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Lotte Reiniger, la magicienne de l’animation

Par Laurent Sauzet @laurent_sauzet
Il y a 117 ans naissait Lotte Reiniger. Dans les années 20, cette réalisatrice allemande est devenue une légende des films d'animation de silhouettes.

La magnifique Berlin n'a pas connu que des dictateurs, elle a aussi vue naître Lotte Reiniger. On sais peu de choses sur son enfance, mais dès 1919 elle se lance dans la réalisation de films avec Das Ornament des verliebten Herzens. Pas la peine de me demander ce que cela veux dire, je n'en ai aucune idée, par contre ce que je peux dire c'est que cette oeuvre est son premier film d'animation, premier d'une longue série qui fera que, aujourd'hui, si Walt Disney est considéré comme le père de l'Animation cinématographique, Lotte Reiniger en est incontestablement la mère.

Lotte Reiniger et Ahmed

En 1926, elle réalise Les aventures du prince Ahmed. En créant la technique de l'animation de silhouettes, Lotte révolutionne le Cinéma. Chef d'oeuvre incontestable, il est entièrement réalisé à base de silhouettes de papier découpées, qui donnent vie à des princesses en danger, des sorcières, des magiciens... Le film dure 65 minutes, ce qui représente 300000 images (à raison de 24 images par secondes) et nécessita trois années de travail acharné. Elle fût aidée par Carl Koch (prise de vue), Berthold Bertosch (sfx) et Walter Ruttmann (animateur), ce qui est peu quand on pense qu'aujourd'hui il faut presque 4 ans aux centaines d'animateurs de Pixar pour sortir un film. Comme quoi ce métier est un vrai sacerdoce.

L'ascension et la consécration

Lotte créait ses silhouettes en s'inspirant des acteurs et actrices de la troupe de Max Reinhardt, qui lui permit de commencer à réaliser ses premiers films et à rencontrer Carl Koch, qui deviendra par la suite son mari. Ses premiers courts-métrages d'animation lui permettront d'être remarquée par un magnat de la finance, Louis Haggen, qui lui offrira les conditions idéales et qui la poussera à passer au long-métrage, ce qu'elle a toujours pensée impossible. Après avoir vu Les aventures du prince Ahmed, le grand Louis Jouvet le fait projeter au Théâtre des Champs-Elysées à Paris (pas encore inondé à cette époque), et la ville-lumière agît comme une caisse de résonance culturelle mondiale. En quelques mois la renommée de Lotte Reiniger dépassa les frontières de l'Europe. Ensuite, elle sortit un nouveau long-métrage intitulé Les aventures du Docteur Dolittle mais il sortît au moment où le parlant éclipsa le muet, et il ne connut qu'un très faible succès. Alors Lotte laissa passer la Seconde Guerre Mondiale et revint aux courts-métrages fantastiques. Cette période ne fût pas simple pour elle et son mari car ils étaient de gauche, et le parti Nazi, émergeant dans l'entre-deux-guerres, ne voyait pas d'un bon oeil leur succès. En 1936 ils partirent se réfugier à Londres et profitèrent de cette escapade pour fonder la société de production Fantasia Production Ltd. Et là les fans de Disney doivent se dire " Fantasia ? Mais je connais ce nom ! ". Eh bien oui ce n'est pas une coïncidence. Car à la même période, Walt Disney (qui se tenait toujours au courant des courants artistiques européens) créait ses mythiques Silly Symphonies, qui servaient de laboratoire de test pour ses longs métrages. Au cours d'un voyage en Europe, il découvrit Les aventures du prince Ahmed et fût convaincu qu'il avait fait le bon choix en dédiant sa vie à l'animation, et surtout il en profita pour aller à Paris et se rendit compte pour la première fois que ses courts-métrages d'animation étaient diffusés dans un cinéma parisien et avait du succès ! Dès son retour aux Etats-Unis il hypothéqua tout ce qu'il avait pour créer Blanche-Neige, qui fût un chef d'oeuvre instantané, et pour rendre hommage à la révélation qu'a provoqué en lui la vision du film de Lotte, il créa quelques années plus tard un autre chef d'oeuvre qu'il appela Fantasia.

D'un point de vue direct, je dirais que le seul héritier direct de l'animation de silhouettes de Lotte Reiniger est Michel Ocelot, notamment avec les Kirikou. De façon indirect, beaucoup de films d'animation lui rende hommage. La séquence de la purge des premiers nés d'Egypte dans Le Prince d'Egypte, des films comme Kuzco, Hercules... Et j'ai aussi en tête le générique de fin de Ratatouille.

Lotte Reiniger, la magicienne de l’animation

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