Nous vous avions déjà évoqué combien nous avions apprécié la première saison de Masters of Sex, devenue instantanément l'une de nos séries préférées, dont la qualité artistique était proportionnelle à la frustration qu'elle engendrait - car cette superbe production ne bénéficiait que d'une portée de diffusion réduite en étant exclusivement proposée sur OCS City. Qu'à cela ne tienne, nous avons enquillé la deuxième saison avec un bonheur égal en investissant dans le blu-ray.
Et voilà que le mois d'avril vous propose de pouvoir visionner en qualité HD la troisième saison grâce à la sortie du coffret Sony Pictures Home Video ! Nous avons eu la chance de pouvoir le visionner en long et en large, avec ses scènes additionnelles (dans la plupart des épisodes) coupées au montage et un petit bêtisier sur le dernier disque.
Nous avions laissé notre couple dysfonctionnel (lui, Bill Masters, ex-gynécologue de renom complètement investi dans sa quête de vérité au sujet du sexe mais également totalement hypnotisé par elle, Virginia, mère célibataire intransigeante au charme ravageur et au caractère inébranlable) face aux responsabilités que leur relation non avouée avait engendrées dans leur vie privée ( Libby, la femme de Bill, avait fini par s'investir dans une relation extra-conjugale et la défense des droits civiques des Noirs), à l'aube d'une réussite qui leur tendait les bras. Il était évident de constater l'orientation de la série, délaissant progressivement le côté gentiment voyeur de la première saison pour se concentrer sur une étude des mœurs et le développement des caractères, sans jamais abandonner un témoignage pertinent sur les tabous et déviances de la société américaine d'avant la Révolution sexuelle.
Car celle-ci finit bien par avoir lieu, et Masters & Johnson n'y sont pas étrangers. Comme pour l'entame de la saison 2, le spectateur se voit d'abord contraint d'effectuer un bond dans le temps, en avant : les années ont défilé, les Masters ont désormais plusieurs enfants et l'aînée de Ginie est à l'âge où elle fréquente les garçons. J'ai eu au départ la désagréable impression que les producteurs désiraient en finit au plus vite avec leur matériau originel - alors qu'en fait ils préfèrent se concentrer sur des moments-clefs, des événements-charnière dans le destin de nos protagonistes préférés. Cette fois, l'institut qu'ils ont fondé après avoir été proprement " jetés " de Washington University, est sur les rails, bien que l'autonomie financière ne soit pas encore assurée. C'est pourquoi Betty, l'ancienne tenancière de bordel devenue l'indispensable secrétaire de nos chercheurs (et un des personnages les plus sympathiques par sa spontanéité), fait continuellement la chasse aux sponsors, au grand dam d'un Masters qui souhaiterait tant ne pas devoir vendre une part de son âme au diable Capital.
La tendance observée dans la précédente saison se concrétise : le sexe, bien que demeurant le sujet principal du travail de nos héros, n'apparaît plus que de manière sporadique à l'écran (beaucoup moins de nudité et d'érotisme, donc, tant pis pour les pervers) et c'est bien l'évolution de ce singulier ménage à trois qui prend le dessus, Libby ayant atteint depuis quelques épisodes une importance presque aussi constante que celle de Ginie et Bill (la jaquette n'est pas trompeuse sur ce plan). Ce rejet de sa constituante sexuelle est peut-être symptomatique d'une certaine manière de faire des grandes productions télévisuelles : le sexe ne serait donc, pour un Game of thrones ou un Masters of sex rien d'autre qu'un appât ? Difficile à affirmer péremptoirement, mais on peut se poser la question.
En revanche, on en a pour son argent sur les acteurs qui déploient tout leur talent, et Lizzy Caplan est toujours aussi craquante même si on finit à la longue par être un tantinet agacé par sa propension à retarder certaines syllabes lorsqu'elle est sous le coup de l'émotion. En règle générale, l'interprétation est de haut vol ( Beau Bridges est bluffant) et le septième épisode semble marquer une sorte de retour aux fondamentaux avec la réapparition de personnages issus de la première saison, qui vont impulser une nouvelle dynamique dans la facette tragique de nos deux docteurs en sexologie, Bill voyant d'un très mauvais œil l'étude parallèle menée par Ginie avec ce charmeur de Dan Logan (les fans de the Good Wife y retrouveront avec joie Josh Charles qui interprète un industriel de la parfumerie très proche de son rôle de Will Gardner). Le ton est quoi qu'il en soit un poil plus sombre et la direction prise plus dramatique. On regrettera que certaines pistes soient parfois mises de côté, comme la relation singulière de Bill avec son fils aîné, mais la dramaturgie suit un crescendo qui rappellera les dernières heures de la première saison.
Une quatrième a déjà été commandée par Showtime et on a déjà hâte !
En 1966, le duo de chercheurs Masters & Johnson connaît enfin la renommée. Leur étude a enfin pris corps sous la forme d'un livre qui se vend étonnamment bien, malgré les freins liés à l'éducation et à la religion. Ils se sentent à l'origine d'une véritable révolution sexuelle qui impactera autant la vie de leurs concitoyens que la leur propre, Bill Masters ne parvenant pas à se passer de sa relation avec Virginia et délaissant de plus en plus sa famille, dans laquelle sa femme Libby éprouve de plus en plus de frustration, malgré ses enfants. Virginia, elle, se sent pousser des ailes mais l'arrivée d'un investisseur séduisant lui fera changer d'optique...