J'ai abordé ce livre en m’attendant à quelque chose de léger, peut-être niais, mais en tout cas sans prise de tête. Jamais je n’étais resté sur une impression aussi opposée que celle que l’on me promettait. D’abord, j’ai été agréablement surprise par la manière dont le personnage est construit. Becky est complètement déconnectée de la réalité, a un sens des priorités bien à elle, capable dune organisation à toute épreuve si ça lui permet de décrocher un pull en soldes, et se contredit facilement dune page à l’autre tant elle veut croire à des justifications et des résolutions proprement injustifiables. Bref, elle est très attachante, et les gags qui lui tombent dessus sont plutôt bien amené, sans lourdeur, et j’ai plutôt accroché au personnage. Et si je lai trouvée si réussie, c’est que je lai trouvé étonnamment réaliste. Le discours de Becky sur sa propre addiction ma paru extrêmement juste, j’ai cru me reconnaître dans les moments où moi aussi j’ai envie de dépenser, j’ai reconnu bon nombre de mes amis dans leurs crises de fièvre acheteuse. Sophie Kinsella met parfaitement en mots et en scène ce qui se passe dans la tête de quelqu’un qui fait chauffer la carte bleue, en commençant par le café et le muffin au bureau qui réconforte, le sandwich de midi, la sortie-détente au centre commercial en fin de journée, chacun trouve sa justification et l’engrenage dans lequel rentre Becky se trouve parfaitement décrypté et compréhensible. Elle en devient bipolaire, persuadée de faire quelque chose de formidable lorsqu’elle dépense, au trente-sixième dessous l’instant d’après.
Et c’est là peut-être que j’ai commencé à grincer. Parce que le roman ma paru trop réaliste. Parce que Becky est malheureuse de cette situation. Parce quelle se brouille avec beaucoup de gens. Parce quelle vit des situations toutes plus humiliantes. Parce quelle se voile la face et a peur d’ouvrir la boite au lettres ou de décrocher le téléphone de peur de devoir rendre des comptes. Parce quelle souffre. Ca devrait être drôle parce que c’est excessif, mais je sais que ça ne lest pas, que des situations comme celles-ci existent et que des gens plongent dans de profondes dépressions nerveuses qui ont les mêmes symptômes et les mêmes causes: un besoin irrépressible d’être reconnus et aimés, ne serait-ce que pour qu’on dise ah oui, la fille à l’écharpe bleue. Même la fuite chez ses parents ressemble trop à une espèce de burn-out. Alors ce roman ma laissé sur un profond malaise, je n’ai pas réussi à rire de ce personnage. Peut-être parce qu’il était justement trop bien réussi.
La note de Mélu:
Un roman réussi et moins superficiel qu’il n’y parait.
Titre original: Confessions of a shopaholic (traduit de langlais)
Un mot sur l’auteur: Sophie Kinsella (née en 1969) est une auteure britannique, auteure de la série à succès des aventures de Becky Bloomwood.