Metz (prononcer mess) se trouve dans la région historique et culturelle de Lorraine. Ville tri-millénaire, elle présente une importante diversité architecturale, de l’antiquité au XXe siècle, d'influence française, mais aussi germanique. Au dernier recensement de 2013, Metz comptait 119.000 habitants. Son aire urbaine en compte environ 389.000.
Les Hauts-de-Sainte-Croix ont livré quelques tessons du IVe millénaire avant JC, mais l’occupation attestée du site ne commence qu’au Ier siècle avant JC avec la présence de fonds de cabane et des emplacements de maisons de bois et de torchis ainsi qu’une nécropole à urnes cinéraires.
Le nom du peuple des Médiomatriques, une tribu celtique qui allait donner son nom à Metz, apparaît dans un récit du général romain Jules César. Cette tribu s’est fixée certainement au IIIe siècle avant JC sur un territoire allant de l’Argonne aux Vosges mosellanes. Ils édifient leur principal oppidum sur la colline de Sainte-Croix. Cet oppidum est un centre économique groupant des ateliers d’artisans travaillant les métaux et la terre cuite.
En -58, les Romains occupent la ville et la transforment en cité administrative et militaire. L’importance de la ville est grande ; en 27, elle faisait partie des soixante capitales gauloises. Le plan de la ville reproduit celui classique de la ville romaine. Les fouilles archéologiques récentes ont révélé une agglomération de bâtiments en bois et torchis, établie selon le quadrillage propre aux villes romaines avec cardo et decumanus. L'amphithéâtre, construit certainement à la fin du Ier siècle à l’emplacement de l’actuelle gare de marchandises, disposait de 25.000 places. Il était le plus grand des Gaules et l’un des plus grands du monde romain. L’aqueduc de Gorze à Metz long de 22 km traversant la Moselle et dont on voit les arches à Jouy-aux-Arches alimentait la ville en eau. Les vestiges de plusieurs thermes ont été trouvés.
À partir de 245, les périodes de paix sont entrecoupées d’épisodes violents et de destructions. La ville est envahie et détruite une première fois en 253 par les Alamans. Dans ce climat de moindre sécurité, la ville s’entoure alors d’une enceinte de 3,5 mètres d’épaisseur percée de plusieurs portes où sont remployés des éléments d’architecture et des stèles des monuments romains. Ces troubles et les premières invasions entraînent certainement un ralentissement des activités artisanales.
Le temple neuf
Une production nouvelle, la vigne, fait son apparition à partir de 283. Ce vignoble se propage rapidement dans les alentours de la ville où apparaît également le mirabellier.
En 297, la cité des Médiomatriques est intégrée dans la Belgique première et perd son territoire à l’ouest avec l’émergence de la cité de Verdun. Par contre, Metz bénéficie de la proximité de Trèves promue au rang de capitale de l’Empire. L’axe de communication Rhin-Rhône permet une diffusion plus rapide que dans le reste de la Gaule des nouvelles idées religieuses. L’Église de Metz est l’une des plus anciennes avec celles de Reims et de Trèves. La diffusion du christianisme arrive à Metz à la fin du IIIe siècle, avec le premier évêque, Clément.
Au IVe siècle, le nom Divodurum Mediomatricorum des Romains n’est plus d’usage, on rencontre la forme dérivée et simplifiée de Médiomatrix, laquelle finira par aboutir au nom de Mettis, rencontré pour la première fois vers 400 et duquel est issu le nom de Metz.
Au Ve siècle, alors que les troupes d’Attila franchissent le Rhin et déferlent sur la Gaule, les Huns tentent un premier siège de la ville puis s’en vont ravager les villes de Toul, Dieuze et Scarpone. Ils reviennent en 451 et la ville est incendiée et pillée et voit sa population décimée.Défaits peu de temps après, les Huns repassent le Rhin et laissent le champ libre aux Francs. Metz est la capitale du royaume d'Austrasie durant deux siècles de la période franque, de 511 à 751.
La gare
L’Église prend une place importante au cœur de la ville : les édifices religieux se multiplient, de nombreuses nécropoles et lieux de cultes foisonnent à l’extérieur des remparts de Metz, et notamment au Sablon, surnommé alors quartier des Basiliques. En tant que capitale austrasienne, la ville messine voit la montée en puissance des pouvoirs religieux et du pouvoir spirituel auquel allait bientôt être rattaché un pouvoir bien plus temporel : l’épiscopat messin s'enrichiy, il possède des terres à l’envi, qui rapportent à la ville des richesses incomparables.
