" D'un coup, les " milliardaires de Louisville " se désolidarisent du fardeau Clay-Ali devenu ingérable et trop encombrant pour eux : les Vétérans de la première guerre mondiale associés à l'American Legion font fermer les bureaux de location du closed-circuit juste avant le championnat disputé à Toronto, titre en jeu, entre leur protégé et le Canadien George Chuvalo.
Au lieu des trois millions de dollars de rentrées prévisionnelles, le trésorier n'en enregistre que cinq cent mille. Autre contrariété de taille, le fisc canadien bloque la bourse du champion du monde (un peu plus de soixante mille dollars, la plus faible depuis quatorze ans dans un tel match) pour la remettre obligeamment à son homologue américain qui attend de sa faire payer un arriéré d'impôts.
Le contrat liant le groupe de Louisville au champion n'est pas reconduit et le managérat d'Ali-la patate brûlante est refilé en douceur et sans beaucoup de bruit à Herbert Muhammad (qui fut dans un premier temps présenté comme directeur de conscience et public-relations), déjà conseiller financier personnel de son père et du mouvement noir.
D'autant que pour ses propos antipatriotiques en plein conflit américano-vietnamien " moi, je n'ai pas de querelle avec le Viêt-cong, avait-il répondu à un journaliste " puis par son refus résolu de " servir l'armée américaine parce que je sers la nation de l'Islam ", Ali est sur le point d'être triplement déchu. En première instance, la cour fédérale de Houston le condamne en 1967 à cinq ans de prison. Son passeport lui est retiré. Puis la World Boxing Association le démet de son titre de champion du monde. Fin du premier acte...