Anne Hidalgo vient de promettre non pas " LA " solution, mais " UNE " solution pour les migrants. Il aura fallu un an, quasi jour pour jour, après l'expulsion du " campement " de la Chapelle pour qu'unE politique ait le courage de mettre en œuvre un projet d'accueil de jour avec de l'information et un hébergement de nuit, en conformité avec les normes européennes et de l'ONU... Une demande qu'Entraides-Citoyennes avait formulée le 12 mai 2015 en demandant l'ouverture d'un lieu permettant aux migrants de recevoir dans des conditions sereines des distributions alimentaires, un soutien médical et une aide au choix éclairé de leur avenir...
Le contexte est aujourd'hui différent. Il ne s'agit plus de renvoyer l'État à ses prérogatives mais de le mettre au pied du mur. Souvenez-vous : le conseil d'arrondissement de la mairie du 10 e a adopté, le lundi 18 mai 2015, un vœu demandant à l'État l'évacuation du campement de migrants du boulevard de la Chapelle AVEC l'hébergement de tout ses habitants... Suivi par Eric Lejoindre, le maire du 18 e arrondissement... Or, ces élus savaient fort bien que l'État n'irait pas dans ce sens puisque, quelques jours plus tôt, Manuel Valls affirmait que " la France s'opposait à la politique des quotas de réfugiés proposée par la Commission européenne "...
Mais à l'époque, nous n'avons pas été suffisamment nombreux à relever le hiatus.
Bref... Anne Hidalgo a déclaré hier : " nous ne pouvons plus accepter la situation humanitaire et sanitaire des campements de fortune qui se développent dans Paris ", a insisté l'édile, alors même que près de 900 migrants s'abritent sous des bâches et des tentes dans le 18 e arrondissement depuis trois semaines...
Elle s'est rendu avec son adjointe à la solidarité Anne Versini visiter le camp de Grande Synthe construit sans l'aide de l'État et contre son avis en mars dernier... Mais voila, aujourd'hui, chacun sait que ce camp de l'espoir est désormais sous la gestion de l'État qui entend que son caractère provisoire soit respecté...
Alors, ce campement de Paris ? Y croire ou ne pas y croire ? Même si un campement n'est pas la panacée, loin s'en faut, et que les soutiens des migrants demandent à ce que soient ouvertes des structures en dur plus pérennes, ne faut-il y voir un premier pas courageux de la maire de Paris ?
Il n'est pas simple de s'opposer à son propre parti, dans une ville qui n'est pas gérée " que " par la municipalité... Peut-être pourrions nous alors tous encourager Mme Hidalgo à faire d'autre pas. Peut-être pourrions nous lui apporter notre soutien dans ce projet qui n'a pas fini de faire grincer des dents... Peut-être pourrions nous l'empêcher d'avoir envie de reculer face à toutes les pressions qui ne vont pas manquer de s'exercer...
Certes, nous pouvons lui reprocher la lenteur... Le manque de réactivité aussi... C'est long un an.
Mais nous même, avons nous été si réactifs l'an dernier face aux vœux des élus des 10e et 18 e arrondissement ?
Et dans cette histoire, je n'en finit pas de m'étonner d'une absence de réactivité beaucoup plus large des soutiens.
Oui, nous devons soutenir les migrants. Mais ne devrions nous pas soutenir tout ceux que l'État laisse sur le bitume ? Ne devrions nous pas étendre nos exigences à la prise en charge des roms pour lesquels le cycle des expulsions reprend chaque printemps jetant hommes, femmes et enfants de leurs campements au néant ? Ne devrions nous pas remuer ciel et terre pour que la prise en charge des sans-abris soit plus globale, humaine, décente et durable ?
Il nous appartient aujourd'hui de nous positionnerLe Monde - Par Maryline Baumarden vigies et de veiller à ce que chacun bénéficie de la solidarité nationale Grande-Synthe en modèle
Paris aura son camp humanitaire. La maire, Anne Hidalgo, l'a annoncé lors d'une conférence de presse, mardi 31 mai. " Nous ne pouvons plus accepter la situation humanitaire et sanitaire des campements de fortune qui se développent dans Paris ", a insisté l'édile, alors même que près de 900 migrants s'abritent sous des bâches et des tentes dans le 18 e arrondissement depuis trois semaines.
Insistant sur le fait que " l'Europe n'était pas à la hauteur de son histoire et que la France ne l'est pas non plus lorsqu'elle n'accueille pas dignement ", elle a ensuite annoncé disposer de plusieurs terrains sur lesquels pouvait être construit un camp humanitaire, dont un, pour l'heure, semble privilégié, dans le " nord de Paris ". " Mais s'il faut plusieurs sites, nous en ouvrirons plusieurs ", a-elle très vite complété, faisant montre d'une ferme volonté d'en finir avec ces familles installées sur des matelas dans la rue et ces groupes de citoyens se sentant obligés de prendre la relève d'un Etat négligent pour nourrir et aider des migrants en grande difficulté.