C’est à Metz que naît la dynastie des Carolingiens, inaugurée par Pépin le Bref en 751, descendant de deux familles de l’aristocratie austrasiennes. La ville cesse d’être capitale, tout en restant un des grands centres intellectuels des Gaules. Elle reçoit périodiquement la cour carolingienne alors que son abbaye Saint-Arnould devient la nécropole des Carolingiens et abrite les dépouilles des sœurs et de la première femme de Charlemagne, ainsi que celle de l’empereur Louis le Pieux. Charlemagne favorise tout particulièrement l’Église et donne une impulsion nouvelle à sa célèbre école.
L’évêque bénéficie désormais de l’immunité pour tous ses biens. Ses possessions territoriales sont soustraites à l’action des juges royaux qui ne peuvent y pénétrer. L’évêque et ses sujets échappent à la justice royale et aux impôts. Mais ces droits enlevés au gouvernement royal sont accordés à l’évêque qui a juridiction sur son clergé et sur ses sujets et perçoit des impôts.
Réorganisée par Charlemagne, l’école de Metz atteint la célébrité sous l’épiscopat de son fils naturel Drogon. On y enseigne le latin, un peu de sciences, le catéchisme et aussi les arts mineurs. Cette école possède en outre une remarquable école de chant grégorien, sans doute la première de l’empire. Le pape lui-même y aurait envoyé des maitres experts et sa réputation est telle que pendant un certain temps, le chant grégorien est appelé chant messin.
Palais du Gouverneur
Cette école de Metz consacre également une partie de son activité à la copie de manuscrits, d’où le développement d’un remarquable foyer artistique d’où sortent les plus habiles miniaturistes du temps, qui décorent et ornent les superbes ouvrages du IXe siècle. Le chef-d’œuvre en a été le sacramentaire de Drogon, qui se trouve aujourd’hui à la Bibliothèque nationale.
En démembrant l’Empire carolingien par le traité de Verdun en 843, les petits-fils de Charlemagne ouvrent cette longue querelle qui va durer jusqu’au XXe siècle. L’Austrasie revient à Lothaire Ier. Metz devient la capitale du royaume de Francie médiane et certains conciles s’y tiennent. En 855 par le traité de Prüm, son cadet Lothaire II en reçoit la partie nord qu’il appellera Lotharingie. En 925, Metz, enjeu de cette lutte, passe sous la coupe des rois de Germanie.
En 959, après le partage de la Lotharingie par l’évêque Brunon de Cologne, la Haute-Lotharingie devient le duché de Lorraine. Metz et son territoire deviennent indépendants et sont intégrés au Saint-Empire romain germanique.
La bourgeoise s’enrichissant, elle fait de Metz au XIIIe siècle une république oligarchique, gouvernée par un collège d’échevins à la tête duquel le maître-échevin est élu pour un an. Les institutions de cette république sont l’apanage d’un cercle de familles riches, mais Metz conserve un patriciat suffisamment puissant pour tenir tête aux nouvelles corporations d'artisans du XIVe siècle. Les XIIIe et XIVe siècles constituent l’une des périodes les plus prospères dans l’histoire de Metz, qui compte alors près de 30.000 habitants. Ses foires sont très fréquentées et sa monnaie, la première de la région jusqu’en 1300, est acceptée dans toute l’Europe.
Cathédrale Saint-Etienne
Les changeurs de Metz, dont la corporation est organisée par les évêques depuis le XIIe siècle, prêtent eux aux marchands, comme aux princes, voire à l’empereur. L’un d’eux, Charles IV y promulgue le 25 décembre 1356 la fameuse « Bulle d'or », réglant définitivement les élections impériales du Saint-Empire romain germanique. Cette richesse attise les convoitises et entraîne la cité messine dans des conflits récurrents avec ses voisins.
Après la guerre des quatre seigneurs opposant Jean Ier de Bohême, Baudouin de Luxembourg, Édouard Ier de Bar et Ferry IV de Lorraine à la cité messine (1324), Metz est de nouveau assiégée au cours de la Guerre de la hottée de pommes par Charles II de Lorraine, René Ier d’Anjou et Bernard Ier de Bade en 1428, sans succès.
La prospérité de la république messine décline à partir du XVe siècle. Les épidémies, et la guerre sans fin que lui font les ducs de Lorraine en sont en partie responsables.
