Et à quoi sert le Ministre ?
On savait que lors des attentats du 13 novembre 2015, un policier de la Brigade Anti-Criminalité avait fait preuve de grand courage un affrontant avec une simple arme de point les terroristes retranchés dans la salle de concert du Bataclan à Paris qui mitraillaient au fusil d'assaut. On savait aussi qu'un détachement de militaires, eux-mêmes armés de fusils d'assaut, avait refusé d'intervenir au prétexte qu'ils n'en avaient pas l'ordre. Mais voilà que, selon le sinistre, pardon le Ministre, tout ceci est parfaitement dans les règles. Voyez donc ! La chaîne de commandement a été respectée, du militaire à son supérieur de son supérieur au supérieur du supérieur et ainsi de suite jusqu'au préfet qui en réfère au ministre de la Défense qui décide. Et retour. Ou plutôt pas de retour du tout puisque l'ordre d'intervenir n'est jamais parvenu. Et, pendant ce temps-là, on continuait de mourir au Bataclan.
Selon Jean-Yves Le Drian, ledit ministre entendu par une commission parlementaire de l'Assemblée nationale, tout ceci se justifie parfaitement.
D'une, les militaires en patrouille dans le cadre du dispositif 'Sentinelle' "ne sont pas formés aux interventions en présence d'otages". Sauf qu'en l'espèce il n'y avait pas encore d'otages au moment où ce policier a eu l'outrecuidance de suggérer que peut-être ces Messieurs pourraient envisager d'intervenir... et que les théâtres d'intervention de la guerre moderne sont des villes peuplées de civils. On espère tout de même que les militaires sont formés à faire le distinguo sinon à quoi bon les envoyer promener dans les rues ?
De deux, ils n'avaient pas à prêter leurs fusils d'assaut à un vulgaire policier vu que jamais au grand "jamais un soldat engagé sous le feu ne se sépare de son arme". Quel noble principe en effet et combien intangible ! Sous le feu ? Comment cela sous le feu ? Car justement ils n'étaient pas engagés sous le feu, vu qu'ils n'étaient pas engagés du tout ! Mais encore "de telles armes ne se manipulent pas aisément, même pour un professionnel des forces de l'ordre". C'est sûr, le professionnel des forces de l'ordre qui a réussi à abattre un des terroristes d'une seule balle de pistolet était sans doute beaucoup trop débile pour comprendre une arme de si haute technologie que le premier amateur venu maîtrise en... deux minutes. Pour dire à quel point la chose est compliquée : https://www.youtube.com/watch?v=V1a7-RY9PKE Imaginez, il aurait pu se blesser !
Bien sûr, dit le Ministre, il n'est "pas exclu que des militaires puissent intervenir avant les forces de police en cas d'attentat s'ils arrivent les premiers sur les lieux". Il serait en effet difficile qu'ils interviennent avant s'ils arrivent après ! "La loi prévoit légitime défense, état de nécessité, péril meurtrier... si on est dans un tel scénario, oui, ils interviennent". Ah que oui ! Mais le soir du 13 novembre, bien sûr, il n'y avait pas du tout péril meurtrier.
Bilan : 90 morts.