La larme à l'œil, oui, c'est la larme à l'œil que j'écris ce post, à cette saison depuis le début des années 2000, j'arrivais à la Havane, passait une semaine avec mes amis locaux ou expatriés à faire la fête, danser, marcher dans la havane la nuit, à l'aube, bref vivre à la cubaine comme on l'imagine, dans des endroits secrets, aller bouffer du poisson chez Santy à Jamainitas, où il fallait réserver par téléphone et se faufiler discrètement à la nuit tombée pour aller diner sur son quai devant son bateau, ouvert uniquement le soir, il ne servait la nuit que les poissons qu'il avait pêché le jour. , et puis appeler Flaco mon ami depuis toujours, taxi, et monter dans sa chignole et lui dire " a la Torre " et chalouper sur le toit de cette ancienne usine jusqu'à ce que l'aube vienne piquer les yeux, et partir, en titubant, au son des criquets de la nuit alors que le Havane se réveillait et que les bus sans amortisseurs filaient dans un nuage de fumé noir d'un pétrole vénézuélien mal raffiné. Il était temps de retrouver cette petite maison que nous louions après la Marina, face à la mer, un dernier bain et je filais m'écrouler dans mon lit où dans ma tête les rythmes de la nuit résonnaient encore, mélangé aux rêves de pêche de la semaine qui allait commencer sur les flats !
Santy est sur trip advisor, La Torre aussi, ma maison secrète est sur Airbnb, Flaco c'est acheté une bagnole américaine, les camps de pêche ont doublés leurs prix, La Havane se maquille en attendant les touristes américains qui déjà débarquent des immeubles de croisières qu'ils appellent bateaux. Il me reste ce putaingue de son cubain qui lui, ne changera jamais ! Merci à Gilles Peterson pour ce bijou, N°1 d'une série de 3 mix cubains, celui-ci me fait pleurer de bonheur et de tristesse d'un paradis perdu.
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