Brocante

Publié le 04 juin 2016 par Dubruel

Ah ! Elles sont marrantes,

Les brocantes !

La veille du jour J,

On déniche au grenier du logis

Bibelots affreux

Objets poussiéreux,

Instruments oubliés,

Vieux outils dépareillés.

On les passe à la flotte.

On les frotte.

De bonne humeur,

Le dimanche, à sept heures,

Au garage

On les charge

Dans la Clio et on détale.

Place du Marché, on déballe.

Devançant les promeneurs,

Un antiquaire fureteur

Soupèse une ou deux vieilleries

En professionnel aguerri

Et m'achète un miroir de grand-mère

Qu'il revendra beaucoup plus cher

Un passant passe

-Combien ces bottes de chasse

Question d'une pimbêche :

-De quelle époque, votre bobèche ?

Un gars, mains dans les poches :

-Combien la toquante ?

-Cinquante

-Hé, tu m'prends pour une cloche ?

S'arrête une amie bijoutière :

-Cette cafetière,

Tu en demandes combien ?

-Trente-sept.

-Je te l'achète

-Merci bien.

Un petit moustachu :

-Fais voir

Ta bouilloire.

Un grand barbu :

-Combien le pot à lait ?

Il n'est pas jeune mais il me plait.

Pour attirer le chaland,

Je fais l'idiot,

Saluant

Avec mon canotier

Et pourfendant

Avec une branche de noisetier.

Je vends à un jeunot

Un quarante-cinq tours

De rock and roll.

C'est pas le pactole !

Les curieux défilent tour à tour.

Je bazarde une timbale bosselée.

Et trois livres reliés.

Ma femme se débarrasse

De babioles,

Casse les prix des bricoles.

Le temps passe.

Dix-neuf heures.

A cette heure,

Personne ne viendra plus.

Fourbu, perclus,

Je remballe.

Et compte nos euros...

" Ce soir, on se régale :

J'ai de quoi nous payer un bistro ! "