Ah ! Elles sont marrantes,
Les brocantes !
La veille du jour J,
On déniche au grenier du logis
Bibelots affreux
Objets poussiéreux,
Instruments oubliés,
Vieux outils dépareillés.
On les passe à la flotte.
On les frotte.
De bonne humeur,
Le dimanche, à sept heures,
Au garage
On les charge
Dans la Clio et on détale.
Place du Marché, on déballe.
Devançant les promeneurs,
Un antiquaire fureteur
Soupèse une ou deux vieilleries
En professionnel aguerri
Et m'achète un miroir de grand-mère
Qu'il revendra beaucoup plus cher
Un passant passe
-Combien ces bottes de chasse
Question d'une pimbêche :
-De quelle époque, votre bobèche ?
Un gars, mains dans les poches :
-Combien la toquante ?
-Cinquante
-Hé, tu m'prends pour une cloche ?
S'arrête une amie bijoutière :
-Cette cafetière,
Tu en demandes combien ?
-Trente-sept.
-Je te l'achète
-Merci bien.
Un petit moustachu :
-Fais voir
Ta bouilloire.
Un grand barbu :
-Combien le pot à lait ?
Il n'est pas jeune mais il me plait.
Pour attirer le chaland,
Je fais l'idiot,
Saluant
Avec mon canotier
Et pourfendant
Avec une branche de noisetier.
Je vends à un jeunot
Un quarante-cinq tours
De rock and roll.
C'est pas le pactole !
Les curieux défilent tour à tour.
Je bazarde une timbale bosselée.
Et trois livres reliés.
Ma femme se débarrasse
De babioles,
Casse les prix des bricoles.
Le temps passe.
Dix-neuf heures.
A cette heure,
Personne ne viendra plus.
Fourbu, perclus,
Je remballe.
Et compte nos euros...
" Ce soir, on se régale :
J'ai de quoi nous payer un bistro ! "