coupes au montage…), le travail de King Vidor reste assez honorable. Ce n’est pas exceptionnel mais ça tient plutôt bien la route. J’aimerais bien savoir ce qu’il a vraiment mis en scène en tout cas et ce que l’on doit aux autres réalisateurs qui ont été remercié par David O. Selznick durant le tournage (Otto Brower, William Dieterle, Sidney Franklin, William Cameron Menzies, Josef von Sternberg et David O. Selznick lui-même qui tourna quelques plans).

Quoiqu’il en soit, les meubles sont quand même sauvés avec une mise en scène pas trop pénible qui nous offre de bons décors. Si le producteur voulait égaler son succès passé avec « Autant en emporte le vent », il a réussi son pari avec sa romance lourde, c’est juste dommage qu’il ait oublié de mettre une dimension un peu épique à son récit. Très menacé par David O. Selznick (qui s’est vraiment tiré plusieurs balles dans le pied avec ce film qui marqua la fin de son aura à Hollywood) avec qui il ne s’entendait pas, le compositeur Dimitri Tiomkin limite la casse aussi.

Pour résumer, j’ai un peu de frustration à l’issu de mon visionnage avec ce « Duel au soleil ». La base est intéressante, je pense qu’il y avait vraiment matière à faire quelque chose de fort mais à cause d’une « romance » bien lourde et d’un personnage féminin qui m’a très vite gonflé, le long métrage m’a vite paru peu passionnant sans pour autant m’ennuyer. Je ne suis pas sûr de vouloir revoir ce film mais quand on s’intéresse un peu aux soucis qu’il y a eu sur le plateau durant le tournage, le résultat est quand même honorable et rien que pour ça, on frôle presque l’exploit.