Le livre se présente ainsi : un texte autobiographique de Joséphine T., un texte de Mallarmé (Un spectacle interrompu) et, entre ces deux textes, plusieurs chapitres écrits par Christiane Veschambre pour les relier.
Joséphine est la mère de Christiane. Dans son récit, elle évoque une « famille très pauvre et même si pauvre que je n’avais pas de père. Tout au moins il n’a pas daigné me reconnaître. Il a abusé de ma pauvre mère (qui, je n’ose pas le dire, j’ose le dire, n’était pas tout à fait normale). En tout cas, une mère qui m’aimait profondément. » Puis cette vie difficile va conduire Joséphine à Versailles où elle se mariera avec Robert qui partira pour la guerre dont il ne reviendra que cinq ans plus tard.
Dans le récit de Mallarmé, un ours se dresse et pose ses pattes sur les épaules du clown à paillettes qui faisait le fanfaron devant lui. On lui jette de la viande pour le détourner du clown qui défaille. Mallarmé dit entendre les pensées de l’ours qui propose un « pacte de réconciliation » entre deux frères, l’un « dépositaire de notre orgueil », l’autre « vêtu encore du séjour informe des cavernes ».
Christiane Veschambre lit et lie ces deux textes par quelques mots qu’on trouve dans l’un et l’autre : la viande qu’on jette à l’ours et celle que son père vole un jour de Noël, ou l’ours même, « rejeton des sites arctiques » dans le texte de Mallarmé, et l’ours en peluche à propos duquel Joséphine écrit : La commerçante « connaissait notre situation, elle nous a donné le jouet et nous a dit de payer ce que nous pouvions », écrit Joséphine.
Réconcilier les deux parties de nous-mêmes. Celle qui veut briller et celle qui vient de l’obscurité. Et c’est, selon Christiane, le travail du poète que d’entendre et restituer le message des cavernes, et rendre visible « notre image », faite de ces deux parties.
Dans un livre plus récent, La maison de terre, elle explore son histoire familiale. À l’écouter, à l’espace de L’autre Livre, à Paris, fin avril, j’ai eu le sentiment que son histoire avait quelques ressemblances avec la mienne, ne serait-ce que par les prénoms par lesquels elle s’est transmise, et j’ai lu La griffe et les rubans.
D'autres textes de Christiane Veschambre sont présentés ici.