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A supposer la prose comme activité des Lumières (qui ont, ça se dit çà et là, du plomb dans l’aile, mais si ce n’était pas le cas, ce serait sans doute plus inquiétant encore), je ne m’empêcherai jamais de lire les livres de Roubaud comme un témoignage particulièrement musclé du territoire qu’elles tentent d’éclairer, comme une histoire vécue de la lucidité, de l’élucidation des mystères, dont certains doivent rester intacts, de l’enthousiasme intellectuel, évidemment, mais aussi de la modestie puisque l’ampleur du projet en interdit l’accomplissement solitaire et même collectif (qui s’y collerait avec lui sans renoncer à tout ego ?) ‘le grand incendie de Londres’ pouvant se targuer d’être un tout premier exemple de la prose comme art de mémoire désintéressée et désintéressé (ce que ne sauraient revendiquer le cardinal de Retz et ni Jean-Jacques et ni François-René qui en dépit de leurs merveilles se font un piédestal), Montaigne d’accord.
Jacques Jouet, Ruminations du potentiel, Éditions Nous, 2016, p42.
voir aussi deux autres extraits de ce livre dans l’anthologie permanente.