Metz est une des dix premières villes de France où se développent l’imprimerie et la typographie. Sur le plan religieux, la proximité de la Suisse et l’appartenance au Saint-Empire romain germanique favorisent l’adoption de la Réforme dès les années 1520. La ville devient un important foyer protestant.
Quartier impérial
En 1552, le roi de France Henri II s’empare des Trois-Evêchés Metz, Toul et Verdun. Henri II fait son entrée solennelle à Metz le 18 avril 1552. Il promet à la ville de conserver ses droits et usages locaux. Charles Quint, voulant reprendre ces villes du Saint-Empire, organise le siège de la ville. Défendue par le duc François de Guise, elle reste aux mains des troupes françaises. Le siège est levé en janvier 1553. Si l’empereur garde officiellement sa souveraineté sur la cité, Metz reçoit une garnison française permanente et se voit dotée d'une nouvelle citadelle dès 1561. Malgré les prières répétées des Messins à la Diète d'Empire, la question des Trois-Évêchés ne sera plus à l'ordre du jour des assemblées impériales à partir de 1582. Cette annexion de facto sera ratifiée de jure par le traité de Westphalie, en 1648. Metz devient une place forte du royaume de France, tandis qu’elle continue de se développer.
Après la révocation de l’Edit de Nantes, les huguenots messins fuient en Hollande et en Allemagne, pour échapper aux dragonnades de Louis XIV. L’émigration messine des protestants vers Berlin, qui cause un réel préjudice à l’économie locale, se traduit en revanche à Berlin par un doublement de la population. Cette émigration se poursuivra tout au long du XVIIIe siècle, vers l'Allemagne, mais aussi vers le Nouveau Monde.
La ville conserve un rôle stratégique important tout au long du XVIIe siècle. Si le Pays messin n'échappe pas aux misères de la Guerre de Trente Ans, la ville de Metz est préservée derrière ses remparts. Sous le règne de Louis XIV, le rôle de place forte de la cité messine est encore renforcé. Vaubanconçoit un premier « Projet général de fortifications » pour la ville de Metz. À peine vingt ans plus tard, en 1698, un second « Projet général de fortifications » est conçu pour renforcer les défenses de la ville. Les travaux de fortifications se poursuivront tout au long du XVIIIe siècle.
La ville s'embellit au XVIIIe siècle. Le maréchal Charles Louis Auguste Fouquet de Belle-Isle, acquis aux idées des Lumières, décide de repenser l’urbanisme de Metz dès 1728. Après avoir doté la ville d’un nouveau théâtre sur l’Ile du petit Saulcy, il souhaite aérer le quartier de la cathédrale, en y créant une place royale centrale, entourée de plusieurs bâtiments publics. Après vingt ans de négociations avec le clergé et les bourgeois messins, il fait finalement appel à l’architecte Jacques-François Blondel pour mener à terme le projet de l’Hôtel de Ville de Metz. Charles-Louis Clérisseau se charge en 1777 des plans de l'hôtel du Gouvernement, actuel Palais de Justice. La construction d'un nouveau palais épiscopal, le marché couvert actuel, est entreprise. Le souffle des Lumières se fait sentir dans la cité, où plus de sept loges maçonniques fleurissent, et jusque dans les abbayes messines, où les bibliothèques s'enrichissent de nombreux ouvrages encyclopédiques. Après l'élection de Pierre-Louis Roederer en octobre 1789, Metz devient le chef-lieu du nouveau département de la Moselle en 1790.
Basilique Saint-Vincent
En 1808, l'Académie de Metz est créée avec un lycée et une faculté des Sciences. Au cours des dernières campagnes de Napoléon Ier, à deux reprises en 1814 et 1815, la ville est assiégée par les forces coalisées. Pour ne pas avoir capitulé, la ville est surnommée la « forteresse de l’Est ».
En 1866, après la bataille de Sadowa, l’Etat-major français se rend compte que les murailles de défense de la ville ne pourraient résister à une invasion de l'armée prussienne. Ces murailles n'avaient été modernisées qu'à l'époque de Vauban et, bien qu'elles aient été rénovées depuis, elles n'apparaissent pas en mesure de résister à une attaque de l'artillerie moderne des Prussiens. L'état major décide alors de renfoncer les défenses de Metz par l'implantation de quatre forts détachés en des points stratégiques : Plappeville, Saint-Julien-lès-Metz, Queuleu et Saint-Privat. La construction de ces forts n'est pas totalement achevée lorsqu'éclate la guerre en 1870.
