"Ceux qui se sont aimés pendant leur vie et qui se font inhumer l'un à côté de l'autre
ne sont peut-être pas aussi fous qu'on pense. Peut-être leurs cendres se pressent,
se mêlent et s'unissent. [...]
Ô ma Sophie, il me resterait donc un espoir de vous toucher, de vous sentir,
de vous aimer, de vous chercher, de m'unir, de me confondre avec vous
lorsque nous ne serons plus.
S'il y avait dans nos principes une loi d'affinité, s'il nous était réservé
de composer un être commun; si je devais dans la suite des siècles refaire
un tout avec vous; si les molécules de votre amant dissous venaient à s'agiter,
à se mouvoir et à rechercher les vôtres éparses dans la nature !
Laissez-moi cette chimère. Elle m'est douce.
Elle m'assurerait l'éternité en vous et avec vous..."
Lettre de Diderot à Sophie Volland (15 octobre 1759)