Sans attendre l'extinction du délai au cours duquel Hissène Habré peut faire appel de la décision du Tribunal spécial africain le condamnant à une peine d'emprisonnement à perpétuité, l'on est en droit d'affirmer aujourd'hui que le soleil de la justice a brillé le 30 mai 2016 à Dakar. Cette date est très importante dans l'histoire politico-judiciaire africaine. Elle scelle la chute d'un tyran dont le long règne aura été marqué par tant d'abominations, de viols et de crimes de lèse-humanité.
D'après une commission tchadienne, la seule répression de M. Habré aura fait 40. 000 morts. Un chiffre qui fait froid dans le dos, puisqu'il s'agit des êtres humains à qui on a ôté injustement le droit de vivre et d'exister.
Hissène Habré mérite donc la perpétuité, la sentence féroce et légitime qu'offre le droit. Certes, cette peine ne taira pas toutes les douleurs des parents des victimes, ne ressuscitera pas non plus les morts, mais elle permettra tout de même de réparer une injustice, une grande offense faite à la dignité humaine. C'est aussi un coup de boutoir lancé à l'impunité en terre d'Afrique, où nombreux sont les dirigeants qui s'accrochent au trône présidentiel en muselant les consciences, en brisant des vies. Celles dont ils sont censés servir.
Que cela soit clair : ce verdict rendu par les voix africaines n'est pas une survivance de la Françafrique (comme voudraient nous faire croire ici ou là certains grincheux), c'est d'abord, et surtout, le triomphe du droit contre l'ignominie d'un homme.
Guillaume Camara