Pendant la Guerre franco-prussienne de 1870, l’armée impériale du maréchal français Bazaine s’est réfugiée à Metz. Après deux batailles, Metz est assiégée le 20 août et capitule le 28 octobe. Les troupes allemandes pénètrent dans la ville le lendemain. Abandonnée par la majorité des députés français, qui ont voté à la quasi-unanimité sa cession, « la plus forte citadelle de la France » est rattachée au nouvel Empire allemand le 10 mai 1871, conformément au traité de Francfort.
Malgré le départ d’une importante portion de ses élites et de dix à quinze-mille « optants » pour la France, la ville continue de s’agrandir et de se transformer, dominée par la personnalité de son évêque français Paul Dupont des Loges qui est élu député au Reichstag et dont il va devenir l’un des « députés protestataires ». La germanisation de la ville et de ses habitants, inexorable du fait du renouvellement des générations et de l’installation d’immigrés allemands, se fait progressivement. Ces derniers deviennent majoritaires à Metz, dès les années 1890.
Le Pontiffroy
Comme dans le reste de la Moselle, l’enseignement du français est supprimé dans les écoles primaires, où les instituteurs allemands donnent l’enseignement en allemand. Le français est toutefois toléré, comme « langue étrangère », dans les établissements secondaires et dans quelques établissements bilingues. Mais les Messins de souche continuent logiquement à parler français en privé, par tradition ou par attachement à la culture française. Sous Guillaume Ier (1871–1888), on continue d’imprimer et d’importer des livres en français. Trois quotidiens francophones sont également tolérés face aux quotidiens germanophones.
Metz se transforme sous l’action des autorités allemandes qui décident de faire de son urbanisme une vitrine de l’empire wilhelmien. Une école de guerre est ouverte en 1872. De nombreuses casernes voient le jour après 1875. En 1898, le baron von Kramer, maire de Metz, demande à l’empereur Guillaume II la permission d’étendre la ville, au détriment des terrains militaires. L’empereur décide alors de détruire les fortifications de Cormontaigne en conservant la tour Camoufle, la porte Serpenoise et la porte des Allemands. En 1902-1903, l’architecte Conrad Wahn conçoit un plan d’urbanisme pour la Neue Stadt, l’empereur imposant ses conceptions architecturales pour les bâtiments publics. L’éclectisme architectural se traduit par l’apparition de nombreux édifices de style néo-roman tels la poste centrale, le temple protestant ou la nouvelle gare ferroviaire ; de style néo-gothique tels le portail de la cathédrale et le temple de la garnison ; de style néo-baroque tels la chapelle Saint-Charles-Borromée et le palais de l'Intendance ; ou encore de style néo-Renaissance tel le palais du Gouverneur. Des statues glorifient l’empire. Une statue équestre monumentale de l’empereur Guillaume Ier est dressée sur l’Esplanade, une seconde statue, toute aussi imposante, du prince Frédéric-Charles, est élevée dans le jardin de Boufflers, tandis qu’une troisième statue de Frédéric III prend place non loin de la tour Camoufle. Comme dans d’autres cités du Reich, une tour Bismarck est élevée à la mémoire du chancelier sur le mont Saint-Quentin.
Pour ce point stratégique majeur de la défense de l’Empire, l’état-major allemand poursuit les travaux de fortification entamés par Napoléon III. Metz devient une place forte inexpugnable. Elle se présente sous l’aspect d’une ville de garnison allemande animée où se côtoient des Bavarois aux casques à chenille, des Prussiens et des Saxons aux casques à pointe et aux uniformes vert sombre, ou encore des Hessois aux uniformes vert clair. Cette garnison allemande oscille entre 15.000 et 20.000 hommes au début de la période, et dépasse 25.000 hommes avant la Première Guerre mondiale. Au hasard des mutations, les plus grands noms de l’armée allemande comme Göring, Ribbentrop ou Guderian sont passés par Metz, acquérant la conviction que la ville était définitivement allemande.
Chambre de commerce et d'industrie
Chaque année, l’empereur Guillaume II vient dans la cité lorraine, pour inspecter les travaux d’urbanisme et ceux des fortifications. Ses visites sont, pour la ville de Metz, l’occasion d’organiser des parades et des fêtes dignes d’un hôte impérial. Au cours d’une de ses visites, il déclare ainsi : « Metz et son corps d’armée constituent une pierre angulaire dans la puissance militaire de l’Allemagne, destinée à protéger la paix de l’Allemagne, voire de toute l’Europe, paix que j'ai la ferme volonté de sauvegarder. » En 1914, Metz est devenue la première place forte de l'Empire allemand.
