par Anthrax
Il ne faut pas se mentir, l'éolien ne connaît pas chez nous le développement que l'on était en droit d'espérer de la part d'un pays dont la ressource est l'une des premières en Europe. Ce raté a pour conséquence de priver la France d'une ressource économique de taille dont nos voisins savent profiter. En revanche, sans faire de bruit (ni de vague), l'hydrolien tricolore prend des couleurs et se révèle une filière industrielle pleine d'avenir.Pour schématiser, une hydrolienne c'est une éolienne immergée. Au lieu de profiter du vent pour faire tourner sa turbine c'est le courant des fleuves ou des marées qui s'en charge. Avantages : c'est invisible et ça ne fait pas de bruit. Du moins en surface. Inconvénients : les courants crées par la turbine ont un impact sur les fonds marins dans l'axe de la turbine. L'installation est très onéreuse, l'entretien également. Malgré ce bilan pas franchement encourageant, la France et EDF en tête (sonnez trompettes, roulez tambours) s'est engagée fortement dans cette voie. D'abord pour des raisons politiques : faut faire vert mon bon monsieur, en attendant que les centrales nucléaires hors de course nous pètent à la gueule. Il faut également imaginer de nouvelles filières économiques puisque, comme je l'écrivais dans le titre, l'éolien c'est rappé, le tout nucléaire condamné à moyen terme, le solaire déjà pris, la biomasse pas très rentable. On s'est alors penché sur les possibilités géophysique de nos côtes et des courants de marée et on s'est aperçu que dans ce domaine, on ne craignait pas grand monde : notre potentiel de production hydrolienne est estimé à 2,5 GW (12,5 GW pour toute l'Europe), faisant de l’Hexagone le second pays le mieux pourvu derrière le Royaume-Uni (toujours les Brit devant, c'est comme en rugby). Aussi, le gouvernement a lancé des appels à projets dont on voit les premiers effets.Plusieurs turbines sont en place depuis 2015 à Paimpol-Bréhat (EDF, DCNS) et dans le passage du Fromveur (Molène). Ce sont des petites unités précurseurs de projets beaucoup plus ambitieux comme celui de la pointe du Cotentin dont l'appel à projet a été remporté par Nepthyd et Normandie Hydro. Mais cette fois, les poids-lourds industriels français, conscients d'avoir bien raté la marche éolienne, se sont engagés à fond dans la filière. De plus, tout ce qui a trait aux turbines sous-marines est depuis longtemps une spécialité bien d'chez nous. EDF à la commande, avec ENGIE, ALSTOM, DCNS en appui, et c'est parti ! Le projet Nepthyd (5,6MW), coordonné par ENGIE, prévoit d’immerger quatre hydroliennes construites par ALSTOM. Le début des travaux est fixé à 2017, pour un coût total de 101 millions d’euros. Normandie Hydro (14MW), mené par EDF et DCNS, prévoit quant à lui l’installation de sept turbines d’ici à 2018 pour un investissement de 112 millions.
Hydrolien fluvial : le graal des ENR !A côté de ces géants émergent des PME et des start-up détentrices d'un savoir-faire acquis dans l'hydrolien fluvial (Hydroquest à Grenoble, EcoCinetic à La Rochelle, Bertin Technologies à Montigny le Bretonneux). En France et à l'étranger, elles conçoivent et vendent des hydroliennes fluviales que l'on considère comme le meilleur système de production d'énergie verte : Le rendement régulier et prédictible lié au courant continu des rivières ou des fleuves offre la possibilité d’évaluer avec précision un potentiel de production significatif à l’échelle nationale, elles sont peu couteuses à installer, invisibles, peu d'impact environnemental. Leur production énergétique est certes limitée, mais pour un investissement faible et amortissable sur une décennie. C'est un marché de niche, mais une pièce de puzzle à ajouter au mix énergétique.Il ne faut pas non plus perdre de vue le côté emploi. Pour son projet normand, DCNS parle de 1000 emplois crées à Cherbourg en 2018. Si le soutien public se concrétise, jusqu'à 20 GW pourraient être installés d'ici 2030 le long des côtes françaises représentant un peu plus de 80 000 emplois directs et indirects selon le Groupement des Industries de Construction et d’Activités Navales (GICAN).
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