Un film de Mélanie Laurent (2014 - France) avec Joséphine Japy, Lou de Laâge, Isabelle Carré
Prenant.
L'histoire : Charlie est une jeune fille douce et réservée, en Terminale, fragilisée par les disputes incessantes de ses parents, et par un asthme récurrent, prêt à se transformer en crise violente lorsqu'elle angoisse. Une nouvelle venue au lycée va bouleverser sa vie. Solaire, audacieuse, drôle, elle subjugue Charlie et elles deviennent inséparables.
Mon avis : Bon, alors c'est elle ou pas qui a réalisé ce film ? Je viens de lire un article sur la "mode des comédiens qui deviennent réalisateurs" et appris - avec une immense tristesse - que la plupart en fait ne prêtent que leur nom aux financiers et sont en réalité très très assistés par un co-réalisateur de l'ombre. Quoi ??? Encore un mythe qui s'effondre... Moi qui croyais simplement que ces gens étaient hyper talentueux et savaient tout faire. En outre, cet article, et c'est hyper dommage, lance du même coup un énorme discrédit sur tous les réalisateurs-comédiens. Comment savoir lequel est 100 % pro et lequel est 100 % fake ? C'est comme dans l'écriture, maintenant. Il y a des ghost-writers et puis l'auteur dans la lumière. Flûte de chez flûte... J'y croyais, moi.
Bref, je ne sais si je dois adresser mes félicitations à Mélanie ou à son double pour ce film ; en tous cas, je l'ai adoré. Je ne suis pourtant pas "tranche de vie" (mais je le deviens de plus en plus, vu qu'on n'a plus trop de choix entre bourrin d'action badaboum-badaboum ou comédie pipi-caca...). Mais j'ai trouvé la description de cette amitié toxique, de plus en plus sombre, extrêmement fine, juste et sensible. Pas de maladresse, aucun temps mort, tout est écrit à la perfection. On est envoûté par cette histoire, sujet brûlant d'actualité ; les amitiés empoisonnées, ça a toujours existé, mais de nos jours c'est amplifié avec les réseaux sociaux. J'ai bien aimé justement que l'histoire reste cependant "universelle" : Sarah sème son venin, mais le rôle des téléphones portables et des ordis est très minimisé : on peut faire mal sans ça ! La fin nous laisse sidérés... on n'ose imaginer la suite, c'est trop triste.
Les petites actrices sont absolument remarquables, Joséphine, sur le fil, délicate comme une fleur, loyale, un peu introvertie, un peu timide, et l'ensorcelante Lou, telle une magicienne, qui tisse sa toile et tire ses ficelles.
Respire est l’adaptation libre du roman éponyme d'Anne-Sophhie Brasme, paru en 2001. Mélanie explique qu'elle l'a lu à 17 ans, et avait été bouleversée par cette histoire. Elle racontait aussi, je me souviens, pendant la promo du film, qu'elle avait été elle-même victime d'un pervers narcissique, qui l'avait beaucoup abîmée.
Bon, allons voir le Mélanie Bashing. Chouette ! Tout le monde encense Mélanie, youpi ! Il y a bien quelques voix qui n'ont pas aimé et l'expriment, mais sans argument vraiment marquant : ils n'ont pas été touchés, et voilà tout. Ils ont le droit. 103.000 entrées en salles, cependant... franchement pas terrible. Les gens préfèrent donner des sous pour du badaboum-badaboum...