Lorsque la Première Guerre mondiale éclate, les Mosellans se battent loyalement pour l’Empire allemand. Très rares sont les appelés qui désertent et, parmi eux, beaucoup tomberont au champ d’honneur sous l’uniforme allemand. Dès le début des hostilités, 15.000 civils sont évacués de Metz vers la Hesse. Les blessés étant nombreux, Metz est bientôt transformée en ville-hôpital, comptant jusqu'à 32 hôpitaux. Rapidement, les camps se radicalisent, les autorités militaires interdisent les quotidiens francophones, censurent la presse et incarcèrent une poignée de sympathisants de la France.
Malgré la protection de sa ceinture fortifiée, l'agglomération messine est touchée par les combats. Au fil du conflit, les bombardements de l'armée française se font en effet de plus en plus intenses. Les Messins accueillent donc avec joie la fin des hostilités et la paix retrouvée. La révolution bolchévique, propagée à Metz par cinq marins de Kiel n'a pas le temps de s'enraciner. Dès le 16 novembre 1918, les mutins quittent la Lorraine, laissant place à l'armée d'occupation française, qui entre le 17 novembre au soir, dans une ville désertée. Ainsi s'achève le rêve impérial des Hohenzollern.
Après l’Armistice de 1918 et le retour à la France, la Moselle reste traumatisée par les déchirures de la guerre et les dommages collatéraux des nationalismes. Les intellectuels mosellans et messins réagiront diversement au rattachement de la Moselle à la France. Certains s’engagent sur la voie d’un nationalisme pro-français, revanchard et cocardier. D’autres s’engagent sur la voie antagoniste d’un nationalisme pro-allemand, tout aussi vindicatif et belliqueux. D’autres encore hésiteront entre un pacifisme sincère, mais naïf, et un régionalisme culturel identitaire. Ce combat identitaire, souvent mené par des intellectuels idéalistes, qui s’inscrit parmi des courants de sensibilité à l’œuvre dans l’Europe entière, traduit aussi une crise d’identité propre à l’ensemble des Alsaciens-Lorrains.
La porte des Allemands
Après l'expulsion massive de citoyens allemands, en 1918 et 1919, touchant toutes les classes de la société, Metz est économiquement très affectée. Sur l’intervention des États-Unis, de nombreux expulsés allemands peuvent cependant revenir à partir de 1920. Mais les classes supérieures, détentrices des capitaux, ne reviennent pas en Moselle. La population germanophone, qui ne représente plus, dans les années vingt, que 30 % de la population messine, se compose maintenant essentiellement d’ouvriers et de petits commerçants. Dans cette population laborieuse, largement ouverte aux idées communistes, est entretenu un sentiment hostile à l’égard de la France. Cette situation perdurera pendant plus d’une génération.
Le rôle militaire de Metz est confirmé avec le siège du commandement de l’état-major de la région Est. De nombreux commerces rouvrent leurs portes. Plus de trois cents cafés que fréquentent assidûment les militaires, valent à la ville le surnom de « petit Paris de l’Est ». La population est devenue bilingue après 48 années d’annexion, et la culture allemande imprègne le mode de vie des Messins. Ainsi, paradoxalement, l’âge d’or de la presse allemande coïncide à Metz avec la période de l’entre-deux-guerres. Beaucoup de notables messins nés pendant l’annexion, comme Gabriel Hocquard ou Robert Schuman, ont suivi une scolarité allemande complète, de l’école primaire à l’université. La majorité des Messins possèdent, par conséquent, une double culture franco-allemande solide à la veille de la Seconde Guerre mondiale.
De la déclaration de guerre de la France à l'Allemagne le 3 septembre 1939 à juin 1940, la « drôle de guerre » donne l’illusion à la France qu’elle tiendra ses positions grâce à la ligne Maginot et qu'elle obtiendra la victoire, comme en 1918. Le sort en décide autrement. Le 14 juin 1940, Metz est déclarée « ville ouverte ». Trois jours plus tard, le 17 juin 1940 à 17 heures précisément, une patrouille motorisée allemande entre dans la ville désertée. Une heure plus tard, le drapeau à croix gammée flotte déjà sur l'Hôtel de Ville.
