Pourquoi l'avenir du vin passe par le bio par Thierry Desseauve

Par Blanchemanche
#ThierryDesseauve  #vinbio

Publié le 30-05-2016
Par Marco Mosca

A l'occasion du WineLab qui se déroule ce lundi, l'expert français Thierry Desseauve revient sur l'importance que prend le bio dans la production et la vente de vin en France.


©AFP
Le vin bio a le vent en poupe en France. Selon l’Agence Bio, la France fait partie du top 3 des principaux producteurs, derrière l’Espagne et l’Italie. 11% des surfaces de vignes sont certifiées bio. Avec celles en conversion, le chiffre passe à 13,2%. Ce n’est pas encore une tendance de fond, mais la prise de conscience commence à prendre. "Le bio n’est pas dominant aujourd’hui, mais il existe, reconnaît l’expert Thierry Desseauve. Ce qui me frappe c’est que tout type de producteur se dit désormais 'il faut que je cultive en bio ou en biodynamie'".Un changement de mentalité que l'expert en vin, auteur d'un guide avec son compère Michel Bettane suit depuis plusieurs années déjà. Et qui a une place de choix au WineLab, le rendez-vous professionnel annuel qu'ils organisent au Carreau du Temple à Paris lundi 30 mai. "L’idée est de donner envie aux professionnels d’aller voir ailleurs pour que l’offre soit plus excitante en France". Et cela passe donc aussi par le vin bio.Alors faut-il y voir un phénomène de mode ou bien un nouveau mode de consommation pour bobo ou hipster, surtout lorsque l’on regarde le taux de notoriété auprès des Français (74,6%, selon une étude de Sudvinbio et Ipsos de septembre 2015). Plus d’un consommateur sur trois se tourne vers un tel breuvage en France (35,8%) et un consommateur sur deux est une femme.Selon Thierry Desseauve, ce n’est plus qu’un phénomène de mode. "Il y a une vraie prise de conscience. Je crois que si on a un raisonnement économique simple, on ne peut pas faire de grand produit sans la réalité du discours qui va avec. On ne peut plus dire aux consommateurs 'buvez notre vin cher' tout en le cultivant comme un champ de patates" ! Le premier principe, c’est le respect du raisin.

Une amélioration gustative et qualitative

C’est donc une mini révolution pour des vignerons qui ont vu dans le productivisme un énorme progrès. Certes, il y a eu des visionnaires comme Lalou Bize-Leroy, la cogérante du domaine de la Romanée-Conti pendant longtemps, qui a monté son domaine en biodynamie à la fin des années 80. "Comme toujours, il y a des gens en avance, reconnaît Thierry Desseauve. Mais au début des années 90, il n'y avait pas grand chose". Et puis une nouvelle génération de viticulteurs est arrivée, consciente que l'on ne peut plus polluer les sols impunément, soutenu par des cavistes et des bars à vin avant-gardistes.Alors bien sûr, c'est un choix économique dur, avec des rendements parfois exangues. "C'est tellement plus simple d'assurer une vendange propre avec des produits chimiques, de ne pas labourer, de ne pas avoir à désherber, d'avoir plus de volume, des raisins plus solides". Si prise de conscience il y a, elle ne concerne qu'une minorité. "Il y a encore des abus", reconnaît Thierry Desseauve. Et avec le vin bio, les consommateurs s'y retrouvent, car « c’est une amélioration qualitative et gustative gigantesque ». « C’est la dégustation qui a mis en valeur l’intérêt de la biodynamie et dynamisé le secteur. De grands vignerons ont observé des changements réels dans leurs vins [...] Les consommateurs ont pu découvrir et apprécier de nouvelles saveurs, de nouveaux vins de plus en plus recherchés et plébiscités [...] Chaque vigneron a adapté une biodynamie à ses cépages, ses terroirs et son climat », explique de son côté Michel Bettane. Du coup, ils sont de plus en plus présents sur les cartes des restaurants (1 sur 2 contre 37% en 2011). "Il y a une vraie révolution du monde bistrotier autour de ça et c'est tant mieux". Et ce n’est pas que parce que les consommateurs sont prêts à mettre plus cher dans une bouteille bio. Et ça c’est plutôt une bonne nouvelle.http://www.challenges.fr/vins/vins-bio-et-nature/20160527.CHA9790/thierry-desseauve-le-bio-c-est-l-avenir-du-vin.html