Partager la publication "[Critique] THE DOOR"
Titre original : The Other Side Of The Door
Note:
Origines : Grande-Bretagne/Inde
Réalisateur : Johannes Roberts
Distribution : Sarah Wayne Callies, Jeremy Sisto, Suchitra Pillai-Malik, Sofia Rosinsky…
Genre : Horreur/Épouvante
Date de sortie : 1er juin 2016
Le Pitch :
Un couple américain doit faire face à la disparition tragique de leur fils, à la suite d’un terrible accident. La mère, inconsolable, entend alors parler d’un temple reculé, qui abriterait une porte séparant le monde des morts de celui des vivants. Une porte à travers laquelle elle pourrait parler quelques instants avec son garçon, afin de lui faire ses adieux. Une porte qu’il ne faut surtout pas ouvrir…
La Critique :
Johannes Roberts a beau avoir réalisé un petit paquet de films d’horreur, en France, il demeure inconnu au bataillon. Par contre, Alexandre Aja lui, est très populaire, pour avoir, entre autres faits de gloire, imposé sa vision des choses à Hollywood, avec son furieux remake de La Colline a des yeux (qui est supérieur à l’original de Wes Craven), quand d’autres de nos frenchies se sont fait broyer par le système. Voir son nom au générique d’un film, même si il ne le réalise pas, est donc un premier gage de confiance. Et tant pis si Aja s’est déjà associé à des longs-métrages pas forcément mémorables, voire plutôt anecdotiques, car il n’a jamais démenti, volontairement ou pas, un vrai et honnête désir de communiquer sa passion. Bon, malheureusement, dans le cas de The Door, le bilan n’est pas forcément folichon…
Avec son action localisée en Inde, The Door jouit d’emblée d’un certain exotisme plutôt sympathique. On retrouve au casting Sarah Wayne Callies, qu’on aime bien pour l’avoir vu soigner Michael Scofield dans Prison Break et pour son rôle dans The Walking Dead et Jeremy Sisto, qui nous avait un peu manqué, notamment après avoir brillé dans la série d’Alan Ball, Six Feet Under. Deux acteurs surtout vus dans le poste, en première ligne, face à un fantôme qui vient d’un temple indien, mais qui au fond, fonctionne de la même manière que ses collègues américains ou japonais. Une façon de dire que The Door a beau nous servir un plat en apparence épicé, son goût en rappelle plein d’autres. D’autres parfois meilleurs d’ailleurs, c’est important de le souligner. Le récit aurait pu se dérouler n’importe où ailleurs. Le temple aurait pu être une cave ou une forêt. Le fait que le script s’inspire effectivement d’une légende qui entoure un lieu bien réel, qui est prétendument hanté, ne bouleverse pas un ordre bien établi et n’empêche pas le projet de reposer principalement sur de bons gros clichés bien voyants.
Il suffit de voir les premières apparitions pour s’en convaincre. Elles, qui tombent d’ailleurs un peu trop fréquemment comme un cheveu sur la soupe, avec leur manière de bouger bien saccadée, dans le plus pur style de Ring, The Grudge et compagnie. Visuellement, The Door fait le job quand il convoque ses démons, mais parfois, rien ne justifie vraiment leur présence, si ce n’est pour remplir des cases, et pour offrir aux spectateurs en demande des frissons et des jump-scares.
Jamais Johannes Robert ne prend de risques, pas plus qu’il ne tente quoi que ce soit de nouveau. Tout ce que The Door nous propose, nous l’avons déjà vu. Y compris son titre, ce qui est quand même ironique, même si il s’agit du titre français et non du titre original.
En revanche, car le bilan n’est pas complètement négatif, c’est grâce à son émotion que le métrage sauve les meubles. Avec son sujet difficile, qui touche à quelque chose de très sensible, le réalisateur, par ailleurs co-scénariste, parvient à illustrer avec pudeur et justesse (pas toujours mais ne soyons pas trop sévère) la détresse de ses personnages. Toujours ironiquement, il échoue à instaurer la peur, la vraie, mais parvient à aborder avec un certain tact, des thématiques assez inattendues. Il prend soin de ses personnages et prend le temps, sans forcer le trait, de poser une dynamique.
Mais paradoxalement, vu qu’il s’agit avant d’un film d’épouvante, ses efforts sont brisés quand l’horreur se fait plus prégnante. L’ennui aussi, qu’il n’évite pas toujours, pour enfin terminer son récit en eau de boudin, comme un épisode passable de La Quatrième Dimension ou des Contes de la Crypte, faisant encore plus prendre conscience du caractère anecdotique de cette œuvre probablement animée de bonnes intentions mais trop laborieuse pour vraiment marquer les esprits.
@ Gilles Rolland