De nouveau annexée dans les faits, Metz devient poste avancé du Troisième Reich. Le régime de Vichy se limite alors à des protestations si discrètes, qu’elles alimentent dans la population l’idée d’un pacte secret. L’administration municipale est reprise en main par les nazis, qui remplacent la plupart des cadres français. Les rues sont débaptisées, les enseignes des magasins enlevées pour être remplacées par des enseignes allemandes. Enfin, un Oberbürgermeister, cumulant les fonctions administratives de maire et politiques de Kreisleiter, est placé à la tête de l’administration de la cité.
Place Saint-Jacques, immeuble Art nouveau
L'un des premiers mouvements de résistance en France, l’« Espoir français », naît à Metz en juillet 1940. L’organisation sera malheureusement démantelée quelques mois plus tard. Des défilés militaires, ou para-militaires des jeunesses hitlériennes, sont dès lors régulièrement organisés.
Après la visite du chef de la police allemande, Heinrich Himmler, au début du mois de septembre 1940, le chancelier Adolf Hitler se déplace en personne à Metz, pour Noël, le 25 décembre 1940. Mais conscient du ressentiment des Messins, le Führer décide de ne pas faire de discours à la population civile. Hitler se contente de rendre visite à la 1ère division SS.
Le ministre de l'Éducation et de la Propagande du Reich, Joseph Goebbels, se déplace en personne à Metz en 1941, pour visiter les locaux du Metzer Zeitung, un journal de propagande incitant les Mosellans à adhérer aux organisations nazies. Partout, la propagande fait rage, relayée par de nombreuses organisations allemandes, qui recrutent, avec beaucoup de mal, des Messins profondément attachés à la France. Le Service du travail obligatoire pour les jeunes gens est imposé le 1er mai 1941. Certains Messins rejoignent aussitôt le maquis. À partir du 29 août 1942, les jeunes hommes sont enrôlés de force dans la Wehrmacht, la Kriegsmarine ou la Waffen-SS. Ce sont les "malgré-nous".
Au cours du printemps et de l’automne 1944, Metz est bombardée par l’aviation alliée à plusieurs reprises, faisant de nombreuses victimes civiles. Les Messins se terrent autant pour échapper aux bombardements américains, qu’aux réquisitions, toujours plus coercitives, de l’armée allemande.
Centre Pompidou Metz
Le commandement allemand se met à organiser la défense de la ville, pour tenter de contrôler l’avance alliée. C’est dans ces conditions, que se déroule la bataille de Metz, du 27 août au 13 décembre 1944. La IIIe Armée américaine, commandée par le général Patton, fait face à la 1ère Armée du général Von Knobelsdorff. La bataille se solde par de lourdes pertes pour les deux armées. Chars et bombardiers américains se heurtent pendant deux mois à une ceinture de béton, de fer et de feu. Dans ces combats, la population civile n’est pas épargnée. La bataille de Metz se termine enfin le 22 novembre 1944, par la victoire des Alliés.
Revenu à la mairie dès la libération de Metz, Gabriel Hocquard a la lourde tâche de sortir la ville du marasme où les événements l’ont plongée. Les logements manquent cruellement. En outre, les caisses municipales sont vides. Son successeur, Raymond Mondon, va changer le visage urbain de Metz, en l’inscrivant délibérément dans la modernité. Ce choix urbanistique, privilégiant la reconstruction à neuf, à la rénovation de l’immobilier ancien, conduira à certains excès.
Metz connaît alors une période de croissance, tant démographique, qu’économique et urbaine. Après la crise du charbon, celle de la sidérurgie et celle du textile, la ville a diversifié ses activités. Depuis 1945, le rôle militaire de Metz n’a cessé de décroître et la démilitarisation de l’espace urbain se poursuit encore de nos jours.
Désormais à 1h20 min de Paris grâce au TGV, Metz développe son université qui compte aujourd’hui plus de 20.000 étudiants. La cité, l’une des villes les plus fleuries d’Europe, développe les technologies de l’information et de la communication à travers le Technopôle de Metz. Ouverte sur l’Europe, la ville mène une politique de coopération active avec le Luxembourg et le Land de Sarre.
L’histoire particulière de Metz et ses périodes d’annexion successives ont contribué à marqué la ville des styles et des legs urbanistiques de chacune de ces époques. L’avenue Foch symbolise particulièrement cette juxtaposition de styles. Pour répondre aux immeubles de style Renaissance rhénane ou de style baroque construits sous l’empire Allemand, les propriétaires français ont opposé par la suite des immeubles de style Louis XV ou Louis XVI. Ce brassage donne à la ville une identité éclectique, mais cohérente, où la transition est assurée entre chaque quartier. Un nombre important d’édifices sont protégés.
D'après Wikipédia