Compte tenu du désistement de certaines collectivités locales et du coût élevé de sa réhabilitation, la passerelle Eiffel pourrait bien connaître ses dernières heures sur la Garonne
Comme prévu, la passerelle Eiffel a du se défaire ce week end de ses extrémités pour permettre d’achever la construction de la seconde moitié du nouveau pont ferroviaire (passage de 2 voies à 4 voies). Mais il se pourrait bien que sa destruction ne s’arrête pas là. Alors que les collectivités locales avaient réussi à obtenir un sursis de deux mois auprès de RFF, jusqu’au 1er juillet plus exactement, de manière à pouvoir se prononcer sur le devenir de l’ouvrage d’art, il semblerait que les tentatives de sauvetage soient d’ores et déjà compromises. «Je me bats depuis des mois pour que l’irréversible ne soit pas commis sans que chacun ait pris ses responsabilités. Mais aujourd’hui, les choses se présentent de façon extrêmement difficile. Le conseil général ne souhaite pas s’engager pour la sauvegarde de cet ouvrage, le conseil régional n’a pas donné de réponse et la Cub serait prête à faire un geste à hauteur de 1 à 2 M€ », souligne Alain Juppé. Le problème c’est que c’est encore loin du compte. En effet, si le groupe de travail technique chargé de plancher depuis deux mois sur les différents projets et le coût d’une éventuelle réhabilitation n’a pas encore rendu son rapport, il semble que l’addition soit salée. «Je n’aurai le rapport entre les mains que la semaine prochaine mais au vu des premiers résultats, le coût de la réhabilitation serait plus près de 20 M€ que de 15. L’essentiel de la dépense pèsera donc sur la ville de Bordeaux», précise le maire. «Est-ce que c’est la peine d’investir 500 € par ménage bordelais pour ce projet. Je me pose la question», poursuit Alain Juppé qui ajoute qu’il attend de connaître le coût total et la participation de chacun avant de prendre une décision. De son côté l’association «Sauvons la passerelle» continue de militer pour sa sauvegarde. «La destruction de cet ouvrage serait un véritable gâchis. On a toujours imaginé transformer ce lieu et le rendre accessible au grand public pour une promenade, pour rejoindre le futur parc de la rive droite ou pour faire une manifestation culturelle». Une position partagée par les élus d’opposition bordelais qui estiment qu’il faut encore en débattre en conseil municipal, une fois tous les éléments en main, avant de trancher. «Dans une ville qui manque de franchissement, il serait dommage d’en détruire un qui existe. Il serait important pour Bordeaux d’avoir un franchissement pour les modes de déplacement doux», assure Pierre Hurmic (Vert). «Par ailleurs, cet ouvrage fait partie du périmètre classé au patrimoine mondial de l’Unesco et la réhabilitation de la passerelle correspond à l’un des 42 projets du dossier de candidature de Bordeaux au titre de capitale européenne de la culture». Autant d’arguments qui militent en faveur de la sauvegarde de la passerelle mais qui ne suffiront peut être pas.
Stella Dubourg