Vendredi, Dominique Versini, l'adjointe à la solidarité, et Eric Lejoindre, le maire du 18 e arrondissement, se sont rendus à Grande-Synthe (Nord), pour comprendre comment le maire du lieu, l'écologiste Damien Carême, avait travaillé et comment fonctionnait son campement. En mars, cette commune de la banlieue de Dunkerque avait, en dépit des entraves étatiques, réussi à ouvrir un camp pour accueillir les 1 500 migrants vivant là dans la boue, en attendant de rejoindre l'Angleterre. En définitive, cette construction à laquelle s'opposait l'Etat a été reprise lundi dans le cadre d'une convention tripartite.
Aujourd'hui, Anne Hidalgo espère, elle, en tant que maire de la capitale, " entraîner l'Etat " dans son projet. Pourtant, elle n'en fait pas un préalable et se donne " un mois ou un mois et demi " pour ouvrir le lieu.
20 à 60 arrivées par jour dans la capitaleCette annonce se situe dans la droite ligne du positionnement d'Anne Hidalgo sur le sujet. Le 9 juin 2015, la maire avait créé la surprise en annonçant vouloir ouvrir une maison des migrants où ils puissent se reposer et réfléchir à la suite de leur parcours. Rapidement, le gouvernement lui avait coupé l'herbe sous le pied en annonçant son plan sur les demandeurs d'asile. Un plan qui crée des places d'hébergement, certes, mais ne résout pas ce primo accueil.
Contrée dans son élan premier, la ville refuge essaye au fil des mois de convaincre la Place Beauvau de la nécessité d'héberger les migrants parisiens dès leur arrivée dans la capitale, sans qu'il leur faille attendre plusieurs mois dans la rue pour éviter d'en arriver à cette annonce solitaire. Au fil des dernières semaines, Paris a cru gagner la partie. Pourtant, le fait que l'Etat n'accélère pas le déblocage de places pour les demandeurs d'asile bloque toute la chaîne de l'hébergement et empêche de mettre à l'abri au fil des arrivées. Il ne restait donc à la Ville que la solution du campement.
Ce lieu, qui sera géré avec France Terre d'Asile, Emmaüs Solidarité et Aurore, trois associations que la Mairie connaît bien, offrira donc un accueil de jour avec de l'information et un hébergement de nuit. " De là les migrants seront orientés vers la structure la plus adaptée à leurs besoins ", ajoutait encore la maire.
Toutefois, pour éviter un engorgement du dispositif, dans une capitale où les arrivées oscillent entre 20 et 60 par jour en ce moment, des places doivent être débloquées en aval pour les demandeurs d'asile. C'est la raison pour laquelle Paris espère la collaboration de l'Etat. Sans un effort au niveau national, le système parisien d'hébergement ne peut fonctionner.
Si la maire de Paris porte politiquement ce sujet, M me Versini, cofondatrice du SAMU Social, œuvre dans l'ombre à penser les solutions qui fluidifieraient le dispositif. Cette ex-secrétaire d'Etat d'un gouvernement Raffarin estime aujourd'hui que la clé d'un accueil digne pour les nouveaux arrivants passerait par la régularisation des familles avec enfants qui " encombrent " depuis des années les hôtels d'urgence, ne pouvant prétendre sans papiers à une quelconque intégration. L'économie d'un accueil digne ne peut, à ses yeux, faire l'impasse sur ce point, puisqu'il faut bien trouver la solution pour accroître la fluidité au sein des lieux d'accueil. M me Versini part du principe que ces familles, hier déboutées de l'asile et dont les enfants ont grandi ici, ne quitteront plus la France.
Si, pour l'heure, M me Hidalgo veut croire que le gouvernement suivra, le ministère de l'intérieur lui ménage pour l'heure une réponse sibylline. " S'agissant de l'initiative de Mme Hidalgo, qui relève de la libre administration des collectivités locales, l'Etat n'a aucun commentaire à faire. Il se prononcera sur ce projet quand il aura pu prendre connaissance de ses objectifs, de son articulation avec le droit au séjour et avec les dispositifs nationaux
d'hébergement et d'asile ", précise-on Place Beauvau, avant de rappeler que " l'Etat est engagé depuis des mois dans la résorption des campements de migrants à Paris. Cette action résolue a permis la mise à l'abri plus de 8 500 personnes ces derniers mois afin de leur offrir un accueil digne et de les accompagner dans leur démarche vers l'asile. 16 000
places de CADA[centres d'accueil pour demandeurs d'asile] auront été créées sur le quinquennat, c'est un effort inédit. L'Etat prend ses responsabilités pour fluidifier un dispositif national cohérent. " En clair, le bras de fer n'est pas terminé.