Du 11 juin au 31 Juillet 2016 - Vernissage le samedi 11 juin à partir de 18h30
Dans ses itinéraires, le plus souvent liés à ses résidences d'artistes, Martine Lafon " évolue dans sa recherche par couches successives. Elle crée dans une démarche qui procède à la fois du repérage à la découverte approfondie d'un lieu patrimonial [...], et d'une collecte de photographies, dessins, notes issues de conversations et de lectures. Ce matériau composite assemblé est traduit en un langage qui instaure un dialogue affirmé entre photographie et dessin. Ce répertoire iconographique riche et pluriel s'épanche en un vocabulaire graphique rythmé au gré des œuvres dans une lecture fine, précise, consciencieuse. L'artiste offre ainsi un regard multiple
Magali Baussan-Wilczynski, mars 2016. (Façonnage et impression, extrait)
Les dessins, photographies et gravures qui constituent l'exposition à la Galerie Deleuze-Rochetin ne sont pas, contrairement à la plupart de ses expositions, issus d'une mission poursuivie en résidence d'artiste. Ils sont élaborés dans un des ateliers de l'artiste, ces cellules où se conçoit le travail. Cependant l'aspect détective de sa démarche
Martine Lafon a réalisé, grâce à la complicité du réalisateur et photographe Jacques Barsac, un ensemble de planches associant la photographie et la gravure ou le dessin, dans la continuité d'un principe, intitulé
Reprenant le titre d'une installation in-situ Imprévu au Jardin réalisé en 2013 au Domaine de la Pièce à Saint Gervais-sur-Mare, elle transpose les huit éléments gravés sur la verrière de la propriété, dans des caissons qui ont désormais leur autonomie et qui sont également présents dans l'exposition (format de l'assemblage 134 x 193 cm).
La couleur rouge, que l'artiste impose comme d'autres le noir et le blanc, conduit le trait ou le fond de la plupart des œuvres présentées.
" Au fond, cette œuvre éprouve et expérimente le sens même de la transition et du passage. Martine Lafon fixe des éléments, des repères, des objets transitoires ; développe des lignes de contact et de liaison qui, parfois, peuvent la conduire très loin, dans un pays aussi lointain que la Lettonie, sur les traces de Mark Rothko, celles de son enfance et de sa jeunesse. Là, un autre monde peut s'ouvrir beaucoup plus loin, vers une sorte d'ailleurs, là où l'horizon ne semble plus avoir de limite. Une sorte d'au-delà est atteint.
Cet accomplissement d'une œuvre par une autre permet à l'artiste d'accéder à une nouvelle dimension, et même à une ampleur nouvelle. Quelque chose de plus grand se donne à voir et à contempler. Au cœur du silence et de la matière seule, Martine Lafon utilise tout son art et ses multiples techniques d'approche - photographie, peinture, gravure - pour atteindre ce point d'équilibre et de rencontre entre le dehors et le dedans. Soudain, au cœur de cet espace nu, et presque vide, le monde extérieur semble coïncider avec l'élément d'une présence invisible et sans nom. Une présence autre, inconnue, dont la grandeur ne peut que se fondre dans la totalité de cet espace sans bord. La couleur rouge se donne et resplendit avant de rejoindre l'œuvre brûlante et méditative de Mark Rothko ; elle affronte cet immense espace blanc et glacé, éclaire le blanc qui aveugle et, par contrecoup, ou effet de contraste, fixe davantage les petites silhouettes de pêcheurs. La couleur rouge règne et fonde l'unité d'un tout ; elle s'étale entre le haut et le bas, le ciel et la terre, l'humain et l'inhumain ; entre l'impressionnante masse de terre glacée et l'être fragile.
Oui, l'atelier du dehors, c'est à la fois l'espace de l'œuvre ouverte, et le monde même.
Extrait d'un texte de Jacques Laurans, L'Atelier du dehors, nov. 2014
Galerie Deleuze-Rochetin, Route d'Uzès D982 - Chemin du Moulin 30700 ARPAILLARGUES